orphelins de l'Éden

5.09.2007

je crois

Si jamais vous appelez votre bureau d'Accès Montréal et qu'ils vous disent qu'à l'éco-centre, le papier à recycler n'est pas accepté et qu'il faut le passer peu à peu dans votre bac de recyclage, eh bien, sachez que vous pouvez apporter de grandes quantités de papiers à recycler à votre éco-centre. Là, un container vous attend, le ventre capable d'en prendre de la pulpe en devenir. C'est ce que nous venons de faire. Nous y allions pour y laisser des produits chimiques et toxiques trouvés dans les armoires d'enfance de M. Déménagement oblige, le ménage nous fait redécouvrir des objets entassés dans des recoins oubliés. C'est ainsi que sur la table, nous avons déposé une trousse d'apprenti chimiste et des bombes de peinture dont M. se servait au temps où ils graffitait ses murs de chambre et qu'il taguait des parois de St-Hubert.

Et puis hier soir, après des appels pour dénicher le meilleur taux d'assurance habitation, j'ai procédé à vider mes tiroirs de bureau. Avec cette tâche pour mission, nous étions dans un état proche de la transe, M., Nougat le gros chat et moi. Avec en toile de fond l'inquiétant Volta de Bjork, j'éventrais les enveloppes de comptes et de relevés accumulées tandis que M. déchiquetait les informations top secrètes et que Nougat chassait le papier qui planait jusqu'à un tas destiné au recyclage. Nous réduisons le fardeau avant de déplacer notre caravane.

À tous les jours de mai, j'ai pensé au moins une fois par jour à cet endroit qui sera bientôt le berceau de nos quotidiens. Ce weekend, nous sommes passés tout près de notre maison. M. a voulu me montrer les alentours. À bord de Jasmine la Fit, j'ai suivi des yeux le tracé de la piste cyclable et en esprit, j'ai pédalé avec de jeunes garçons plein de liberté dans les cheveux, le sourire, les yeux plissés et je me suis imaginée mes enfants comme eux; j'ai constaté que j'aurais accès au parc immense encore plus facilement que je ne le croyais, à trois ou quatre coins de rue seulement; j'ai vu des champs plein de brousailles à distance de marche dans lesquels je pourrais enfourcher les herbes folles pour aller m'y installer et tenter de dessiner cette nature pleine de teintes et de textures.

Aujourd'hui, c'est sur mon balcon arrière que je me suis projetée parce que j'ai pensé qu'il allait falloir installer une toile pour nous protéger de l'Astre. Revenue de mon heure de dîner passée dans un soleil plombant à lire, j'ai senti que ma joue gauche chauffait. Avec V. nous avons discuté du soleil qui darde des rayons qui cuisent la peau. Cette année, après ma marche du Jour de la Terre, des petites cloques d'eau se sont formées sur mon menton. Du jamais vu dans ma carrière de Terrienne qui ne se barbouille pas de crème solaire, mais qui profite de tous les soleils, celui de toutes les saisons. J'essaie de ne pas trop angoisser sur le sort que vivront nos enfants. Autruche? Non. Si la planète décide de nous éliminer, elle le fera bien en temps et lieu. Pour l'instant, je pense plutôt m'acheter un chapeau et bien sûr, je continuerai à croire que chaque geste responsable posé en vue de considérer la santé de la planète bleue en est un qui deviendra bientôt un réflexe conscient pour l'espèce humaine qui aura compris qu'elle est une part de l'ensemble et non l'ensemble.