orphelins de l'Éden

4.10.2007

désir impitoyable

Est-ce que la laideur a aussi droit au désir? Entrée en matière un peu directe s'il en est une mais que voulez-vous, c'est à cela que je pensais aujourd'hui, il y a à peine une heure lorsque en descendant du train j'aperçois un homme court qui gambade jusqu'à un muret près de l'escalier roulant pour faire signe à une femme au visage blafard et ravagé par l'obésité de l'attendre. Quelques pas plus loin, il la rejoint et l'embrasse rapidement sur les lèvres. J'avais imaginé qu'ils étaient collègues de travail peut-être. Mais voilà, ils sont amoureux. Les jambes de la femme sont moulées dans un legging qui laisse ses chevilles découvertes. Je vois sa peau rougie et marquée de plaques sèches. L'homme au crâne rasé porte des lunettes épaisses et se plante devant elle. Ils ne parlent pas. Et je passe mon chemin.

Ils s'aiment et je me réjouis de voir que ces deux êtres se soient trouvés. Mais pourquoi au fait? Pourquoi me réjouir pour eux plutôt que pour un autre couple jeune et joli par exemple ou grisonnant, mais resplendissant de santé? Pourquoi me réjouir pour ces êtres? Et puis, je pense qu'ils sont sans doute fidèles l'un à l'autre, immanquablement. Oui, mais pourquoi immanquablement? Pourquoi n'auraient-ils pas droit, eux aussi, au désir qui vient parfois tout chambouler un court instant ou des années, selon? Tout simplement parce qu'ils ne rentrent pas dans les critères socialement établis pour l'humain "beau".

L'humain beau, pourtant, a de multiples visages. Et je reviens à cet homme et à cette femme . Ils ne sont pas beaux et pourtant, leur union retient mon attention et arrive même à me tirer une joie. Cette femme a-t-elle eu envie d'un homme un jour qui l'a rejetée? Même chose pour l'homme aussi sans doute. Sans doute, comme la plupart d'entre nous d'ailleurs. Et pourtant, je ne peux m'empêcher d'habiter cette peau gercée l'espace d'un moment. Et bizarrement, je sens que l'homme l'aime plus qu'elle ne l'aime lui. Chaque amour trouve son équilibre. Je lui souhaite de l'avoir choisi par amour et non par dépit.

Mais plusieurs choisissent par dépit, non? Peur d'être seul, peur de ne pas trouver meilleur partenaire, peur de se tromper, peur de l'inconnu. Peur du désir aussi. Fait qu'il n'apparaisse pas de peur de ne pas pouvoir y résister ou au contraire, de peur d'y succomber. Désir de mes deux qui titille l'être chaud, vivant, avide de l'autre. Et pourtant, je crois que le désir est moteur lorsqu'il n'est pas maître. Je suis maître. Je. La chimère fantasmagorique n'est que la chimère fantasmagorique, n'est-ce pas? Je prends le désir et je le plie de tout bord tout côté. Grâce à l'origamie, il devient une brise caressante qui effleure mon âme en chatouillant mon corps d'abord. Délice que je glisse dans ma poche, près de mes pierres philosophales.

Mais quand je désire un morceau de chocolat, je succombe à tout coup. Priorité oblige.

1 Comments:

At 8:19 p.m., Anonymous Anonyme said...

Tu viens de me faire penser que j'ai encore un morceau de chocolat aux épices dans le frigo... plus tard ;-)
Désir ? humm non pas pour le moment..

peut-être me répêtais-je ? Mais étant donné la manière que mon chum et moi nous nous sommes rencontrés, j'avais qu'une idée très brève (3 photos) de son apparence physique.. Et bon j'avoue, j'ai été un peu débousollée de me retrouver avec ce grand maigre quand on s'est rencontré la première fois... Je le voyais tellement plus musclé sur les photos !!! ahahahahah
Mais quoi qu'il en soit, ce que nous partageons est plus fort que nos apparences.

Probablement que ce couple vit la même chose ? Et s'il étaient sur réseau contact ? :P


M-H

 

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