orphelins de l'Éden

11.28.2011

flying by, vers toi

La colère. L'une des étapes pour passer au travers un deuil. Depuis des semaines, les émotions se tenaient tranquilles, bien tassées derrière mon espoir de ne pas revivre la même déception brûlante qu'avec ma première grossesse. Time is my side, que je disais.

Hier soir, la tristesse me submergea. M. mon chêne me sauva de la noyade par un tendre enlacement. Mais aujourd'hui, la colère l'emporta sur mon chemin du retour de la clinique de chiropratique vers le paradis. Le regard embrouillé par des larmes que j'essuyais à coups de mitaine, j'avançais en pestant contre Dieu. Monologue de paumée se noyant cette fois dans son bouillon de l'âme. Glou-glou-glou.

Les pensées fusaient tandis que je les vocalisais pêle-mêle. Au travers elles, des conseils reçus au cours des derniers jours se glissaient pour ajouter au capharnaüm. Celui de ma grande amie Jl. qui me disait qu'elle sentait que je me fiais peut-être trop aux autres pour que mon bébé ne se tourne, qu'il me fallait davantage intérioriser la situation pour établir un contact avec ma fille, contact qui culminerait peut-être en happy end si je m'y attelais suffisamment. Trouve du temps pour toi, pour méditer - chose que mon ostéo m'avait également recommandée - pour parler à ton bébé. Je lui expliquai que je n'avais jamais été une très bonne "méditeuse" et que mon recueillement, je le faisais en marchant et en cuisinant. Pour ce qui est de parler à ma fille, de lui demander qu'elle ne tourne, je le fais bien sûr, plusieurs fois par jour. Cependant, je ne veux pas la tenir responsable, ne pas lui mettre cette pression d'accomplir quelque chose pour combler mon désir profond. Imaginez l'empreinte que ça pourrait laisser dans son âme à peine nichée. Ce que je lui demande, c'est que nous soyons complices dans cette épreuve - oui, je sais, il y a un million de choses pires qu'une présentation par le siège, mais c'est mon épreuve quand même -, pour notre joie à nous deux. Par ma fille, je pourrais être femme comme je ne l'aurais jamais été auparavant et comme je ne le serais sans doute plus jamais. Mais ne pas lui mettre cette pression. Me concentrer sur la joie et les bienfaits qu'elle en retirerait. L'expulsion extra-utérine est l'ultime rituel de passage, en plus de permettre une compression du corps du foetus qui s'avère bénéfique pour sa santé globale.

Dans mon monologue, il y a aussi eu tout un questionnement à propos de l'équilibre entre mon volontarisme et mon abandon dans le laisser-aller. Pourquoi me donner le pouvoir de changer les choses dans certaines situations et me le retirer dans d'autres. Jusqu'à quel point aller de l'avant dans mes démarches auprès des autres - acupuntrice, ostéopathe, chiro, médecin bientôt avec une version planifiée pour le 6 décembre prochain - sans tomber dans l'acharnement. À quel moment baisser les bras et me convaincre que tout arrive pour une raison, alors autant l'accepter sans vouloir modifier le parcours du destin. L'acceptation, dernière étape d'un deuil.

La colère pourtant parce que depuis plusieurs années, les épreuves que j'ai dû surmonter m'ont mené justement à ce même cul-de-sac. Trouver l'équilibre entre l'action et l'acceptation et que d'une fois à l'autre, il me semble que je me suis améliorée, que j'ai appris un truc ou deux. De fait, quand l'acupunctrice m'a suggéré d'essayer les traitements de chiro, je n'ai pas voulu sur le coup. Accepter que cette seule intervention au haut taux de succès suffirait. Mais quand les aiguilles n'ont pas réussi et qu'elle est revenu avec sa suggestion, j'ai pensé: pourquoi pas. Puis, cette chiro s'est avérée une belle rencontre alors je me suis dit: nous sommes sur la bonne voie. L'espoir de me rapprocher d'un dénouement heureux.

Les jours passent pourtant et s'amenuisent ainsi les probabilités d'une version spontanée. Cependant, sur mon chemin, il y encore des mots qui encouragent mon espoir de vivre un AVAC. Ma chiro qui me dit que je suis une femme de grande taille qui a un utérus spacieux, ce qui fait que ma fillette ne sent peut-être pas encore le besoin de se placer tête en bas. Tout à la fois, des mots pour me préparer à revivre une césarienne. Ma belle-mère qui me parle de ses deux expériences, ma voisine-amie Ct. qui en fait de même.

Quoi qu'il en soit, je te vois bientôt. Ma lumière au but du tunnel.

2 Comments:

At 9:49 p.m., Anonymous Joanna said...

ô Lu c'est tellement bouleversant tout ça, très intense et en plus avec les hormones dans le tapis, ta volonté capable de bouger des montagnes et pourtant cocotte ne bouge pas d'un poil, je me mets ds tes souliers et je serais moi aussi en train d'essuyer des larmes avec ma mitaine... ma chère amie, j'ai envie de te prendre dans mes bras, de te murmurer à l'oreille que tout va bien, que tout va bien, que tout va bien... ou mieux encore, ne rien dire du tout, juste l'écoute de cette peine, cette colère, cette acceptation, toutes ces émotions si fortes qui se bousculent en toi et ont besoin de trouver une plage où se jeter. Respire Lu, pleure, ça fait du bien!
je t'embrasse très très très fort et te sers ds mes bras,
affectueusement,
ta voisine de l'autre rive

 
At 10:53 p.m., Anonymous Anonyme said...

Oui, quoi qu'il en soit, ta lumière au bout du tunnel sera dans tes bras et très heureuse de l'être. Bon courage ma belle LU! Ce n'est pas la méthode d'accouchement qui compte le plus mais bien la somme de tous les moments précieux qui vous attendent ta fille et toi! Et ces moments, il y en aura autant qu'on dénombre d'étoiles dans le ciel.

 

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