orphelins de l'Éden

9.19.2006

voyage de nuit

Vendredi soir, nous sommes sortis. C'était l'anniversaire de D., ami de M., qui, au bout de trois ans, m'était encore inconnu. Ils ne se voient plus beaucoup depuis que M. a déménagé de l'autre côté des ponts. Avec D., j'ai parlé du grain de sable inanimé à ces yeux, brassé de l'intérieur par leur valse de neutrons et de protons aux miens. Énergie à la base de tout.

Plus tard, en sirotant mon verre d'eau - gentiment offert par le barman que je salue pour sa générosité parce qu'une bouteille de 500 ml m'aurait coûté le prix d'un 18 L en épicerie - j'ai discuté avec Jh., de la signification de son nom biblique et de la magie des coïncidences, de livres et de rêves. Elle me dit qu'elle croit pouvoir parlé aux gens qu'elle rencontre dans ses rêves, sur un autre plan. Justement, deux jours plus tôt, en faisant ma vaisselle - toujours à refaire - je pensais aux rêves et au fait que les invités de mes songes sont parfois des gens que je connais et d'autres fois, ce sont des étrangers. Peut-être que lorsque mon corps se détend, comme tous nos corps qui plongent dans l'inconscient et le subconscient, il se détache de son enveloppe. Peut-être que mon essence se balade et rencontre sur un autre plan l'essence d'autres, comme je croiserais des individus lorsque je me promène en plein jour, au grand soleil et que je les salue d'un regard franc et souriant.

Jh. vois-tu, les hasards n'existent que pour nous rappeler de temps en temps que le tissu de l'existence est tissé serré et qu'il est parfois bon de se le faire remettre sous le nez ce constat plus grand que nature afin qu'on se souvienne qu'au fond, tout va bien, que "jusqu'ici tout va bien" comme le dirait Hubert dans le film La Haine de Mathieu Kassovitz.

Revenons aux rêves. Après y avoir réfléchi un beau jour, je me suis dit que mourir, ce sera sans doute comme rêver. C'est à dire que nous vivrons "dans notre tête" des événements farfelus, agencés au gré d'éléments grapillés ici et là, au cours de notre vie. Et puis, à un moment, nous sombrerons. Comme la nuit, pendant en moyenne huit heures que nous disparaissons de notre propre champ de pensées pour ressurgir parfois dans un univers sans queue ni tête pour ensuite se réveiller et aller faire pipi.

Cette nuit, je suis allée te visiter cher beau-frère, habitant de Hong-Kong maintenant. Dans mon rêve, je voyageais avec S. Nous avions laissé nos bagages chez ma mère où habitait aussi B., ta femme qui te manque tant, dans les montagnes. Nous devions prendre le train pour nous rendre dans la ville côtière. Le train qui se transformait en bâteau et qui menait au cinéma. Peut-être que c'est ton appel au onzième ce weekend pendant que je travaillais qui m'a donné envie de m'envoler si loin pendant ma détente nocturne. Peut-être que c'est la série d'articles publiés dans le Journal de Montréal du samedi décrivant la cité où tout se trouve, dont toi, tes parents et Ga., qui parle avec un accent français après seulement quelques jours de classe dans son collège international.

La Terre est une petite boulette, un petit grain de sable.