orphelins de l'Éden

4.12.2007

pour une dernière fois

Cet après-midi, du onzième, je regardais les peaux de lièvre tombées des cieux congestionnés. Merveille de la nature. Et mon Dieu que ce sursis de température printanière en peine plus d'un. Combien de lamentations se sont élevées aujourd'hui de mon immeuble boulot? À lui seul, sûrement un bon millier. Putain que ça chialent les êtres humains qui veulent à tout prix socialiser et se serrer les coudes. Étrangement, pour se conforter dans ce que tout le monde sait déjà pourtant. Oui, il neige. Oh la, la, quel malheur, non? Moi, je sors mes mitaines et ma tuque et je rigole en entonnant à qui veut bien l'entendre ma litanie plate de positivisme, au grand dam de mes collègues. Quand on se plaint, on veut se rouler avec l'autre dans la gadoue de notre misère commune. Je préfère suivre la chute des flocons denses jusqu'à leur disparition dans le brun tassé en monticules allongés par les roues des voitures ralenties par cette précipitation majestueuse. Ça me chaud au coeur de savoir que l'hiver tardif tient à ses derniers instants, jaloux de la prochaine saison.

Et M. de déclarer qu'il ne se souvient pas d'un anniversaire enneigé. Demain, 13, vendredi 13, anniversaire de monsieur M. plus précisément, que j'aime et que j'adore. Eh bien, cher amoureux, neige il y aura. Beau cadeau de Dieu, non?

Et dimanche dernier, jour de Pâques, chez ma mère, plus au nord, le décor ressemblait plutôt à celui de Noël. Malgré tout, maman se leva avant le soleil pour aller demander à un bouleau de bien vouloir lui céder un peu de son écorce pour une lubie gentille, une tradition mise en branle il y a quelques années maintenant. C'est ainsi que, des heures plus tard, nous nous sommes relayés autour de son coffre dans le salon où reposait l'échantillon d'écorce et une paire de ciseaux. Il paraît que de glisser un bout de cette retaille enchantée quelque part dans son porte-monnaie nous assure de l'argent pour l'année. Jolie superstition. Et moi de gambader dans les couloirs du onzième hier matin pour distribuer les précieux morceaux. Nc., ma patronne à la crinière blonde, a tendu la main en connaisseuse, la seule complice, à part pour Ct. Dans l'après-midi, elle m'a interpelée pour me demander d'où je connaissais cette tradition que sa mère perpétuait aussi de son vivant, là-bas en Gaspésie. Je ne sais pas comment ma mère s'est attachée à ce rituel.

Et moi de raconter à Nc. que la veille, lorsque j'ai acheté mon tout nouveau porte-monnaie dans une boutique du Westmount Square, j'ai mentionné cette tradition de l'écorce de bouleau, birch bark I told them et la dame de me demander if it is a native thing et Nc. de rigoler et de dire que j'aurais dû retourner la voir affublée de plumes multicolores et moi de rajouter, oui, oui, en chantonnant et en balançant mon corps d'avant à l'arrière. Au onzième, on prend le temps de déconner parfois.

Et pendant que je vous écris, M. n'est toujours pas arrivé. Prévisible puisque la neige continue de se jeter sur notre coin de la planète et donc, d'engorger la circulation comme disent les spécialistes. India Arie bat le rythme de mes touches et je pense à B. qui est à l'autre bout de la Terre, à quand nous écoutions cet album installées dans son Echo vert bouteille, d'une fois en particulier où nous chantions ensemble au coin Bélanger et St-Hubert. B., Bb. et les enfants respirent sous des cieux dégagés depuis quelques jours et le soleil réjouit ma soeur qui n'en pouvait plus de la grisaille causée par la pollution.

Au fond, la température éveille la plante en nous. C'est peut-être pour ça qu'on la guette tant.

1 Comments:

At 8:58 a.m., Anonymous Anonyme said...

Hey ma chere Lulu, ici a Hong Kong il n'y a pas de neige mais les cieux ne sont pas toujours degages. Beaucoup de pollution, Vive le Canada et l'aire pure !!

BF

 

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