orphelins de l'Éden

2.23.2007

roots

Pendant que j'entame ce nouveau blog, ma soeur G. s'approprie un texte que j'ai rédigé hier soir. Elle le lira demain en après-midi, devant une foule à la fois familière et étrangère. Tout ce beau monde - environ deux cent convives - sera réuni pour fêter des doyens de la famille étendue. Parmi les fêtés, il y a ma grand-mère qui a 80 ans depuis hier.

Nous l'avons fêtée intimement samedi dernier. Notre cocon familial l'a enveloppé d'amour, gâteau, cadeaux et tout et tout. Elle en a eu les larmes aux yeux. La cerise sur le sundae fût l'annonce de cette réunion familiale planifiée pour une semaine plus tard. Nous voulions la préparer. Grand-maman a tendance à s'énerver, à anticiper et à faire un peu d'insomnie parfois quand l'excitation prend le dessus.

Dans la salle communautaire du village où j'ai grandi, les tantes, cousins, cousines, oncles, alouette! auront l'allure de vieilles connaissances dont j'oublie toujours le nom. L'important, c'est que ma grand-mère retrouve ceux et celles qu'elle aime. De mon côté, je devrai m'excuser un million de fois de ne pas me rappeler exactement à qui je m'adresserai.

Ces réunions au nombre énorme sont de plus en plus rares. En fait, elles l'ont toujours été. La dernière de cette envergure prenait place il y 10 ans bientôt, pour le cinquantième anniversaire de mariage de mes grands-parents. Il faisait beau ce jour de septembre et cette fois, c'est dans le village où mon grand-père avait grandi que la fête se déroula.

Nous venons d'une terre franco-ontarienne. Nos villages sont les grains d'un chapelet qui s'étend sur la rive de l'Outaouais. J'ai grandi à quelques kilomètres de l'endroit qui a vu grandir ma grand-mère.

Aujourd'hui, elle habite St-Jérôme et je suis à Montréal depuis vingt ans. Mais cette terre est celle de nos aïeux et celle de notre enfance. Comment tourner le dos à nos premiers paysages?

Demain, c'est le retour aux sources. La salle de réception est à deux pas d'un bâtiment qui logeait le dépanneur où B. et moi allions parfois acheter des popsicles. Il nous fallait marcher pendant une bonne heure pour se rendre à destination. Je me souviens d'un popsicle vert qui goûtait la limette. Je me souviens aussi du parc en face de cette salle située au coeur du village. L'hiver, il y avait une patinoire et c'est là que j'ai appris à me mouvoir sur les lames. À côté , il y a l'épicerie. Combien de fois avons-nous embarqué dans le panier que ma mère remplissait de victuailles?

À chaque fois, mes souvenirs reviennent au galop. Demain, je serai épuisée. Comme après avoir utilisé une machine à remonter dans le temps.