orphelins de l'Éden

5.11.2007

chair commune

De chez Sm., je blogue. Je vous communique toute l'énergie communautaire qui émane de cette réunion née spontanément. Vers 17 h 15, M. et moi sommes sortis sur le balcon arrière pour admirer les plants en pots de P., notre charmant voisin. Et justement, il était là P., armé de sa scie, près à se fabriquer une jardinière. Alors, comme ça, il nous a demandé ce que nous faisions ce soir. Rien de spécial et toi? Et Fn. de se joindre à notre conversation de balcons. Et puis Sm d'apparaître. Ainsi, nous décidons de tous nous réunir dans une demi-heure tapante pour souper et boire un verre de rouge ensemble, convivialement chez Sm. M. et moi partons acheter quelques petits trucs pour renflouer le panier de victuailles qui me servira à préparer cinq et puis six bols de salade-repas puisque Dv. le nouveau pensionnaire-colocataire de P. et J. nos charmants voisins se joint à nous.

C'est de cette façon toute simple que je me retrouve à râper mes courgettes et à essorer ma laitue rouge frisée chez mes voisins du rez-de-chaussée. Nous débouchons nos bouteilles embouteillées il n'y a même pas une semaine de cela, une après l'autre, et je pense que dans un mois, nous n'aurons plus la joie de nous retrouver les uns avec les autres à partager nos conneries, nos boutades, nos expériences de gens qui vieillissent au gré des après-midi qui passent et se ressemblent.

D'ailleurs, après Fn. qui a 67 ans, je suis la plus vieille ici ce soir. Coup de vieux s'il en est un. X. le coloc Belge de Sm. me taquine sur mon âge, mais affirme tout de même que P. paraît plus vieux même s'il est plus jeune que moi d'un an. Je ne sens ni l'âge, ni le temps qui marque mon corps. Cette soirée est nouvelle, neuve comme un sou neuf, reluisante, impeccable. Je veux ne pas avoir de vie antérieure à ce soir, je veux être un poupon qui sent bon pour pouvoir être anonyme et me laisser transpercer par toute cette chaleur humaine qui m'entoure et m'enveloppe sans repères, sans jugement. Je veux absorber cette musique qu'ils créent tous ensemble, maintenant dans la cuisine parce que M. a descendu le jimbe et que P. est revenu d'à côté avec sa guitare. Je veux chanter et me laisser bercer par les balades brouillonnes qui émeuvent nos tripes parce qu'elles sont si rares ces mélodies entamées d'un rien.

Et s'il vous plaît Seigneur, faites que ces moments se répètent dans notre futur de riverain du sud, faites que cette chimie opère là-bas, cette cohésion causée par la proximité des lieux d'habitation, ce partage mutuel de moments grapillés ici et là qui finissent par former un référant réconfortant. Salut toi, être humain qui revient de ta journée que je connais parce que tu vis près de moi et que je me soucie de toi puisque ton humeur affecte la mienne. Aussi, voisin, je tiens à ces conversations anodines qui me situent, je tiens à ce quotidien qui nous soude. Je vous aime mes voisins, Fn., J., Sm., P., X. et Cm. Je nous trouve beaux à jaser de nos balcons, percher chacun chez soi, percher tous ensemble malgré tout. Notre volière est superbe et jamais, vous ne me quitterez, et toujours, vous serez avec moi.