orphelins de l'Éden

4.24.2007

modèle

J'ai une coupe de cheveux de gamine. Je ressemble soit à ma nièce Em. lorsqu'elle avait deux ans, soit à Jeanne d'Arc, l'illuminée. J'aime bien. Ça me donne des airs féminins. Après le boulot, j'ai fait une confession à Mc., mon coiffeur, pendant qu'il tranchait tout en traits ma chevelure. Je lui ai dit que j'avais de la difficulté à exprimer ma féminité par mon image, c'est tout. De fait, la coquetterie ne colle pas à moi. Ou plutôt, je choisis de ne pas être coquette. Je prends soin que les couleurs de mes fringues colorées s'agencent et je me sèche les cheveux en cinq minutes, debout dans la cuisine, à 5 h 45 du matin. Je ne porte pas de rouge à lèvres, ni de fard, ni d'eau de toilette. Cependant, je m'applique une crème de jour pour le visage à base de karité. Je suis la même du lever au coucher. C'est moins compliqué. J'ai décidé depuis très longtemps de vivre avec mes atouts tels qu'ils sont. Mais de temps en temps, je me fais couper les cheveux.

Sur le siège de coiffée, j'observais l'image qui m'observait. Quand on va chez le coiffeur, c'est un tête-à-tête avec soi-même. Sinon, je ne passe jamais autant de temps devant le miroir que lorsque je suis immobilisée sur la chaise de l'artiste qui tient les ciseaux. Ce visage, le mien, je le connais tellement. Le grain de peau, la courbe des sourcils, le pointu du nez, le contour des lèvres, la plage du front, la saillie des pomettes, les boutons du menton. Tout ça, c'est ma carte de visite. Premier coup d'oeil, dernière impression.

Bien sûr, l'image n'est pas tout, mais c'est beaucoup. Je me souviens que de retour de mon voyage en sol africain, toutes ces images ambulantes dans la ville m'ont donné la nausée. Chacun était si unique, si stylé, si selon ses goûts et ses possibilités, selon la mode, selon l'air du temps. Je trouvais ça presque vulgaire. Au Togo, pour les hommes et les femmes, le pagne coloré était taillé pour le habits du dimanche. Les autres jours, à tous les jours, un t-shirt, un pantalon, une jupe, c'était toujours les mêmes vêtements portés. La coquetterie, c'était pour célébrer le jour du Seigneur et se retrouver ensemble, beaux et belles pour ce jour de repos, ce jour de la création. Ici, tous les jours, tout le monde il est beau il est joli et maintenant, je n'ai plus cette sensation d'alors. Mais je continue d'observer.

Comme j'ai choisi le dépouillement, d'autres ont choisi l'artifice. Et tant mieux puisqu'il y a toutes ces boutiques qui existent et tous ces employés qui y bossent et tous ces fabricants de produits de toutes sortes et tous ces bourreaux de la mode qui s'ingénient à renouveler une matière qui a pourtant ses limites. Une grande partie de l'économie dépend de notre besoin de modeler notre image. Tant qu'il y aura des insatisfactions à remédier, il y aura des sous à récolter. De toute façon, la beauté est elle-même esclave, esclave du regard qu'on porte sur elle.

Tranquillement, je me prépare au jour où les gens ne verront plus qu'une frêle vieillarde à la chevelure blanche et clairsemée. Ce jour-là, je porterai du rouge sur les lèvres, pour moi, vraiment.

1 Comments:

At 10:24 p.m., Anonymous Anonyme said...

à l'inverse..
ou presque..
Je n'assume pas mes cheveux blancs, je les ai eu trop tôt et donc je les teint depuis très longtemps... Je n'ai pas 30 ans que déjà de grandes mèches blanches ressortent de ma tignasse noire...
Mais j'assume pleinement le fait de ne pas les assumer !
Mais je ne vais pas chez le coiffeur... La dernière fois que j,y suis allée c'était au mois d'août dernier. Pierrette a fait une bonne job mais depuis mes cheveux ont au moins 6 pouces de plus long..
''une vraie fille'' qu'il dit mon chum..
bah oui , pis. j'assume..

Et puis il sera toujours l'temps, à 90 ans, de les assumer mes cheveux blancs.. mais d'ici là..............

;-)

Bonne semaine

M-H

ps: à toutes les fois que tu parles du 11ième ou tu travaille, ça me fait penser à toutes ces tours à bureau du centre-ville, et je ne peux m'empêcher de penser qu'on a déjà du se croiser dans la rue, tellement le monde est petit quand il le veut bien.. l'école est en pleins centre-ville en plus... entre des dizaines de tours qui ont plus de 11 étages ;-)

 

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