orphelins de l'Éden

5.05.2007

réveil

Deux heures plus tard, je suis de retour devant l'écran. J'ai petit déjeuner sur mon balcon arrière dans un soleil ardent, tel que prévu. Pendant mon heure à me repaître de pain et de mots, deux V d'outardes passent dans le ciel direction est. Avec ma main en visière, je réussis à observer leur formation se faire et se défaire. J'aime beaucoup les V d'outardes et leurs cris portés dans le vent.

J'observe aussi l'Italien qui arrive dans la ruelle en poussant une barouette vide. J'en conclus qu'il arrive des jardins communautaires rue Christophe-Colomb, là où il a un morceau de terre qu'il cultive en compagnie de comparses piocheurs, en plus de son jardin aménagé à l'arrière de sa maison d'un étage coincée entre deux duplex. Une fillette fait rebondir un ballon de basket sur une porte de garage un peu plus loin dans la ruelle. Le bruit du choc caoutchouc contre métal résonne comme un métronome.

M. se lève plus tôt que je ne l'avais prévu. Il a du mal à dormir qu'il me dit. Il me parle de sa soirée d'hier. Il me raconte que notre charmant voisin P. est venu les rejoindre, lui et Fn. en grimpant de son balcon à celui de Fn. Tiens, tiens. Je repense à mon rêve dans lequel P. grimpait aussi sur les balcons.

M. me raconte qu'à la SAQ, Fn. qui sentait le fond de tonne, a rempli deux bouteilles plus qu'il ne le fallait. Un préposé lui a donné deux options: les vider ou boire l'excédent. Fn. a déclaré solennellement qu'il ne faut jamais gaspiller le sang du Christ, boutade qui a bien fait rigoler des ganstaz tout près d'eux.

M. s'installe à l'instant sur le balcon pour boire son café. Il a enfilé à son tour le chandail capuchon pantoufle. Le fond de l'air est frais. M. vient de sursauter parce que l'écureuil qui a élu domicile dans notre cabanon a bien failli s'élancer sur le balcon. Il a freiné son saut l'air de dire "qu'est-ce qu'il fout là lui?" Quand je vais porter mon recyclage, je le salue bien que je ne le voies pas. L'important, c'est de ne pas emporter ses bébés avec nous quand nous quitterons. En fait, je ne sais pas s'il a des bébés. Et l'autre jour, pendant que nous faisions une vaisselle, toujours à refaire, M. m'a demandé si j'avais déjà vu des bébés écureuils. Non, je ne crois pas. Des jeunes, sans doute, des bébés imberbes et fripés, jamais.

Je vous laisse sur le bruit de coups flanqués sur une plaque dans le jardin de l'Italien par un comparse piocheur. Ils travaillent à l'amélioration de l'infrastructure qui portera bientôt gourganes, tomates, laitues et oignons. J'ai jeté mon dévolu d'empaquetage sur mes nombreux pots Masson vides. Cette année, il y aura foison à canner. Vivement les récoltes de nos champs et jardins. Vivement le dégourdissement de la terre qui nous donnera toute sa vitalité.