orphelins de l'Éden

9.02.2006

vino, spiritus sanctus

Hier soir, vendredi soir, premier d'un long week-end, envol d'un cours congé. M. et moi avions déjà planifié mangé une pizza de chez Tibet ce soir. Joie. Il arrive et nous décidons de l'itinéraire de la soirée après pourparlers. Nous enfourchons nos bécanes chargés d'une bouteille de vin que nous boirons plus tard avec S., son amoureux Mx et l'ami de Mx, Y., de bouteilles d'eau parce que, avouons-le, ivrogne ou non, sur un vélo, il faut boire de l'eau, et finalement, de deux coupes en plastique rigide pour notre pique-nique dans le parc.

Parce que nous pique-niquons 25 minutes plus tard dans un lieu rappelant New-York. Les haut-parleurs d'un système de son en plein air crachent une musique de gansta tandis que des jeunes Noirs et Latinos envahissent de toute leur énergie athlétique et rebelle un terrain de basketball grillagée. Tout autour, il y a des spectateurs vêtus de t-shirts trop grands pour eux, avec une tête rasée ou un afro, assis ou debout près des tables de pique-nique servant d'estrades improvisées, des filles moulées d'un jeans-gant aux cheveux luisants et à la taille fine, des thugs vendant des sachets d'herbe ou de poudre au milieu du lieu et des enfants pialliant dans les sables qui amortissent leur chute des tuyaux métalliques sur lesquels ils s'exercent en meute. Nous sommes au Centro Cultural Dominicano.

Assis à une table au fond du parc, nous sirotons notre Big House Red, acheté en chemin vers notre destination, tout en dégustant notre pizza Marguerita avec épinards. Il y a tant à observer. Nous sommes en voyage. Ailleurs chez nous. Ici, la testotérone est oxygène. Nous vibrons au rythme de salsas "rhymées" .

Une bouteille de vin plus tard, nous confirmons notre venue à S. à partir d'une cabine téléphonique qui a dû servir plus d'une fois à transiger de la drogue. Casqués, nous filons sur la piste cycable direction sud. Bizarrement, l'alcool fait effet en mélangeant ivresse et acuité. Nous sommes des hors-la-loi.

À peine nos vélos compactés déposés dans le bureau de S. et Mx, Y. fait son entrée. Il débarque de Trois-Rivières où il étudie l'ébénisterie et où il aime une maman d'une fillette de quatre ans. S. et Mx popotent un plat qu'ils ramènent du Cambodge à base d'aubergines et de porc ou de tofu. J'aide S. à couper les gourdes violacées, les tomates et l'ail. M. est assis, un sourire accroché aux lèvres pendant que Y. et Mx discutent dans la pièce d'à côté, heureux de se retrouver après des mois éloignés.

Nous buvons encore, trois autres bouteilles de vin rouge à cinq. Mx nous concocte des White Russians sans Vodka que nous sirotons avec appréciation sur trame de Brassens. Un peu plus tard, les garçons écoutent l'anthologie des Beasties Boys dans la cuisine après avoir soupé et décrété qu'un peu plus de curry dans le plat n'aurait pas fait de tort à l'ensemble. Pendant ce temps. S. et moi discutons du Bien et du Mal comme moteur de la Vie sur fond de Nina Simone chantant sa version de Strange Fruits.

Mx suggère de migrer vers Cheval Blanc et nous voilà reparti dans la ville pour déguster une bière noire brassée maison bien équilibrée. M. frappe son mur là-bas. Ses yeux sont ouverts, mais tout son corps crie au sommeil. Le groupuscule décide de retourner à l'appartement de S. et Mx. Nous sautons dans un taxi, à cinq. Le chauffeur, avec lequel je discute, nous apprend qu'il est père de jumelles âgées de dix mois. Arrivés, M. et moi récupérons nos bécanes que nous déplions sur le trottoir baigné de la lumière des réverbères. Ils guideront notre retour sur une piste déserte ou presque. Mx, S. et Y. partent de leur côté, vers l'est, rejoindre d'autres amis, poursuivre une soirée bien entamée.

À la maison, l'horloge indique un 2 h pile. Présentement, 12 heures plus tard, M. dort encore, affaibli par l'excès d'hier soir. Bacchus ne l'a pas épargné. De mon côté, tout baigne. Une tournée au marché, des plantes empotées, une vaisselle de lavée, du linge de lessivé, une soupe au pois de préparé, c'est une bonne journée. Et ce fut une belle soirée.

1 Comments:

At 10:51 a.m., Anonymous Anonyme said...

En effet, ce plat cambodgien ne manquait pas de curry mais bel et bien de son ingrédient majeur, le tofu mariné..il faut croire que meme a trois pour cuisiner, c est le vin qui l'a remporté.S.

 

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