orphelins de l'Éden

12.31.2012

les plus sincères

Nous devions rentrer le jour suivant Noël, mais il faisait bon chez ma maman et son mari, alors nous sommes restés une nuit de plus, même si nous savions qu'une tempête était annoncée pour le lendemain.  Le 27 au matin, nous avons déjeuné et tout empaqueté dans Jasmine la Fit très rapidement pour tenter de battre la neige soufflant dans les grands vents, mais en vain.  Une minute après notre départ, une côte tout ce qu'il y a de plus à pic s'est dressée en palissade devant nous.  À trois reprises, notre voiture format sous-compacte a rechigné à se rendre au sommet.  Nous avons dû battre en retraite, chez ma maman - vraiment, très confortablement, je dois le préciser -, contraints à regarder tomber toute cette blancheur pendant que M. s'imaginait pelleter trois jours durant dès notre retour parce que depuis le Nord, nous entendions, par les rapports journalistiques, que les accumulations au Sud fracassaient des records.

Que nenni!  À notre arrivée le lendemain, quelle ne fût pas notre grande et bonne surprise de voir Cr. l'éducatrice en or de garçon accompagnée de toute sa petite famille, bien équipée - souffleuse comprise -, dans l'entrée du paradis, pour la dégager de toute cette neige.  La route c'était faite rapidement, le soleil était éblouissant et de les voir là, je n'ai pu me retenir de me précipiter hors Jasmine la Fit pour aller les serrer bien fort dans mes bras.  Cr. m'a avoué qu'ils étaient encore en pyjama sous leurs habits de neige et que ça avait été son idée que d'inciter les siens à venir faire acte charitable avant leur déjeuner.  De suite, je suis allée chercher croissants et chocolatines, j'ai coupé des fruits exotiques et préparé des tasses de lait au chocolat bien chaudes pour les remercier - un tant soit peu - de leur bonté.  Ce don d'eux-mêmes a complètement et véritablement chaviré nos coeurs.

Ce genre de geste généreux et spontané, je l'imagine pour chacun d'entre nous.  Plus que le fait d'en recevoir, je nous souhaite plutôt, pour cette année à venir, de propager l'amour à échelle de notre énergie.  En retour, nous récolterons un bonheur immensément valorisant, pour sûr.  Et puisque nous sommes tous des astres flamboyants, pourquoi ne pas nous épater nous-mêmes.

Bonne et heureuse nouvelle année.  Tout est possible, encore une fois.

12.23.2012

plus, encore

Du côté de fillette, de petites choses à consigner.

D'abord, la miss dort dans son lit greffé à l'îlet depuis deux semaines.  Ma maman et son mari lui ont offert son espace dodo pour son anniversaire, avec un mois d'avance.  Au bout de la deuxième nuit, elle a compris que c'était son nouveau lieu de sommeil.

En championne de sa motricité, petite lady arrive à grimper sur les plateformes moelleuses que sont nos lits depuis plus de trois semaines et elle parvient à en redescendre à reculons depuis une semaine et demie environ. 

Aussi, ses couches de plus en plus sèches.  Hier, M. était tout impressionné par le fait qu'elle ait porté la même couche presque toute la journée.  Impressionné également parce qu'à un moment, en soirée, elle s'est dirigée d'elle-même à la salle de bain et qu'il a décidé de la mettre sur le pot, juste pour voir, et qu'elle a, de fait, uriné.  Habituellement, nous lui proposons le pot aux heures environ, selon le feeling, soit un peu avant, soit un peu après, et dès ses réveils de sieste et du matin.  Je sais que mis à part cette fréquence, je dois penser au pipi qui vient très vite après le premier de sa journée - environ une demi-heure après - et à celui juste avant le bain, vers 19 h 40.  Bref, à écouter son rythme, on finit par devenir branchés et elle, finit par comprendre que nous l'aidons à se soulager proprement.  Parce qu'à nouveau ce matin, elle m'a fait le coup de se rendre à la porte fermée de la salle de bain et de m'y attendre, afin que je l'y emmène sur le pot, où elle a fait pipi, malgré qu'elle venait tout juste de faire caca + quelques gouttes de pipi cinq minutes auparavant, et pipi dix minutes avant encore.  Parce qu'à écouter son rythme, on finit par également saisir exactement le moment où elle urine, au moyen de sa respiration - elle force un petit coup comme pour déféquer - quand nous ne l'apportons pas à temps, mais que ce matin, au début de cette séquence toilette, elle a fait le bruit comme pour m'avertir, encore une fois.  Notre aventure bébé pas de couche nous a bien appris qu'il y a des hauts et des bas dans le processus.  L'important, c'est de savoir que l'enfant y va à son rythme.  

Demoiselle s'amuse à jouer à coucou avec la porte de notre chambre.  Elle adore cajoler son léopard en peluche en dansant sur Vive le vent, comme le fait son grand frère avec son ours - qu'il a nommé Calinours, à cause d'un ami de la garderie qui en a un et qui en parle beaucoup.  Elle comprend de se rendre à sa chaise haute lorsque vient le temps des repas et que l'y invite avec un "viens manger bébé".  D'ailleurs, elle comprend de plus en plus les consignes.  Elle est câline et adore s'abandonner dans les bras de papa.  

Elle, c'est toi qui aura un an de vie dans moins qu'une semaine.  J'ai peine à croire que tant ait passé si vite.  J'ai joie à croire que mille fois tant nous attend au tournant.

naissance du merveilleux

Avec garçon, nous sommes allés voir le Père Noël au IGA.  C'est là, dans cet endroit qui lui est familier, que le vieil homme a décidé de se présenter à lui, par un beau samedi matin, il y a deux semaines de cela.  C'est là aussi que nous avons su que garçon espérait une fusée.  M. et moi, nous nous sommes regardés et nous avons compris que la magie opérait.  Notre fils avait gardé son désir secret jusqu'au moment où sa demande serait prise au sérieux par nul autre que l'opérateur en chef.  Depuis lors, lorsque garçon évoque sa fusée, nous lui expliquons que les lutins sont en train de la fabriquer afin que le Père Noël vienne lui la laisser au paradis le grand Jour, en passant par notre cheminée bien sûr.

Il sait que Noël approche à grands pas parce que les portes de son calendrier de l'Avent sont presque toutes ouvertes.  Le décompte a débuté le premier du mois et à chaque jour qui passe, une fois le dîner ou le souper terminé, il n'oublie pas de se régaler du carré de chocolat noir caché derrière le nombre de la date.  D'ailleurs, c'est grâce à ce petit rituel qu'il a commencé à mieux organiser les chiffres dans sa tête.  Avec son papa, il doit compter le nombre de portes ouvertes afin d'arriver à la date du jour.  Cette répétition quotidienne semble avoir imprimé l'ordre des chiffres qui lui servira toute sa vie.

1-2-3-...

Papa a réussi à dénicher l'objet de sa convoitise.  Quelque chose qui scintille, calqué sur le modèle de la NASA, rien de moins.  En fait, c'est demain matin qu'il la trouvera dans le salon, laissée là par le Père Noël, afin qu'il ne s'amuse un peu pendant la matinée de la Veille.  Jusqu'en soirée où lui seront offertes d'autres étrennes apportées par le grand voyageur express par les cheminées de sa marraine et de sa mamie, et le jour suivant par celle de ma maman et de son mari, et une semaine plus tard, par celle d'un chalet qu'a loué le père de M. pour les vacances.

Cette année, le paradis n'a pas d'arbre joyeusement décoré.  Garçon a bien compris que fillette aurait toujours voulu s'amuser avec les boules, les guirlandes, les figurines, les flocons.  Garçon a cette belle maturité de grand frère compréhensif qui me fait chaud au coeur.  Cm. est trop petite, qu'il dit.  Moi grand, qu'il ajoute.

Oui toi grand, mon chaton d'amour.  Mais encore assez petit pour vivre la magie d'une histoire bien ficelée, qui ne fait que commencer.             

12.17.2012

aériens

La saga moisissure s'est terminée avec le grand ménage méthodique qui s'est conclu hier matin.  Dieu merci.  Maintenant, notre sous-sol est sens dessus dessous, mais les intrus ont été éradiqués.  Au printemps, nous procéderons à la reconstruction des planchers et à la réappropriation de nos espaces viables, mais pas avant que d'autres travaux majeurs ne soient entrepris, par exemple la toiture, l'installation d'un échangeur d'air, et peut-être la démolition du mur de maçonnerie - eh oui, au sous-sol.  Une maison, c'est tout un investissement.

Dieu merci parce que beaucoup de temps y était consacré à cette mésaventure depuis un gros mois.  Nous avons procéder pièce par pièce, en plus du couloir.  À chaque fois, il fallait vider l'espace de ses objets, que nous devions nettoyer l'un après l'autre, les déplacer dans une zone préalablement assainie, installer des bâches pour fermer l'espace à décontaminer, laver les lattes du plancher, démonter le plancher, pour finalement aller de l'avant avec le nettoyage de la dalle de béton affectée en retirant la membrane problématique.  Cette dernière étape prenait en moyenne un bloc de trois heures pendant lesquelles M. était vêtu comme un astronaute - masque, gants, combinaison - afin de ne pas être incommodé par les spores et surtout, de ne pas leur permettre de se déplacer avec ses vêtements.  Une grosse job plate.  Terminée.  Ouf et re-ouf.

Mon amie-voisine Brésilienne m'a dit aujourd'hui d'aller enfin profiter de cette superbe salle de bain puisque le sale boulot est fini.  Oui, peut-être pendant les vacances qui viennent.  Descendre pour une demi-heure, tamiser les lumières et glisser dans cette baignoire que nous avons choisi plus grande pour nos corps longs.  Ce serait mon cadeau de Noël.  Ça et oh mon Dieu enfin! un massage.  Mon rendez-vous avec ce maître rencontré il y a deux ans est déjà noté sur mon calendrier.  Pur bonheur pour mon véhicule de chair et d'os usé par une autre année de maternage intensif.  Assurément un moment fort qui, je l'espère, m'aidera à débuter la nouvelle année avec légèreté.              

12.10.2012

impesanteur

Pendant que fillette titube d'un bout à l'autre du paradis, garçon complète sa première session de cours à vie, des leçons de danse.  Depuis septembre qu'à tous les dimanches matins ou presque nous prenions le chemin vers Chambly direction le studio où il allait gigoter de façon ludique et structurée à la fois, voilà que nous avons décidé que dès début janvier, c'est plutôt dans l'eau qu'il ira se dégourdir le body.  Si je réussis à nous inscrire ce soir via le net, je me rendrai avec lui à la piscine afin de l'accompagner dans son apprivoisement aquatique parce que l'été dernier, les quelques baignades chez la soeur de M. nous ont fait comprendre que Bo. a une peur à surmonter.  Cette demi-heure à barboter me permettrait d'être avec lui dans l'eau.  Ce devrait suffire pour lui donner l'air d'aller comme on dit.  Surtout que depuis que je lui ai parlé de cette prochaine activité dominicale, il s'imagine plonger et faire des pirouettes dans les flots, rien de moins.  Enfin, dans "mon livre à moi", apprendre à nager, c'est une nécessité.

Je me souviens de mes premiers cours de natation.  Mes deux soeurs aînées étaient déjà de véritables poissons dans l'eau quand ma mère décida qu'il était temps que je me joigne à elles.  En fait, peut-être que j'avais déjà appris la base à la piscine municipale située dans notre village, mais c'est surtout de la piscine d'Hawkesbury dont je me rappelle, de ses couloirs qui m'ont vu apprendre les styles de nage, de peine et de misère.

Ce village aux allures de petite ville se situait à environ une courte vingtaine de minutes en voiture de notre maison.  C'est d'ailleurs là-bas que je suis née.  Je me souviens du chemin que nous empruntions, comme un long serpent, oscillant entre les terres arables où paissaient les vaches tachetées.

Je l'ai dit, mes soeurs nageaient beaucoup et très bien.  Nous faisions partie d'un club, ou plutôt, elles y brillaient, tandis que je ne sais pas trop pourquoi j'en étais.  Elles avaient participé à plusieurs compétitions quand j'ai dû faire de même pour la première fois.  Je ne sais pas pourquoi, mais quelqu'un avait décidé que j'allais exécuter le papillon, ce style où le corps doit onduler de la tête aux pieds, tout en jetant les bras en immenses cercles.  J'ignore comment j'ai réussi à compléter les deux longueurs, mais j'ai réussi, encore en vie. Je crois qu'il m'a fallu des jours pour récupérer toute l'énergie que j'avais laissé dans l'eau.

Plus tard, déménagée à Montréal, j'ai complété l'arc-en-ciel de la Croix-Rouge au Cepsum - les écussons du jaune au blanc -, le centre sportif de l'Université de Montréal.  Odeur de chlore imprégnée dans mon cerveau donc.

Ces dernières années, c'est surtout dans le lac chez ma maman que je plonge au moins une fois l'an.  Les mouvements et techniques reviennent par réflexe tellement ils ont été répétés à une certaine époque de ma vie.  À toutes les fois, l'eau me détend, profondément.  J'espère que garçon en viendra à cet état délicieux, à cette constatation viscérale qu'en bons mammifères que nous sommes, nous gardons un souvenir ancestral de la magie amniotique dans laquelle évolue les vertébrés.  Peut-être.  Du moins, pour sûr pendant neuf mois, un souvenir vital.