orphelins de l'Éden

3.01.2010

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Parce que tout est encore neuf par rapport à ta présence dans notre vie, je dois à nouveau souligner un anniversaire te concernant. C'est aujourd'hui, il y a un an, que j'éclatais en sanglots à 4 h du matin lors de mon premier pipi (j'étais très enrhumée, donc j'avais le sommeil léger, mais surtout, j'étais excitée à l'idée de faire le test de grossesse) parce que nous apprenions que tu étais accroché à mon utérus. C'était un dimanche. Nous avons fait le tour des membres de nos familles à proximité pour l'annoncer en personne à ceux-là et téléphoner aux autres qui étaient trop loin. En fait, c'est ma soeur B. qui l'a la première appris. Comme préambule, je lui ai dit quelque chose comme: "Je sais que ton anniversaire n'est que demain, mais il fallait absolument que je t'appelle aujourd'hui pour te dire..." Enfin, nous pouvions verser dans la joie pure. Nos familles poussèrent un soupir de soulagement et ce jour-là marqua officiellement le début de ton aventure, même si officieusement, elle avait commencé quelques semaines auparavant, à notre insu.

Alors demain, c'est l'anniversaire de ma soeur B. Elle aura 35 ans. C'est à peine croyable d'écrire ce chiffre. Elle qui anime tellement de mes souvenirs depuis toute ma vie, parvenue à cet âge qui marque la moitié de la trentaine. Moi qui la suis de près, j'aurai l'âge du Christ cette année. À peine croyable d'avoir cette impression d'être pourtant renée depuis peu.

Il y a l'avant Bo. et l'après Bo. J'ai 32 ans de recherches, de vécu, de passages de l'enfance à ma vie de femme . J'ai quatre mois de balbutiements maternels. Mais je sais qu'à partir de toi, j'ai atteint un tout autre niveau. Comme si mon existence venait de s'amplifier, de se dilater. Je ne pensais jamais au futur autant auparavant. Maintenant, mon imaginaire se projette là où il tente de te voir grandir.

Non pas que je veuille brûler des étapes et sauter par-dessus notre précieux présent. Seulement, avant toi, je n'avais pas cet ancrage définitif qui m'aurait permis d'apprécier ma longévité d'humaine. Non pas que l'idée de vieillir me faisait craindre l'avenir. Disons seulement que je n'y pensais pas plutôt, trop habituée de vivre un jour à la fois, avec la prudence de ne rien prendre pour acquis, surtout M. à mes côtés. Avec mes expériences de vie, j'avais compris que la non permanence est un arrimage de l'esprit plus réaliste. Mais avec toi, je me sens aussi éternelle qu'une pierre de l'Himalaya.