orphelins de l'Éden

10.02.2010

t-o-i

Une véritable petite bouillotte. Brûlant, fiévreux même, mais souriant malgré la bataille en cours quelque part dans ton corps. Laisser cette température élevée griller tout envahisseur et attendre qu'elle ne retombe en t'allaitant à presque toutes les heures de la nuit. Déjà, ce matin ton coco était moins chaud sous mes lèvres.

Et puis, c'est le mois de ton anniversaire. Papa dit que cette année, nous savons exactement quand tu nous arriveras: le 25. Revivre cette attente dans l'inquiétude, me souvenir toutes ces prières formulées afin que tu te retournes et que nous puissions vivre un accouchement naturel. Plutôt, cette cicatrice encore rosée qui sera à tout jamais ta porte de sortie sur mon corps. Pour ton histoire personnelle.

Quand un jour, tu raconteras comment tu es venu au monde, comment Dr. C. t'a expulsé à 19 h 32 par cette incision si petite comparée à tes huit livres de petit homme, comment dès que je t'ai vu après les interminables minutes qu'ont pris l'inhalothérapeute et l'anesthésiste pour t'inspecter, libérer tes voies respiratoires du mucus, te nettoyer sommairement et enfiler une tuque sur ton coco j'ai trouvé que tu avais des airs de ton grand-papa-papa-de-ton-papa à cause des ailes de ton nez, comment c'est sur ton papa que tu as cherché le sein pour la première fois parce que j'étais séparée loin de toi après l'intervention chirurgicale et que c'est avec lui que tu as fait du peau-à-peau.

Avec le recul, je vois cette année si pleine de minutes égrainées en solitudes aux airs de duo cherchant à s'apprivoiser, moi tentant de comprendre ton rythme changeant aux quelques semaines, comprendre aussi mon nouveau rôle à jouer pour le restant de ma vie. Mère. Pour toi, un coeur sur deux pattes, toujours, si intensément à toutes les minutes de cette année saturée de ta vie dans ma vie afin que jamais je n'oublie ce pourquoi je te voulais tant près de moi.