orphelins de l'Éden

4.21.2009

mardi matin - rien à l'agenda

L'oiseau aux yeux pâles est de retour. Il crie pour attirer mon attention. Manger, manger, je veux manger, qu'il croasse désagréablement. Ses imprécations agressives deviennent irritantes dans ce décor si paisible à cette exception. En plus, il fait du bullying en chassant tous les autres oiseaux qui osent choisir les branches du grand canarium australianum pour se poser. Il nous fait regretter notre geste généreux de la veille.

M. se prélasse encore à la mezzanine. Avec la brise fraîche du matin, le repos sous le filet est agréable. Peu de moustiques dont nous avons à éviter la morsure, mais tout de même, je me suis réveillée avec une bosse rouge et blanche au coude.

Notre visite à Cruz Bay n'a pas été assez convaincante pour nous faire regretter d'avoir choisi l'autre bout de l'île comme domicile pour la semaine. Notre dîner là-bas fût exécrable et la petite ville, eh bien, est une petite ville, bourrée de voitures et de construction qui crée des bouchons de circulation. Partout pareil. Mais surtout, nous y allions pour remplir notre frigo puant soit dit en passant et impossible à nettoyer ne serait-ce qu'un peu puisqu'il est fixé à même le module de bois et que les grillages de séparation à l'intérieur sont soudés là. L'odeur émane d'une couche d'eau croupissant au fond. Nous devrons vivre avec. Pour garde-manger, nous disposons d'un Tupperware.

J'avais opté pour le Starfish Market puisqu'il semblait le plus grand et le plus à même de proposer des denrées de qualité. Oh déception. Notre expérience à cette épicerie tourna vite à l'étonnement puis à l'incrédulité devant la très pauvre qualité nutritive des produits proposées sur les tablettes et dans les étalages, et les prix terriblement gonflés, mode de vie insulaire oblige. Nous avons tenté de tirer notre épingle du jeu le plus possible au nom de notre santé, mais je sais qu'il nous faudra retourner à un marché cette semaine. Cette fois-là, nous choisirons Lily's Gourmet Market situé à Coral Bay, un bled beaucoup plus près de notre hutte, et, j'en suis certaine, tout aussi ordinaire dans ce qu'il a à offrir comme aliments. Si je place la barre si basse côté bouffe, ça ne pourra qu'être une nette amélioration si jamais cette épicerie dément mes propos.

Pour 1 $ chacun à l'aller et puis au retour, nous avons parcouru la même trajet que ce qui nous en a coûté 40 $ le soir de notre arrivée en taxi. Bien sûr, à cette heure-là - 22 h 30, un dimanche de Pâques en plus - nous n'avions pas le choix. Mais ce que je trouve difficile à avaler, c'est la petite mise en scène pathétique du chauffeur au moment de payer. Les tarifs sur St-John sont préfixés alors je savais combien ça devait nous revenir environ. En plus, j'avais pris la décision d'augmenter un peu le total puisque de toute évidence, il avait été le seul qui avait accepté le voyage à partir du quai et qu'en plus, c'était un jour férié. Le chauffeur nous a donc donné le montant - 34 $, même si j'avais calculé 30 $: 14 $ pour chacun de nous deux + 2 $ pour notre gros sac à dos; il a rajouté 2 $ par sac à dos, nos petits - en ajoutant "vous savez ce voyage n'est pas très rentable pour moi, vous avez vu la réaction de mes collègues et bla bla bla..." Maintenant que nous avons pris l'autobus - véhicule plus gros, donc plus cher à remplir de gazoline - à peine rempli d'une dizaine de personnes par voyage - donc 10 $ au total - nous comprenons que le chauffeur n'avait pas à nous faire sentir minables avec sa pitoyable tirade. Quoi qu'il en soit, nous sommes encore définitivement regagnant par rapport à tous les autres occupants du complexe écologique qui ont loué un 4 X 4 - apparemment absolument indispensable pour vivre une semaine ici selon une employée à qui j'avais parlé une semaine avant notre arrivée - pour environ 480 $ la semaine. Faites le calcul.

Nous sommes allés à la plage dès notre retour. En nous rendant là, nous avons croisé une foule de crabes ermites sur le sentier. Quand les crabes sentent les vibrations de nos pas qui approchent, ils se recroquevillent dans leurs maisons et jouent les morts, parfois en se rendant plus vulnérables que s'ils avaient décider de simplement s'immobiliser parce qu'en lâchant prise, ils viennent rouler au centre du sentier. Sur cette terre aride où pousse des cactus aux bras longs et minces, ces êtres à la carapace empruntée balaie le sol de leurs pinces aux teintes mauves à la recherche de nourriture. Une communauté de crustacés broyeurs immense et omniprésente. D'ailleurs, dans le cartable laissé dans notre hutte afin d'expliquer le fonctionnement de l'installation verte dans laquelle nous créchons, il nous est recommandé de jeter nos déchets organiques par-dessus la rampe de notre balcon.



Nous avons passé un peu moins qu'une heure à la plage - le temps de faire une saucette - qui s'est vidée complètement de ses visiteurs appelés par la faim à leur souper. L'eau cristalline fut rafraîchissante et M. a fait la réflexion que c'était comme une immense piscine tellement le calme et la clarté de la mer confinée à la baie est parfaite pour la baignade. Outillée de mes lunettes de natation, j'ai exploré de la surface les fonds marins brièvement, le temps d'apercevoir un poisson en forme de prisme triangulaire noir et blanc copiné avec une petite raie. De retour sur la sable fin, installée dans le soleil de fin d'après-midi pour sécher mon body, j'ai déclaré être faite pour cette température agréable. Zéro humidité, bon vent, bras dénudés, soleil éblouissant. Idéal.