orphelins de l'Éden

12.10.2012

impesanteur

Pendant que fillette titube d'un bout à l'autre du paradis, garçon complète sa première session de cours à vie, des leçons de danse.  Depuis septembre qu'à tous les dimanches matins ou presque nous prenions le chemin vers Chambly direction le studio où il allait gigoter de façon ludique et structurée à la fois, voilà que nous avons décidé que dès début janvier, c'est plutôt dans l'eau qu'il ira se dégourdir le body.  Si je réussis à nous inscrire ce soir via le net, je me rendrai avec lui à la piscine afin de l'accompagner dans son apprivoisement aquatique parce que l'été dernier, les quelques baignades chez la soeur de M. nous ont fait comprendre que Bo. a une peur à surmonter.  Cette demi-heure à barboter me permettrait d'être avec lui dans l'eau.  Ce devrait suffire pour lui donner l'air d'aller comme on dit.  Surtout que depuis que je lui ai parlé de cette prochaine activité dominicale, il s'imagine plonger et faire des pirouettes dans les flots, rien de moins.  Enfin, dans "mon livre à moi", apprendre à nager, c'est une nécessité.

Je me souviens de mes premiers cours de natation.  Mes deux soeurs aînées étaient déjà de véritables poissons dans l'eau quand ma mère décida qu'il était temps que je me joigne à elles.  En fait, peut-être que j'avais déjà appris la base à la piscine municipale située dans notre village, mais c'est surtout de la piscine d'Hawkesbury dont je me rappelle, de ses couloirs qui m'ont vu apprendre les styles de nage, de peine et de misère.

Ce village aux allures de petite ville se situait à environ une courte vingtaine de minutes en voiture de notre maison.  C'est d'ailleurs là-bas que je suis née.  Je me souviens du chemin que nous empruntions, comme un long serpent, oscillant entre les terres arables où paissaient les vaches tachetées.

Je l'ai dit, mes soeurs nageaient beaucoup et très bien.  Nous faisions partie d'un club, ou plutôt, elles y brillaient, tandis que je ne sais pas trop pourquoi j'en étais.  Elles avaient participé à plusieurs compétitions quand j'ai dû faire de même pour la première fois.  Je ne sais pas pourquoi, mais quelqu'un avait décidé que j'allais exécuter le papillon, ce style où le corps doit onduler de la tête aux pieds, tout en jetant les bras en immenses cercles.  J'ignore comment j'ai réussi à compléter les deux longueurs, mais j'ai réussi, encore en vie. Je crois qu'il m'a fallu des jours pour récupérer toute l'énergie que j'avais laissé dans l'eau.

Plus tard, déménagée à Montréal, j'ai complété l'arc-en-ciel de la Croix-Rouge au Cepsum - les écussons du jaune au blanc -, le centre sportif de l'Université de Montréal.  Odeur de chlore imprégnée dans mon cerveau donc.

Ces dernières années, c'est surtout dans le lac chez ma maman que je plonge au moins une fois l'an.  Les mouvements et techniques reviennent par réflexe tellement ils ont été répétés à une certaine époque de ma vie.  À toutes les fois, l'eau me détend, profondément.  J'espère que garçon en viendra à cet état délicieux, à cette constatation viscérale qu'en bons mammifères que nous sommes, nous gardons un souvenir ancestral de la magie amniotique dans laquelle évolue les vertébrés.  Peut-être.  Du moins, pour sûr pendant neuf mois, un souvenir vital.