orphelins de l'Éden

9.25.2006

coup de barre

En plein entre les deux yeux. La fatigue. Parce que ce soir, après le boulot, il fallait que je réussisse à tout faire: cuisiner, lessiver, nettoyer, faire le marché, la vaisselle. En fin de semaine, la routine a été chamboulée. Nous sommes allés dans le bois. Il fallait donc récupérer le temps et chasser la poussière un lundi soir. Il est 8 h 12, je suis crevée.

Je tiens tout de même à bloguer pour décrire notre week-end dans la nature assainissante de l'Estrie. Avec M. et sa mère, C., nous sommes partis direction nuages gris, samedi en après-midi. La 10 et une route de terre plus tard, nous sommes arrivés Entre cîmes et racines, là où nous allions découvrir le bois blond de notre gîte écologique - voir liens. Après avoir récupérer notre trousse à l'accueil (rouleau de papier de toilette (sèche!), allumettes, linges à vaisselle, clé, chandelles) et avant d'investir notre lieu d'une nuitée, nous avons été accueillis par un cerf, un bichon aux oreilles duveteuses, au regard noir et mouillé, aux pattes graciles piaffant de nervosité. Comme dans un film. Une image parfaite. Au milieu des conifères et de l'eau en suspension dans l'air pluvieux.

Dans notre Ruisseau, nous avons laissé nos bagages gonflés de paranoïaques de la ville, convaincus que nous allions gelés loin de notre pollution étouffante. Je savais bien que les journées seraient douces, mais on dit qu'il vaut mieux prévenir que guérir. Nous avons parcouru le sentier des mélèzes comme dans un conte de fées aux personnages vaporeux et à la forêt gentille. Chaussés de nos bottes de pluie achetées pour l'occasion, M. est allé s'aventurer dans le courant du ruisseau clair, secoué de bonheur, et nous avons planté nos pas dans les trous boueux. Bruits de succion et rigolades à l'abri dans un bain de verdure humide et haute, réconfortante.

Au souper, nous avons débouché successivement deux bonnes bouteilles de rouge pendant que nous attendions que la soupe se transforme dans une marmite sur le four à bois jusqu'à bonne consistance. M. était le maître du feu. Fasciné devant les flammes passant du orange au bleu, il bourrait le ventre du dragon de papier journal froissé et de bûches bien sèches. D'ailleurs, à 1 h du matin, nous avons dû nous lever, à deux doigts de crever d'un coup de chaleur. Déshydratés par l'alcool et assaillis par la touffeur, nous sommes sortis, enveloppés de la nuit noire et fraîche, recouvrer nos esprits. Nous avons bu des verres d'eau potable fourni, crachée d'une pompe greffée à un 18 L. Remis au lit, une heure et demi environ plus tard, c'est une souris qui nous a tirés de notre sommeil. Je suis descendue armée d'une lampe de poche au faisceau réduit. C. se tenant derrière moi, nous avons trouvé la coupable du tapage, mais jamais nous n'avons déniché sa cachette. De retour au lit, prise deux.

Le lendemain, chocolat chaud et croissants pour le petit déjeuner suivis d'une sieste pour M. et d'une marche d'une bonne heure pour la mère de M. et moi. M. s'est couché dans le lit de princesse (de prince dans son cas), celui juché plus haut que notre couche et bénéficiant du clapotis du ruisseau par voie de vitrail ouvert dans la corniche. Aux anges, il s'est réveillé l'estomac vide et la faim comblée par un pâté aux patates et des fèves vertes.

Nous avons quitté pour rouler quelques heures dans un canton aux villages typiques flanqués d'églises en bois et d'hôtels de ville aux fioritures architecturales charmantes. Nous nous sommes arrêtés à Knowlton pour fêter le canard. Nous sommes repartis avec du végé-pâté bio délicieux préparé par une jeune femme de Compton et du chocolat de Raphael, là où j'ai trouvé des tablettes moulées représentant des pratiquants du kama sutra. Divin et coquin.
Finalement, nous avons longés vallons et prairies pour nous rendre au Domaine du Ridge, vignoble québécois où ils produisent des alcools de qualité. Je suis repartie avec le Saint-Martin, un de leurs apéros difficile à trouver à Montréal.

Une fois à St-Hubert, chez C., nous avons vidé Jasmine, fidèle machinerie spacieuse et compacte, et fait bouillir le blé d'Inde. La grande séduction, c'est à la portée de tous.