orphelins de l'Éden

8.20.2013

vole, vole, papillon doux

Je bécote ta nuque gracile en te murmurant que je t'aime et que tu es ma petite chatte, le sais-tu.  Oui, que tu me réponds de ta douce voix suraiguë.  Comme ça des dizaines de fois depuis hier, avec un sentiment d'urgence de le faire.

C'est que chaque jour qui se termine me rapproche de celui où nous ne serons plus cette fusion que nous vivons depuis le jour de ta conception, il y a deux ans et demi.  Je sais ce que c'est pour être passé par là avec ton beau grand frère.  Dans une semaine, mercredi prochain plus précisément, je reviendrai de chez Cr., votre éducatrice en or, le coeur lourd, les larmes pleins les yeux peut-être, comme il y a deux ans.  La maison me semblera bien vide et j'attendrai le moment où j'irai te cueillir après ta première vraie demi-journée de socialisation loin de moi.

À cette différence que tu es prête.  Depuis deux mois ou un peu plus que je te sens mûre pour ce grand saut, celui qui te permettra de t'émanciper.  Je le sens parce que lorsque nous sommes seules, tu ne me laisses pas une minute à moi, ce qui ne te ressemble pas.  Tu as toujours été cette petite personne très autonome et fière, capable de trouver de l'intérêt dans des jeux solitaires.  Cette accentuation de ton besoin d'être dans mes bras ou de prendre le sein, je l'interprète comme un signe qu'il est temps que je disparaisse un peu de ton horizon.  Pendant les vacances, à te voir t'amuser avec ton papa et ton beau grand frère, j'en ai eu la confirmation.  Depuis hier, nous sommes redevenues ce duo qui te transforme en miss-chialeuse-qui-veut-être-sur-toi-MAMAN.        

Quand je bécote ta nuque, je t'explique aussi que dès la semaine prochaine, tu passeras tes journées avec ton beau grand frère, Cr. et les amis.  Je sais que tu comprends que nous ne serons plus cette fusion quand je te dis que je retourne travailler et que je viendrai te chercher le soir.  Peut-être que tes "en haut" - je veux être dans tes bras - et que tes "là-bas" - je veux que nous allions au salon pour que je prenne le sein - sont tes façons d'exprimer ton propre sentiment d'urgence à emmagasiner cette proximité avec moi.

Chose certaine, remercions la vie de nous avoir donné l'une à l'autre pour un solide début de ton existence.  À partir d'ici, mes murmures et mes caresses feront à jamais partie intégrante de ton être, qui évoluera parmi les autres.  Et j'aurai la certitude d'avoir donné le maximum de moi-même pour t'aider à consolider ta fondation.