orphelins de l'Éden

10.29.2013

tout dans tout

Garçon est comblé.  Pour son anniversaire, il a reçu plusieurs figurines de Teenage Mutant Ninja Turtles.  Oui, oui, vous avez bien lu.  Notre coco tripe sur ces personnages apparus et popularisés quand j'étais moi-même enfant.  Papa lui a fait regarder une vidéo par nostalgie un jour et depuis, Bo. a eu la piqûre.  Alors, costume d'Halloween et chandail de tous les jours à l'effigie des créatures sympathiques, et vraiment, presque toute la collection de figurines, méchants compris.

Parce que pour le jeu, il faut des bons et des méchants.  Et j'adore les questions philos de garçon: pourquoi il est méchant lui?  Les Tortues mangent de la pizza entre deux mouvements ninja.  Ya-ya.  Pourquoi ils portent des bandeaux, pourquoi ils sont forts, pourquoi ils font du karaté.

C'est même grâce à cette nouvelle fascination positive qu'une conversation à propos de la mort s'est bien terminée la semaine dernière.  Contexte: papa et garçon sont collés dans le noir, dans le lit, juste avant le dodo de la nuit quand garçon philosophe demande: après les bébés, c'est quoi.  Nous devenons un enfant, que répond M.  Après?  Un adolescent.  Après?  Un adulte.  Après?  Une personnes âgée.  Après?  Nous sommes des personnes âgées.  Oui, mais après?  (Un ange passe.)  C'est la mort.  (Un autre ange passe.)  Garçon éclate en sanglots.  Je ne veux pas de la mort!

Il faut vous expliquer que mon fils adoré et moi, nous en avions déjà parlée de cette Faucheuse quand ma collègue est morte au printemps dernier et qu'il m'avait vu la pleurer.  Puisque nous avions commencé à aborder les choses de la vie en les plaçant dans le grand portrait de la Nature, j'ai décidé d'apporter ce sujet délicat par ce même angle.  Comme les feuilles, nous avons des saisons.  Comme elles, nous retournerons un jour à la Nature.

Ce soir-là, garçon était inconsolable, jusqu'au moment où j'ai décidé de continuer l'explication du cycle.  Que l'on y croie ou non, pourquoi ne pas aborder ce qui vient après la mort comme ce qui se trouve dans la Nature justement.  Poussière redeviendra poussière.  Alors, écoute-moi bien, quand nous mourrons, nous pouvons voler comme des oiseaux, libres de sautiller parmi les nuages.  Là, peut-être que quelqu'un nous attend.  Peut-être que cette personne nous demandera ce que nous voulons faire.  Revenir à la vie, ou demeurer là, à flotter.  Peut-être même que nous pouvons choisir comment revenir.  En bébé humain si nous le voulons ou en lapereau, pourquoi pas.  Non, je veux être une Tortue Ninja.  Pourquoi pas coco.  Peut-être que ces personnages sont inspirés d'un peu de vérité new-yorkaise.  Qui suis-je pour entraver ton espoir de réincarnation.  Et puisqu'ils sont quatre frères, nous pouvons tous revenir ensemble, toi, papa, Cm. et moi.  Pourquoi pas mon chéri.  Pourquoi pas, tiens.  

Quelques jours suivant cela, nous avons reçu le nouveau numéro de Pomme d'api par la poste.  Comme toujours, cette magnifique revue regorge d'histoires et la principale de cette édition porte sur - eh oui - la mort.  Un poisson rouge est retrouvé inanimé dans son bocal un beau matin par une petite famille, qui l'enterre ensuite dans le jardin, là où il devient une belle fleur rouge orangée.  Eh ben.  Merci la vie.  Pour ce coup de main.  De son aveu, garçon la trouve très belle cette histoire.

10.23.2013

c'est la fête

Quand je mets la tête sur l'oreiller pour allaiter fillette vers sa nuit, je m'endors à tout coup depuis au moins quatre jours.  Claquée.  Tant et tellement que hier soir, je disais à M. que cette semaine, je croyais bien ne pas pouvoir venir ici, inscrire un tableau de notre quotidien.  Mais voilà que ce matin, après un sommeil réparateur, je m'installe devant l'écran, avant toutes les heures de besogne qui m'attendent.

En vrac, je peux vous dire que pour notre dégât d'eau, le processus auprès des assurances est en cours et qu'au final, les travaux, que notre entrepreneur par moi adulé - celui qui était au paradis au printemps dernier pour notre sous-sol, qu'il doit reconstruire en partie cette fois - doivent débuter dès que le go est donné et qu'ils dureront environ deux à trois semaines, peinture comprise.

Aussi, je vous disais qu'au onzième, quelque chose de nouveau venait de marquer mon parcours professionnel.  C'est que l'on m'a assignée à des tâches de comptabilité, loin de ma zone de confort.  Cet apprentissage est progressif et se poursuivra jusqu'à Noël.  Une fois cette période de formation achevée, je reprendrai ma place auprès de mes collègues, à accomplir mon boulot, avec des sauts dans cette autre chaise, au besoin.  Une nouvelle corde à mon arc si l'on peut dire.

Enfin, nous fêtons le quatrième anniversaire de garçon ces vendredi et samedi.  Mon bel amour de grand chaton, mon premier bébé, comme je l'appelle dans nos moments doux.  Simplement, il y aura gâteau, amis, parents, jeux, tout cela étalé sur une soirée et une journée.  Rien d'extravagant ou de démesuré.  Le tout dans un esprit de réjouissance partagée.

Dans mon coeur, c'est l'occasion de célébrer ces années de maternité qui ont gonflé ma vie d'une dimension désirée, mais tellement déstabilisante.  Car être parent, c'est naître à soi-même, après toute une vie à explorer notre ego.  Découvrir le véritable don de soi, mais aussi et surtout, ces explorateurs d'ego tout juste pondus et leur accorder une place privilégiée auprès du nôtre.  Pour une réjouissance partagée.

10.15.2013

théâtre de la vie

Le retour au onzième m'insuffle une énergie certaine.  J'interagis, je converse, je dissipe la grisaille des coeurs.  En bonne chasseresse de nuages.  Car le bonheur pour tous et chacun, il y a longtemps déjà que je me le suis donnée pour mission au quotidien.  Semer des petites joies pour mieux récolter des sourires.  Et ça fonctionne.

Tiens, cet après-midi par exemple.  Je réussis à encourager une collègue pleine d'engagement professionnel à son habituel, mais dépassée aujourd'hui par la lourdeur de la bureaucratie qui ralentisse sa productivité.  Du courage chère Sz., ta fougue n'est pas vaine, je te le garantis.  Sourire et bonheur.  Beaucoup plus belle qu'elle devient tout d'un coup.

Et puis, en matinée, j'offre une tablette de chocolat à une autre, achetée pour faire ma part auprès d'un autre qui en vend pour une levée de fonds, au nom de son fils, écolier.  Sourire et bonheur, fois deux.

Quelque part en mi-journée, je complimente un quinquagénaire au coeur bon en lui disant qu'il a bon coeur justement, en parlant du bien-être d'une autre collègue, pour qui il s'inquiète.  Sourire et bonheur.  Là encore.

Comme ça, à journée longue.  Parce que c'est tellement plus agréable de se croiser ainsi, entre ces murs beiges et anonymes.  Le décor s'anime à même la qualité de nos échanges.  À nous de monter en scène.

10.07.2013

à preuve

Cet hôpital, il n'est pas comme les autres.  Nous arrivons à l'urgence à 9 h moins dix ce matin pour en ressortir une heure et quart plus tard.  Une visite presque agréable, de bout en bout.

C'est qu'un accident est survenu lorsque papa a pris la main de fillette hier matin dans un magasin de fringues et qu'elle a décidé de partir dans l'autre direction.  Un clac qui l'a fait pleurer sur le coup.  Bobo, qu'elle disait, en nous montrant son bras de poupée.  Nous nous sommes rendus à l'épicerie et pour la consoler, papa l'a tenue tout contre lui.  Ensuite, la matinée avancée et son niveau de fatigue élevé l'ont fait sombrer dans une sieste hâtive et longue.  Ce n'est qu'à son réveil, lorsqu'elle s'est attablée pour manger une pomme, que j'ai réalisé que son bras droit restait allongé, bien qu'elle soit clairement droitière.  La pauvre tentait de stabiliser le fruit rond sur la surface plane avec sa seule main gauche.  Les gestes suivants ont confirmé qu'elle ne faisait plus usage que de cette seule main, l'autre pendant au bout de son bras droit.

Nous avons pensé à une fracture, sinon à une fêlure.  Peut-être à une entorse.  Quoi qu'il en était, il nous fallait nous rendre dans une clinique ou un centre hospitalier, là où une radiographie pourrait être faite.  C'est ma grande amie Jl. qui nous a conseillé de nous rendre à l'hôpital ce matin seulement, nous expliquant que dès 8 h une nouvelle équipe de médecins soignant exclusivement les traumas prendrait la relève.

C'est donc dans une urgence pas du tout bondée que nous sommes rentrées au Children's ce matin, fillette et moi.  De leur côté, garçon et M. se sont rendus au Marché Atwater, sachant que je disposais d'un cellulaire pour appeler une fois notre visite terminée.  Par ce temps-là, ils seraient de retour du paradis pour sûr.

Fillette a assemblé un casse-tête de Dora, puis un autre de Toupi et Binou, et nous avons été appelé dans une salle de consultation.  Là, elle a joué avec un téléphone déconnecté, des gants d'auscultation dénichés sous la table, des trombones traînant sur le bureau.  Une médecin belle comme dans une télé-série américaine est venue, a écouté mon court récit de comment l'accident était survenu, s'est penché devant fillette, lui a pris la main d'une main et le coude de l'autre pour exécuter une manipulation rapide semblable à ce qu'aurait fait mon ostéopathe adorée.  Voilà, m'a-t-elle dit après des pleurs de fillette, le ligament s'est replacé.  C'est tout.  Et de fait, je me suis rendue dans un petit parc avec elle pour attendre les hommes de nos vies et elle a utilisé sa main pour s'agripper à la poignée d'une coccinelle rebondissante.  Pas d'enflure, nul besoin de glace.  Replacé, le ligament.

La santé, vraiment l'important.