orphelins de l'Éden

4.30.2013

du rêve à la réalité

Tape, tape, tape, cogne, cogne, cogne.  Les rénos vont bon train.  Semaine trois.  Notre sous-sol prend vie, enfin.  Après tous ces mois de désolation, nous nous réjouissons de voir nos idées se concrétiser à vitesse grand V.  Ce sont nos voisins Brésiliens qui nous avaient refilé les coordonnées de cet entrepreneur-constructeur et nous remercions le ciel d'être si bien tombés.  Pour lui, il n'y a pas de problème, que des solutions et Dieu sait que nous en avons des demandes spéciales.    

Au cours de la semaine deux, les murs de fondation ont été dénudés jusqu'au béton pour être complètement reconstruits et isolés à neuf, les fils passés pour les machins électriques, et une toison levée pour définir l'espace d'une salle familiale.  Mais surtout, le foyer non écologique et toute sa maçonnerie recouvrant un pan entier du sous-sol sont partis via un conteneur la semaine un, à notre grand soulagement.  Bon voyage.

Aujourd'hui, c'est un couple dans la vie, plâtriers de profession, qui oeuvrent à leur tour.  Demain, déjà le go pour le sous-plancher et d'un jour à l'autre, notre plancher de liège - un immense cadeau, de nous-mêmes à nous-mêmes - sera livré à domicile pour être ensuite posé.  Vitesse grand V qui impressionne un M. emballé comme je ne l'avais vu depuis longtemps.  Son sourire est beau à voir.

Je l'ai répété à notre entrepreneur au moins à trois reprises: la bonne avancée des travaux est totalement salvatrice pour notre maisonnée.  La dynamique du paradis avait besoin de ce coup de pouce, pour ne pas dire de ce coup de souffle.  Et même si cela nous coûte, nous nous offrons au fin fond une douceur de vivre non monnayable.  Mon retour au travail nous permettra d'essuyer notre dette.  Notre plan est béton et sous peu, très, très bientôt en fait, que du bonheur à habiter cette nouvelle aire de plaisir que nous avons si bien imaginée, et à revenir aux autres pièces, y compris notre super salle de bain à peine utilisée jusqu'à maintenant.

Et je vous garantis qu'après des mois de houle provoquée par les stress de ce sous-sol bordélique, le sourire dans mon coeur est aussi beau à voir.                                  

4.23.2013

nous sommes si fiers de toi

Sortez tambours et trompettes, depuis hier soir, notre garçon roule à bicyclette.  Sans petites roues, sur des distances d'une dizaine de mètres avant de briser sa lancée par une manoeuvre échouée.  Mais qu'importe, c'est un champion.

C'est moi qui aie décrété qu'il fallait essayer avant qu'il ne perde ses acquis.  Parce que l'été dernier, son vélo de bois sans pédale lui aura donné l'équilibre sur un engin à deux roues, et qu'une fois le mouvement du pédalier maîtrisé - chose faite ces deux dernières semaines -, ne restait plus qu'à tenter le coup.  Et voilà, chaque nouvel essai ne le verra que s'améliorer.  Notre impressionnant petit bonhomme.    Comme ton papa le dit si bien, la nuit consolide l'apprentissage.

Ton visage était animé d'un mélange de contentement et de détachement.  D'un air que je ne t'avais jamais vu auparavant, mais dont toi seul détiens le secret.  Du haut de tes trois ans et demi.  Tu me parais si sage parfois, si plein de savoir enfoui que tu n'as qu'à secouer un peu pour le raviver.  Faire du vélo, déjà su.  Tu roulais comme ça, comme si tu n'avais qu'à dérouiller le mouvement dans ton corps pour lui insuffler l'élan.  En regardant partout à la fois, en même temps que devant.  Mon mystérieux garçon.  Capable de tout.

4.18.2013

here goes

Deux ans que ça dure.  J'en ai déjà glissé un bref mot ici, croyant d'abord que c'était une infection à levures ou si vous préférez, une vaginite.  Le temps m'a fait comprendre que c'était autre chose.  Une irritation irritante - c'est le moins que je puisse dire - située sur mon périnée et migrant autour de l'anus.  Un besoin impératif de me gratter au sang si je ne retiens pas mon envie de me soulager lorsque je vais uriner ou à la selle et que je m'essuie.  Je sais, je sais, beaucoup de détails crus ou gênants, mais que voulez-vous, cette partie du corps existe aussi.

Et j'en sais quelque chose.  Parce que deux ans, c'est long quand ça brûle à cet endroit-là ou que le picotement démange.  Heureusement, le mal va et vient.  Good days, bad days.  C'est un peu beaucoup pourquoi il m'aura fallu tout ce temps avant de chercher la source du problème.

Mais en fait, déjà au bout de quelques mois à vivre avec cet inconfort physique, j'étais allée consulter une gynécologue à la clinique L'Alternative, parce que je sais que les spécialistes là-bas sont justement très spécialisés.  Je pensais que ma réponse viendrait alors, ce qui ne fut malheureusement pas le cas.  J'étais enceinte de fillette jusqu'aux oreilles et la gynécologue m'a conseillé de revenir après mon accouchement parce que de toute manière, elle ne pouvait pas me prescrire de médicaments topiques dans mon état gravide.  Aussi, cette journée-là, l'inflammation était en dormance, comme cela s'est passé par moments.  Malade imaginaire à ses yeux.

Avec l'arrivée de fillette, j'ai attendu encore un an avant de me rendre auprès de ma généraliste, pour mon examen physique annuel.  C'était en décembre dernier.  Entretemps, j'avais tenté d'identifier la source dans mon alimentation.  Le chocolat m'a semblé une bonne piste, mais l'envie intense de me gratter est revenue.  Même chose pour le sucre.  Je n'ai pas essayé avec les tomates ou le gluten.  À ce stade, je voulais un diagnostique pour m'aiguiller.

Ma généraliste a examiné la région affectée.  Verdict: un lichen simplex.  Je lui ai fait écrire sur un bout de papier.  Qu'est-ce.  Quelque chose qui ressemble à de l'eczéma.  Qu'est-ce qui le déclenche.  Je vais vous servir une vraie réponse de médecin qui ne sait pas, mais qui doit tenter une réponse pour satisfaire son patient: le stress.  Eh ben.  Le plus beau, c'est que c'est quelque chose dont on ne guérit jamais vraiment.  On ne peut que le soulager momentanément avec une crème à base de - eh oui - cortisone.

Le hasard fait que la semaine suivant cette visite médicale, je me rende voir mon ostéopathe adorée.  De son côté, elle me confirme que le lichen simplex est chronique et qu'une fois installé dans un corps, il peut toujours refaire surface.  Mais elle me donne tout de même un peu d'espoir de guérison quand elle me refile les coordonnées de son homéopathe adorée. Aussi, M. me suggère de me rendre auprès d'un second spécialiste pour avoir un autre diagnostique.  

Prise de rendez-vous chez l'homéopathe - deux mois d'attente parce qu'elle est devenue une vedette depuis qu'elle a fait une apparition télévisée chez Dr. Oz - et avec l'obstétricien qui m'a suivie pour ma deuxième grossesse parce qu'il est également gynécologue.

Dr. P m'ausculte et modère le diagnostique que j'avais reçu.  Si c'est un lichen simplex, dit-il, c'est un cas très léger parce que la peau n'est pas trop épaissie ou fissurée.  D'accord, super, mais ça pique en titi-ouiti.  Il me prescrit la même crème que ma généraliste, mais avec pour différence que si la douleur persiste ou revient au bout de trois mois d'application aux semaines, je dois subir une biopsie qu'il pourra envoyer en labo pour analyse afin de déterminer si oui ou non c'est un cas de lichen simplex.  Dernière question: est-ce que ça peut être tout simplement une réaction allergique.  Oui, bien sûr, mais reste à trouver à quoi.  Au latex par exemple - nous utilisons le condom comme moyen de contraception.  Oui, répond-il, ou à votre savon pour le corps, pour la lessive, à un type de matériel, votre papier de toilette - j'ai déjà essayé de le changer, sans succès.  Tout de même, une autre brindille d'espoir dans ma besace.

Alors aujourd'hui, je la rencontre enfin cette homéopathe adorée de mon ostéopathe adorée. C'est une femme grande comme moi avec ses souliers à petits talons.  Je prends place dans son bureau d'Outremont au plancher de liège.  Dès lors, mon cerveau doit réactiver la zone où est terré mon anglais.  Des termes spécifiques à traduire.  Muqueuses, picotement, périnée et bien d'autres.  La beauté avec l'approche homéopathique, c'est que l'on fait le tour de la santé globale de l'individu à traiter.  Au bout de deux heures de questions-réponses, elle cible un remède qu'elle croit le bon pour moi, dans ma condition.  Elle me rassure que si cet élément n'est pas le bon, il y en a deux autres qui semblent pouvoir m'aider.

Parce que l'approche uniciste en homéopathie veut que lorsqu'un individu souffre, c'est qu'il a besoin d'un élément de source minérale, végétale ou animale, pour retrouver son équilibre.  Il y a plus de cinq cents de ces éléments parmi lesquels choisir.  Le but d'une rencontre aux mille questions, c'est de préciser le bon, the one.  Pour l'heure, j'ai gobé une granule de SULF 200 D.  C'est tout ce qu'il faut, si c'est le bon élément.  Une boule miniature ou peut-être une deuxième, dans dix jours, si le cycle infernal du picotement-grattement reprend après un certain soulagement des symptômes.  SULF parce qu'il soigne les problèmes de peau, et qu'il convient aux friands de chocolat noir et de douceurs â la pâte beurrée, qui se souviennent de leurs rêves très clairement et qui s'impatientent sérieusement s'ils ont faim - des indices accumulés au fil de l'entretien -, tels que moi.

J'attends.  Et oui, j'ai aussi tenté de mater le mal par la seule force de ma volonté.  Mais la nuit, lorsque mon esprit est brouillon de sommeil, l'irrésistible soulagement domine.  Cette fois, j'ai affaire à un ennemi de taille.  Souhaitons que l'infinitésimale en ait raison.                        

4.13.2013

souhait

Je dis souvent de l'amour que c'est un jardin qu'il faut cultiver, un labeur qui courbature parfois, mais un bonheur que l'on récolte si le coeur, sincère, est à la tâche.

Je dis aussi qu'à chaque nouveau jour, il faut dire oui à cette vie à deux que l'on a choisi plutôt qu'une vie de solitaire.  Oui à chaque soleil, oui même quand il serait pourtant facile de dire non.  Non parce que l'autre n'est pas dans notre tête ou qu'il en fait à sa tête.

Engagement.  Ce n'est pas un mot à prononcer à la légère.  Plus encore si la vie à deux se multiplie de miracles sur deux pattes.  Les enfants sont une récolte abondante et constante.  Ils s'immiscent entre les amoureux comme leur extension.  Un oui incarné en quelque sorte.  Mais rien n'est éternel et malgré eux, l'essentiel, c'est l'union du couple.  Les quatre mains dans la terre.

M., nous avons de la terre jusqu'aux coudes et même jusque sur les joues.  Nos baisers goûtent la sueur et notre lopin arable est encombré de mots.  Combien de conversations pour revenir l'un à l'autre.

Mais ça y est, aujourd'hui, c'est ton anniversaire, et il semble que la vie nous fasse le cadeau de nous retrouver.  Hier soir, dans la lueur blafarde, nous avons encore parlé, et ton visage m'émeut et tes yeux, ils sont doux dans l'écoute, et je sais que je t'aime.  Je t'aime, même barbouillée de boue.

Mon cadeau, c'est que, au-delà de ma fatigue profonde, je te jure que je comprends tout le sens de mon oui avec toi et je t'offre mon âme remplie de lui.  Prends-la et couve-la.  Je t'en prie.                                  

4.08.2013

de leurs cocons

Le vent à jeter par terre.  Le froid qui gruge la tolérance.  Mais, mais, les vols de bernaches depuis deux semaines.  Leurs jappements qui annoncent le printemps haut et fort.  Je lève les yeux juste au cas où mes oreilles auraient halluciné.  Qu'il vous suive ce soleil qui doit vous réchauffer.

Alors j'emmitoufle les cocos et nous sortons.  Garçon sur son vélo en soirée, avec papa qui place sa main dans son dos s'il vient à manquer d'énergie pendant le tour du bloc.  C'est que c'est tout nouveau des pédales et qu'il n'aura fallu que quatre sorties pour que Bo. arrive à faire avancer son bolide lui-même.  Cette bicyclette, nous l'avons trouvée équipée de petites roues pour lui permettre de commencer en douceur.  Mais vu son expérience avec son vélo sans pédale l'été dernier, nous pensons qu'il ne faudra pas longtemps à notre beau loup pour saisir son élan en équilibre sur deux roues.

Avec fillette, je sors plutôt le matin, juste avant le dîner.  Nous nous rendons au petit parc et une fois là-bas, elle gigote pour que je la descende de la poussette.  Depuis que la neige a fondu, j'ai choisi ce chemin asphalté et sécuritaire comme parcours de son apprentissage de la marche extérieure.  Il faut beaucoup de patience pour suivre une petite personne pour qui tout est absolument une découverte.  Tiens, une feuille morte qui s'effrite sous mon poids plume, un bouchon de plastique jeté dans la rue, une branche, un trou d'eau, un goéland qui s'envole, un avion qui ronronne.  Malgré tout, tu suis plutôt bien et à vrai dire, tu m'impressionnes.

Ce n'est que demain que nous pourrons sortir tous les quatre pour une marche digestive.  Je vous vois déjà gambader, main dans la main, pendant que je fouille mes souvenirs.

4.01.2013

plaisir déculpabilisé

Sens ma bouche.  Garçon dit cela quand il vient de manger quelque chose qu'il aime beaucoup, et puis, il ouvre grand à s'en décrocher la mâchoire.  C'est sa façon de partager le délice tout juste avalé.  Du chocolat par exemple, ou un suçon.  Sens.  Ça sent quoi.  Le chocolat, les fruits.  Heureux qu'il est ce petit bout d"homme, comme si, avec ma réponse, je venais de lui donner une autre bouchée de péché gourmand.

Alors avec Pâques, imaginez, bien que le Lapin n'ait pas du tout exagéré.  Plusieurs belles pièces d'art mangeables sont rangées dans une armoire et pour les desserts des repas à venir, mon petit doigt me dit que Bo. demandera du chocolat.  Surtout qu'il est noir, peint à la main ou équitable.  Et que le produit de qualité des graines fermentées, torréfiées, puis broyées du cacaoyer favorise le transit intestinal grâce à sa haute teneur en fibres - toute proportion gardée, plus qu'une courgette ou qu'un concombre -, permet de lutter le vieillissement des cellules parce que bourré de flavonoïdes, antioxydants qui limitent également l'apparition de mauvais cholestérol, dilate les vaisseaux sanguins et améliore la coagulation, fournit une bonne dose de magnésium qui aide à combattre la fatigue, le stress et l'anxiété, et finalement, contient des tryptophanes qui deviennent de la sérotonine, un neurotransmetteur qui joue un rôle sur l'humeur en apaisant, sans parler qu'il favorise la sécrétion d'endorphines, hormones du bonheur*.

Je sais bien qu'il faut du sucre pour adoucir l'amertume du cacao.  Mais avec modération, notre raison peut bien fondre le temps que se réjouissent nos papilles.

* Lire le mini-dossier Le chocolat, un trésor de bienfaits pour la santé...