orphelins de l'Éden

2.22.2010

vache couveuse

Ce matin, Bo. a poursuivi sa nuit jusqu'à 7 h 15. Il y avait presqu'une semaine que monsieur ne voulait plus se rendormir après son boire de 5 h. Une semaine aussi qu'il buvait aux deux heures le jour. Eh bien, ce matin, il s'est écoulé quatre heures avant qu'il ne revienne au sein.

Boire. Un de ses besoins fondamentaux pour l'instant et j'ai l'honneur, moi, femme et mère, d'être son garde-manger. Tant et tellement que j'ai dû annuler ma présence à un souper de fête samedi soir dernier. Mon amie S. célébrait ses trente ans dans un restaurant sur l'avenue Mont-Royal à 19 h, mais parce que je n'avais pas pompé de lait, que je ne peux donc me séparer de mon têtard adoré et qu'en plus, ça donnait à l'heure de notre coucher, il m'a fallu me désister.

Pas pompé de lait depuis la mastite que je me suis tapée mi-janvier. C'est que je voulais me "sevrer" de mes coupoules, ces boucliers récupérateurs que je portais dans mes soutiens-gorge pour protéger mes mamelons douloureux. Mes seins - alors habitués de produire du lait constamment à cause du flot incessant provoqué par le port des coupes - sont devenus terriblement engorgés quand je m'en suis départies, et cerise sur le sundae, mes crevasses ont empiré au point où Bo. s'est mis à régurgiter du sang. Tout ça dans l'espace de trois jours. La douleur est devenue si intolérable que j'ai décidé de donner des biberons de formule - bio! - à garçon, le temps que j'arrive à tirer mon lait. Cette nuit-là, M. donna les biberons à Bo. pendant que je m'installais pour extraire le liquide précieux, une once à la fois. Le lendemain, une rougeur mangeait mon sein droit. L'infection s'était installée dans mes canaux lactifères. Deux semaines sous antibiotiques, mais surtout, remettre Bo. au sein absolument pour vider mes seins plus efficacement. Depuis, je n'ai pas retouché à la pompe.

Alors, je ne peux me séparer de garçon trop longtemps. Surtout quand monsieur décide de pousser à la vitesse des bambous. Je te coupe les ongles presqu'à tous les jours et comme ta pédiatre l'a dit lors de notre dernière visite où il a été déterminé que tu dépassais la courbe de croissance, tes ongles qui poussent de manière si fulgurante sont le reflet de ce qui se passe dans tout ton corps.

Grand, je n'arrête pas de dire combien tu l'es. Encore hier soir, dans la nuit, quand j'ai dû changé ton pyjama parce que ta couche avait débordé, j'ai réalisé qu'il me faudrait à nouveau trier tes tiroirs pour retirer les vêtements qui ne te font déjà plus. Une semaine qu'ils auront été là. Une semaine à boire aux deux heures, à en provoquer une nouvelle crevasse sur mon sein droit. Femme et mère, animale aussi.