orphelins de l'Éden

2.25.2008

bo-boum bo-boum

Puisque sa couverture est au lavage, Nougat le gros chat est sur moi à l'instant où je tape cette phrase d'introduction. Ses bouts de patte de velours sont posés sur le plateau de mon bureau et elle ronronne, heureuse d'être au chaud dans le creux de mon corps assis. Elle est restée seule à la maison pendant notre escapade dans le nord chez ma mère. M. a lancé quelques "Nougat!" d'amoureux épris en réalisant qu'elle n'était pas avec nous. Gros chat de compagnie qui remplit nos vies, fidèle et attachante.

Et le temps passe. Je le réalise en regardant les photos que j'accumule dans des boîtes. La semaine dernière, j'ai été saisie de mélancolie pour cette personne que je ne suis plus. Je me suis cherchée sur le papier photo, moi qui n'aime pas scruter mon image. J'ai regardé cette personne qui était moi et je me suis replacée là où elle était. Le temps passe et pourtant, chaque jour est son éternité.

Le temps respire. Il contient le mouvement ondulatoire liant incessamment l'expansion et la contraction, l'inspiration et l'expiration. En fait, toute énergie anime ainsi. Le règne vivant, les mers, le magma au creux de la Terre, l'origine du cosmos, tout est basé sur ce mouvement de va-et-vient. La force spirituelle est soumise à la même loi. Apprendre autant dans la détente du temps plus libre que dans l'inconfort du temps compressé.

La fin de l'an 2007 a été difficile pour moi. Mais aujourd'hui, je suis à présent dans une période de constat plutôt que dans une période de défensive comme je l'ai alors été. Mon énergie se déploie plutôt qu'elle ne se recroqueville, elle absorbe plutôt que de parer. Mon esprit n'est plus cette boule de fébrilité prête à éclater au moindre effleurement. Il est revenu à cet état d'observateur paisible appréciant les infimes changements comme autant de marques du cycle. Pourtant, pour rien au monde je ne me souhaite de ne plus vivre de moments aussi douloureux. Non que je sois une judéo-chrétienne friande d'autoflagellation ou d'épisodes punitifs, je sais que cette souffrance a fait jaillir toute la beauté de l'amour autour de moi. Particulièrement lors des derniers mois. Ma douleur, mon égarement, ma confusion, tous ces lieux hostiles dans lesquels je me suis égarée assoiffée m'ont amené à dépasser les limites de ma contrée aux ressources épuisées pour aller m'abreuver aux oasis de ceux et celles qui m'ont accueillie, plus, qui m'ont invitée.

Bien que la seule personne qui pouvait passer au travers la tempête était moi, l'ensemble m'a outillée pour que je reprenne la route, rassérénée. Pour tout l'amour que j'ai reçu, mille millions de mercis. Et puisque tout n'est que mouvement ondulatoire liant incessamment l'expansion et la contraction, souvenez-vous que l'amour est toujours l'amour, comme chaque chose est toujours la chose en elle-même, chaque état en lui-même. À la différence que l'amour allie toutes les clefs à l'existence constructive. Puisque l'éternité dans l'amour, ce n'est pas si long après tout. Profitez-en pour plonger dans lui, encore et encore, toujours et toujours. Même si parfois il nous amène à flirter avec le mal. Si vous ne laissez jamais tomber sa main, il ne laissera jamais tomber la vôtre non plus. Promis.