orphelins de l'Éden

9.06.2006

improvisation sur un contretemps

Plan de la matinée: aller chercher des films à la Boîte Noire, rue St-Denis. Prendre l'autobus à 9 h 43 au coin des rues Jarry et St-Hubert. Avancer dans ma lecture de Gomme de Xanthane de Bertrand Laverdure pendant qu'un jeune homme pose des questions à un autre homme portant sur le chien qui est réfugié sur ses genoux. C'est un mâle qui s'appelle Émile, un Teckel au pelage moucheté, un chien saucisse. Super. Sortir au coin Mont-Royal. Grimper les escaliers menant au club répertoire. Faire le piquet pour cinq minutes. Ça ouvre à 10 h. Je doute maintenant. Je redescends. Pendant que je lis sur la porte vitrée tenue ouverte par un crochet métallique au bas que ça ouvre dans une heure, soit à 11 h, le mendiant-habitué aux cheveux longs, ondulés et gris, assis dans l'embrasure voisine, me dit qu'il avait tenté de m'avertir lorsqu'il m'a vue grimper, et que ça ouvre à 11 h, soit dans une heure. Oui, je sais maintenant. Merci beaucoup.

Dans ma bulle, vêtue d'un chandail trop léger pour ce vent frais matinal, je pense à ma gourmandise qui me mène chez Pinchot. Par Marianne, j'arriverai en toute quiétude à cet havre de bois et de pains. En chemin, je croise une jeune femme jolie comme une princesse du Kashmir. Encapuchonnée de fushia, elle avance sur le trottoir en chantant d'une voix cristalline et pleine de trémolos de pro. Peut-être se pratique-t-elle pour une audition à venir? Un peu plus loin, c'est au tour d'un homme qui saute à pieds joints sur une bouteille de plastique format 1.5 L qu'il vient de retirer d'un bac de recyclage pour l'écraser de retenir mon attention. Il s'immobilise au passage d'un poids lourd dans la rue. Je regarde l'homme à la bouteille qui observe l'homme dans le poids lourd qui me jette une oeillade. Passons.
J'aperçois des orchidées en pot et la tomate gigantesque peinte sur le mur de la Tomate. J'arrive à la porte moustiquaire de la boulangerie. Je commande un sandwich au végé-pâté maison avec moutarde au miel et plein de luzerne s'il vous plaît. Pendant mon attente, une femme me fait accomplir ma bonne action de la journée en demandant de l'aide pour ouvrir la porte afin qu'elle puisse hisser la poussette-tricycle transportant le joli blondinet sur lequel elle veille. D'autre chose? Oui, un muffin crème sûre, noix de grenoble et cassonade aussi. Merci.

Je trouve le titre du blog d'aujourd'hui en remontant Brébeuf. Je l'inscris sur une page lustrée du Nightlife cueilli à la Boîte. Je souffle sur l'encre pour qu'elle sèche. Un jet de salive se jette en tréma au-dessus de mon griboullis.

Je bifurque sur Mont-Royal. Le trottoir est encombré d'amoncellements de matières à recycler laissés là par les commerçants consciencieux. Pour passer le temps, je décide de me lancer à la recherche d'Emergency Ward de Nina Simone dans les bacs des vendeurs d'usagés. Après tout, je suis dans le coin idéal pour réussir une telle mission. Toutefois, je suis étonnée du peu de disques de cette chanteuse qui me tombe sous l'oeil. Il faut croire que les gens n'aiment pas s'en départir.
Par plaisir, je me plante devant la section "santé" à l'Échange. Je suis au lieu d'un ancien amour. Ici, j'ai déjà déniché quelques ouvrages stimulants: Végétarisme et non-violence, Les OGM et Les Aliments trafiqués. C'est ici aussi que j'ai mis la main sur un vieil exemplaire de Sans viande et sans regrets de Frances Moore Lappé, un classique dans le merveilleux monde du végétarisme.
Aujourd'hui, je repars avec une plaquette intitulée Lisez entre les lignes!, mieux lire et comprendre les étiquettes alimentaires. L'exemplaire, au coût de 5 $, est dans un état impeccable. Mint. Le chapitre 6 s'intitule Alimentation biologique et organismes génétiquement modifiés. Un bref survol me permet de juger que l'information est succincte, mais pertinente. Un nouvel outil à ma portée pour le prochain sceptique. Transmission des connaissances égale parfois à endiguement de l'ignorance.

Sur l'horloge de la bijouterie près du métro Mont-Royal, il est 11 h moins 5. Je grimpe à nouveau les escaliers du club répertoire. Cette fois, c'est la bonne.

1 Comments:

At 10:14 p.m., Anonymous Anonyme said...

La vie fait parfois de drôles de choses.. Maintenant j'en suis certaine.... Un jour de suis tombée sur ton blog.. par hasard. Je ne sais plus quand ni comment ça c'est fait.... Mais ce que je me rappelle c'est d'avoir été vraiment impressionnée par les descriptions de la ville, notre ville, ma ville, cette ville quoi.. et puis la vie. J'aimerais bien écrire comme tu le fais. Créer c'est aussi ça... écrire.. perso je n'y arrive pas...
Et puis au fil de mes lectures je réalise que le monde est encore plus petit que je ne le pensais.. Les marchés bios, le sandwich au végé paté de Monsieur pinchot... La rue Mont-Royal et la demie tonne de cochonneries qu'on peut y trouver le jour des poubelles... héhé
Je ne serais même pas étonnée qu'on se soit croisées sans le savoir, quand j'y pense, le monde est tellement petit chez nous...

Enfin tout ça pour dire que quand je lis ce message que tu as envoyé, jai l'impression de me voir en même temps dans Montréal, au volant de mon vélo orange, à moitié défait, tel un vrai de vrai écovélo....

Bonne fin de semaine, on annonce encore de la pluie....

 

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