orphelins de l'Éden

3.08.2011

au bout du compte

Après ta sieste, nous sommes allés au grand parc dans le but d'y rencontrer Oa. et Mx. Ne sachant pas à quelle heure ils y seraient, je me suis rendue là où je croyais avoir compris qu'ils passeraient peut-être, près du pont grillagé. Ne les voyant pas, je décidai de me rendre sur la place à côté du pavillon d'accueil pour te permettre de marcher sur une aire ouverte et plate.

Là, deux hommes âgés étaient attablés, profitant d'une douche solaire revigorante. Lorsque je stationnai BOB pour t'en extirper, l'un d'eux m'adressa la parole avec je ne sais plus quelle amorce. Sans doute quelque chose à voir avec le temps splendide parfait pour sortir garçonnet. Chose certaine, mon cerveau sélectionna dès lors le mode anglais.

Pendant que tu restas planté exactement là où je t'avais déposé, pour environ une quinzaine de minutes, les deux pieds comme pris dans du ciment, je poursuivis ma conversation avec ces deux amis de longue date qui fréquentent le parc presque à chaque jour clément.

Bl. et Tr. qu'ils se nomment. Deux hommes tellement complices qu'ils pourraient former la paire idéale d'une quotidienne comique américaine. L'un plus bavard que l'autre, l'autre encaissant avec un sage détachement les gentilles taquineries de l'un. Un duo à l'amitié éprouvée de toute évidence.

De par ta nature curieuse et observatrice, tu t'es contenté, ces premières longues minutes figé, à pivoter ta tête dans un angle de 180 degrés, passant de nous trois à un autre groupuscule installé sur un banc de l'autre côté de la place, incluant un poupon t'interpellant de ses pleurs et un labrador blond t'interpellant lui de son plein d'énergie, amusant ainsi le plus bavard de deux hommes, Bl.

Bl. qui a grandi dans une famille de six enfants pour en avoir lui-même cinq. Quand je lui demande combien de petits-enfants ont suivi, il me répond amèrement "only two". Dans son ton, j'entends un "pfff" critique et triste. Au fond, c'est une réaction de déception viscérale, une impression de lignage brisé, d'humanité hypothéquée. D'ailleurs, son complice Tr. cite une statistique: 1.6 enfant(s) par famille québécoise.

Cherchant à leur redonner un peu de joie au coeur, je balaie cette donnée du revers de la main et leur annonce qu'autour de moi, de plus en plus de familles s'agrandissent. Deux, trois et même quatre ou cinq enfants. Il y en a encore, surtout avec ce baby-boom. Les gens reprennent envie de fonder des foyers où s'épanouissent le futur d'un tissu social qui, je l'espère, aura l'air et la chanson d'un monde meilleur, sans prétention. Seulement avec de bonnes intentions.

Tiens, pourquoi ne pas commencer par reconnaître la place que devrait occuper les aînés dans notre société.