orphelins de l'Éden

4.19.2007

small is beautiful

Dans la vie, il a y des moments forts. Chaque respiration est bien sûr aussi exaltante que la précédente, mais disons que l'ivresse de cet air inhalé est un peu beaucoup relayé dans la cour des choses acquises. Cependant, parfois, la vie nous secoue. Elle nous dit en rigolant "regarde bien, tout ça se déroule devant tes yeux". J'aime quand elle me secoue. Ça m'en fait une complice et je deviens vraiment allumée, interpelée par l'ensemble, moi l'élément.

Petites choses, toutes petites, si petites que la plupart du temps, si on ne développe pas un malin plaisir à les voir passer, elles passent malgré nous, sous nos yeux bouchés aux petites choses merveilleuses qui nous relient à la grande source.

Je vous raconte mes choses anodines, oui?

Aujourd'hui, deux choses parmi tant d'autres.

Vers 9 h 15, un collègue entre dans la salle de travail où je bosse depuis quelques semaines maintenant du lundi au vendredi, de 7 h 30 à 15 h 30. Il nous apporte une carte de voeux de prompt rétablissement pour Lc., une patronne à nous. Elle s'est faite opérer pour je ne sais quoi, quelque chose de gênant peut-être puisqu'on ne sait pas de quoi au juste. Lorsque Vr. me tend la dite carte, un tournesol flamboyant me frappe en plein visage. Je souris. Hier soir, après le repas du soir, M. affirme qu'à partir de maintenant, il sait ce qu'il veut comme affiche dans son bureau de travail, pour toute sa vie. Il veut des images de tournesol. Eh oui. Monsieur est sous le charme de la représentation de Chagall qu'il a déniché dans un commerce de vente d'images le jour de l'achat de nos planchers de liège. Je lui dis que Van Gogh en a reproduit des beaux. Il ajoute que Monet aussi.

Dans la carte j'écris: Les pensées lumineuses font guérir le corps à la vitesse de la lumière, je ne crains rien pour toi.

Vers 10 h 15, pause café sans café, je me dirige vers les ascenceurs pour descendre rejoindre ma maman qui m'attend au sixième où elle travaille. Dn. mon collègue cuistot réno extrême me suit en boitant. En sortant, il tâte sa poche et constate avec soulagement que sa carte d'employé est dans sa poche de manteau. Sans notre carte, c'est la galère pour accéder à notre poste de travail et même, pour accéder à l'immeuble boulot. Il me dit qu'il a perdu sa carte une fois, mais que c'était au bureau alors ouf! Moi, je lui dis "pareil pour moi". Ouf!

Passe une deux heures et demie et maintenant il est 13 h et je reviens d'une marche d'une heure en compagnie de ma mère. Elle passe le tourniquet qui a reconnu son identité par sa carte balayée devant le détecteur. Je viens pour la suivre et voilà, ma carte n'est plus accrochée là je l'accroche toujours. Elle n'est plus là. Elle est sans doute tombée quelque part à quelque moment pendant cette heure à silloner les rues ensoleillées.

Je monte au onzième pour demander à Nc., ma patronne, si je peux rebrousser chemin pour essayer de la retrouver, ce qu'elle m'accorde. Et me revoilà partie en sens inverse. Pendant que je reviens sur nos pas, je revois les scènes qui se sont évanouies dans un passé encore frais. Je revois le Carlin que je flatte pendant que ma mère essaie de rassurer l'homme qui s'inquiète de l'énergie débordante dans cette petite bête de trois mois. Maman lui dit que les Carlins sont très bons avec les enfants. Je revois la petite fille juchée sur les épaules d'un grand homme qui est sans doute son père. Elle pointe avec émerveillement, à défaut de pouvoir dire à son papa avec des mots, un rougegorge qui sautille. Il attend, il comprend. Je revois l'arbre mangeur de clotûre que j'ai pointé à maman, deux employés de la ville qui passent d'un coin de rue à l'autre pour changer les signes d'arrêt-stop en écoutant du Rush à plein régime, les bols en céramique dans la petite galerie que nous avons visitée.

Je ne retrouve pas ma carte d'employée. Et comme dans une tour de Babel, la responsable qui peut la désactiver est remplacée par un employé substitut qui est lui même absent aujourd'hui, alors suppléé par un autre employé.

Quand je raconte à Dn. que j'ai perdu ma carte, il est abasourdi. C'est trop fort qu'il dit. En fait, il s'exclame: It's unbelivable man.

Well, I'm a believer.

2 Comments:

At 7:05 p.m., Anonymous Anonyme said...

Je t'embrasse, que le printemps soit avec toi!

Juliette du 17e siècle

 
At 9:59 a.m., Anonymous Anonyme said...

si tu auras utiliser le collier je t'ai envoye ....ta carte serait avec toi !!!


BF

 

Publier un commentaire

<< Home