orphelins de l'Éden

4.21.2007

baba cool

Pendant que M. est en boule avec Nougat le gros chat et que mon charmant voisin P. termine son plat de pâtes assis sur son balcon arrière et que Jl. bosse sur sa présentation de thèse qui arrive à grand pas et que ma mère a peut-être enfin déterré ses vêtements d'été serrés derrière des boîtes de souvenirs - "j'ai retrouvé ta photo de graduation, celle où tu es belle à couper le souffle" -, je m'asseois près de la fenêtre qui ouvre sur les bruits de la ruelle et du ciel, des intonations d'enfants qui s'amusent mêlées à des cris de mouette et des pépiements de moineau.

God Speed You! Black Emperor trame une atmosphère sonore étrange pendant que le jour décline tranquillement après avoir donné un zénith flamboyant.

Ce matin, dans le soleil plombant, j'ai installé notre petite table de teck sur notre balcon pendant que l'Italien avait enfilé ses mules de plastique pour travailloter dans son jardin et que les fillettes de la famille parfaite circulaient en trottinette. La famille parfaite habite à quatre cours de chez nous et depuis quatre ans maintenant, nous les observons souper ensemble à heure fixe, faire des activités les uns avec les autres, stimuler la marmaille qui papillone dans la ruelle. Ils sont quatre: papa, maman, et deux filles. Quand arrive le mois de juillet, ils stockent leur tente roulotte qu'ils remorquent à leur VUS Honda et disparaissent pour deux semaines. Ils sont parfaits parce qu'ils s'aiment et prennent le temps de s'aimer, c'est tout.

Hier soir, nous avons sorti les vélos pour filer jusque chez Sr. et Mx. Dans leur petit 4 et demi, le chauffage fonctionnait dans le tapis. C'est le concierge qui s'occupe de régler la température dans les logements de l'immeuble. Je crois qu'il s'est trompé de côté quand il a manipulé le thermostat, pensant l'éteindre, il a plutôt pousser le tout à fond la caisse. Nous sommes allés prendre une bière au parc Lafontaine. Un homme est venu ramasser les bouteilles qui n'étaient pas encore vides alors nous nous sommes entendus avec lui que nous les laisserions près des grosses pierres, couchées à l'abri des regards, dans un creux dissimulant. Sr. a commenté qu'il avait pris du poids. C'est vrai qu'habituellement, l'été, lorsqu'il se promène en bedaine, sa peau basanée se tend sur un corps souple et svelte. Nous ne connaissons pas son nom et pourtant, il est un personnage familier pour les familiers du parc.

Mx. avait branché son Ipod à des haut-parleurs minuscules qui crachaient toute sorte de musique qui nous ont fait voyager autour du monde et autour de nos souvenirs. Une chanson de Ménélik m'a renvoyé en plein Cégep lorsque j'habitais un appartement seule tandis qu'une autre de Bran Van 3000, m'a projetée deux ans plus tard, lorsque j'étais installée en colocation rue Mont-Royal. Temps qui file et qui s'effrite dans mes méandres mnémoniques. Nous avons apprécié des airs mahgrebins et africains, français et québécois. La poésie de Daniel Bélanger en pleine nuit dans un espace vert et ouvert, quel moment sacré.

En revenant de notre rencontre, juchés sur nos vélos, nous avons remonté la rue Brébeuf. Devant nous, le mince croissant de Lune était suspendu bas, entre deux tours situés au bout de la rue sur lesquelles des points rouges scintillent pour dessiner ces fantômes grandioses dans les airs. La nuit d'encre portait comme un pendentif ce satellite nimbé d'une lumière laiteuse.

Avant de partir visiter Sr. et Mx., nous avions pris une bière sur le balcon avant avec les voisins Fn. et Sm. Décompression du vendredi soir. Je leur ai donné une copie de mon manuscrit pour qu'ils me donnent leur avis. Nk., un collègue du onzième qui part pour la France dans une semaine et demie, a accepté d'emporter quatre copies qu'il postera là-bas. J'hésite encore pour déterminer à quelles maisons d'édition je l'enverrai. Advienne que pourra et quand on veut, on peut et quand on y tient vraiment, le rêve finit par se réaliser. Je suis un moteur de volonté qui modifie le cours de la vie.

4 Comments:

At 10:20 a.m., Anonymous Anonyme said...

Ca parle de quoi ton bouquin?

 
At 6:03 p.m., Blogger Ludivine said...

Comme le dirait Fn. mon voisin d'en-dessous, ça parle de Dieu, de sexe, d'orgueil, de voyage, de rêves. C'est un peu décousu, très introspectif. Peut-être le liras-tu un jour?

 
At 7:45 p.m., Anonymous Anonyme said...

Du 17e siècle, Juliette la fusée atterira demain soir au 21e siècle. Quelle sera sa réaction ? Le monde est-il pis, sans moral, ou juste "baba cool"!

Je parie qu'elle le trouvera ô combien "baba cool"!

En attente du soulagement, ton amie.
(T'ai-je dit que tes derniers messages étaient de véritables vaccins contre l'inquiétude qui voulait, pérenne, s'installer dans mon esprit. Merci chère amie de cette foi vitale et lumineuse...)

 
At 7:46 p.m., Anonymous Anonyme said...

oups... "atterrira"...
xxx

 

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