orphelins de l'Éden

11.29.2012

nos guides

Avec le premier manteau de neige, trois évènements digne de mention.

D'abord, garçon s'est endormi seul pour la première fois hier soir.  Après que je lui eus expliqué que la semaine prochaine, il viendrait dormir dans l'îlet avec fillette et moi deux soirs d'affilée parce que M. a son party de Noël au bureau et un concert, et que ce sont des circonstances exceptionnelles, il nous a annoncé que ce soir - hier soir donc - il allait s'endormir seul.  Comme ça.  De lui-même.

Alors, M. s'est rendu avec lui dans sa chambre comme à tous les soirs, lui a lu une histoire, comme d'habitude, et cette fois, plutôt que de s'étendre à ses côtés jusqu'à ce qu'il vogue vers Morphée, il a laissé la veilleuse allumée, l'a embrassé, lui a souhaité bonne nuit et a quitté sa chambre en laissant la porte entrouverte.  Quelques minutes plus tard, garçon l'a appelé et M. est allé le voir.  Garçon a dit qu'il voulait dormir avec lui après tout, qu'il voulait son gros nounours - papa -, mais M. lui a plutôt proposé de s'endormir avec un toutou qu'il lui a fait choisir - son lion.  Il l'a rassuré en restant couché avec lui deux minutes, puis il s'est levé et a quitté de nouveau.  Garçon était encore réveillé, mais il l'a laissé partir paisiblement, sachant qu'il restait tout près, dans l'autre pièce, et s'est endormi.  Qu'il était fier ce matin quand nous l'en avons félicité.

B. est très intelligent.  D'ailleurs, c'est ce que je lui répète souvent.  Je sais qu'il comprend tout.  Ce qui s'est passé hier soir, c'est le résultat de plusieurs petites choses.

Par exemple, il y a un mois, je lui ai expliqué que pour la sieste à la maison, il devait apprendre à dormir seul, comme il le fait à la garderie, que nous laisserions la porte ouverte et qu'il n'aurait qu'à se laisser aller au sommeil.  Mis à part que nous nous sommes assis au pied de son lit à quelques reprises pendant la semaine de vacances de M. au mois d'octobre, les choses n'ont pas beaucoup changé et nous avons continué à l'accompagner dans son sommeil l'après-midi et le soir.

Aussi, j'ai commencé à lui expliquer que bientôt, fillette aurait son lit - dans un mois - et qu'après, quelques mois plus tard, ils dormiraient dans la même chambre tous les deux.  Il faudrait alors qu'il soit là pour elle, que c'est elle qui aurait besoin de réconfort.  Bien sûr, c'est nous qui allons répondre à ses appels nocturnes, mais de savoir tout cela lui a inspiré le sentiment de responsabilité je crois.

Et puis, dimanche dernier, Am., la soeur de M., et Mc., son conjoint, sont venus souper à la maison.  Pendant le repas, ils nous ont questionné sur notre méthode d'endormissement de nos enfants.  Surtout, ils voulaient connaître notre point de vue sur le fameux 5-10-30, technique qui consiste à faire comprendre à l'enfant qu'il doit apprendre à dormir seul en venant à lui après cinq minutes de pleurs intenses pour le rassurer sans le prendre, puis quitter pour ne revenir que dix minutes plus tard pour faire la même chose, et puis, après 30 minutes.  Après quelques soirs, l'enfant comprend que ses pleurs ne servent plus à trouver le réconfort auprès de ses parents, donc ils cessent.  Comme n'importe quoi, il y a deux côtés à la médaille.  Nous avons opté pour le co-dodo parce que cette façon de faire correspondait davantage à nos valeurs.  Bien que cela demande beaucoup de présence parentale pendant les nuits des tout-petits, nous croyons que nous répondons au mieux à leur besoin de sécurité.  Am. nous a demandé si nous n'avions pas peur de plutôt provoquer un tempérament d'insécurité à trop les envelopper.  Je lui ai répondu que plusieurs études prouvent qu'au contraire, si ce besoin de sécurité est totalement comblé dès la début de l'existence d'un être humain, il y a moins de probabilités que l'individu ne souffre de comportements découlant d'insécurité justement, sans parler de tous les problèmes de santé liés à un tempérament nerveux, comme l'insomnie par exemple, ou les troubles d'attention.  Mais comme je l'ai dit, il y a toujours deux côtés à chaque médaille, donc l'important, c'est de faire ce qu'en tant que parents nous sentons que nous devons faire pour nos enfants.  B. a bien sûr assisté à cet échange.

Enfin, depuis une semaine environ, quand garçon se réveillait autour de 5 heures du matin, il nous suffisait de tirer sa couverture sur lui pour qu'il ne se rendorme aussitôt, sans que nous ayons à nous étendre auprès de lui, ce que nous faisions auparavant jusqu'à ce qu'il ne se rendorme complètement.

Ce que je trouve beau dans cette histoire, c'est que ce soit venu de lui-même, que les choses soient allées à son rythme.  Je sens que nous l'avons toujours écouté, respecté.  Notre grand garçon qui nous montre le chemin de son autonomie.  

Autres évènements: fillette fait des séries de quelques pas avec de plus en plus d'assurance, et elle va chercher son pipi lorsqu'elle est installée sur le petit pot et que je lui demande - je vois son bas-ventre se contracter.  Tout ça à onze mois aujourd'hui.  Bien sûr, encore là, tout doit aller à son rythme, alors nous ne provoquons rien de plus que ce qu'elle nous fait comprendre qu'elle peut accomplir.

Quelle aventure que celle d'être parent.  Quel privilège, vraiment.

11.27.2012

détails en aparté

Dire aussi que tu barris en jetant ton bedon en avant quand tu veux quelque chose beaucoup, beaucoup, beaucoup.  Surtout de la nourriture si nous osons manger devant toi sans t'en offrir ou que c'est l'heure du souper et que tu es la dernière attablée.  Et que tu ris de pur bonheur quand c'est le moment de la sieste dans le lit parce que lorsque je t'installe sur ta couverture, sur ton oreiller, avant de tirer la douillette sur ton corps pour te coller tout contre moi, tu comprends que c'est doux, le sein avant le dodo.  Que tu salues ton papa quand il arrive du boulot, en agitant ta petite main au bout de ton petit bras.  Que tu lui donnes des bécots quand il te le demande, avec ta bouche ouverte, depuis quelques jours maintenant.  Que ton beau grand frère en veut lui aussi, un bec, là, au même moment, et que tu lui offres pour sa joie.  Que tu fouilles dans les tiroirs, que tu danses encore et toujours dès qu'il y a musique, que tu ne veux pas de bavette au repas sinon tu l'arraches, que tes traits sont tout simplement parfaits, que tu tires sur tes bas quand tu es sur le pot au réveil de la sieste et que je n'ai pas encore enfilé tes chaussons et que ton visage s'illumine de fierté lorsque tu réussis à les retirer, que ton odeur me saoule, que tu rigoles tout en tintements quand on joue à coucou, que je te dis au moins cent fois par jour combien tu es la plus belle et que tu m'écoutes, ouverte à mes déclarations d'amour.

11.26.2012

ici vers demain

Ma bébé fait dodo.  Depuis une semaine, ses siestes sont écourtées.  Je crois qu'elle est en transition, encore.  Soit que c'est l'heure de son coucher qui se modifie, soit qu'elle en est arrivé à n'avoir réellement besoin que d'une seule sieste par jour.  Mais elle n'a pas encore son un an, alors j'opte davantage pour la première possibilité.  Elle s'endort autour de 10 h maintenant, pour se réveiller 45 minutes plus tard.  Peut-être que je devrais la mettre au lit vers 10 h 30 pour lui permettre de sombrer suffisamment dur.  Nous verrons cette semaine.  Chose certaine, elle repousse toujours son besoin de sommeil à un peu plus tard dans la matinée, justement pour en venir à ce gros bloc dodo que les enfants atteignent à un certain point et qui les voit tomber habituellement vers 13 h.

Ma bébé a fait son caca.  Depuis deux semaines, ça se passe aux deux jours environ.  Quand je suis allée avec elle chez A-M l'ostéo la dernière fois et que je lui ai dis que fillette évacuait aux quatre jours depuis qu'elle avait décidé de manger comme nous, elle m'a répété ce qu'elle m'avait recommandé pour garçon au même moment: "De l'eau, il lui faut de l'eau".  En maman qui allaite et qui croit que le lait suffit pour l'hydrater, j'omettais de lui en proposer à chacun de ses repas et pendant ses collations.  Un oubli qui a fait toute la différence.  Son transit intestinal a retrouvé le lubrifiant nécessaire à son bon fonctionnement et madame est revenu à son habituel caca aux deux jours - c'est comme cela depuis qu'elle a commencé les purées.

Ma bébé est rieuse.  Et affectueuse.  Et adorable.  Et mangeable.  Malgré qu'elle soit de tempérament indépendant, elle est friande de caresses.  Quand je la place sur le petit pot pour un pipi, par exemple, et que je lui chatouille les bourrelets de jambe doucement, elle regarde sur le côté, les yeux bien ouverts, sans cligner ses paupières, un sourire presque imperceptible dessiné sur les lèvres, les mains jointes, la respiration en suspens, immobile.  Une attitude corporelle qui pourrait se traduire par un "je suis dans la lune", quand en fait, la véritable traduction est plutôt "oh-la-la que ça fait du bien toute cette tendresse! j'emmagasine, j'emmagasine!".  Je la croquerais tout rond.

Ma bébé, elle grandit à chaque jour et je m'étonne de tout ce temps déjà passé depuis qu'elle est parmi nous.  De petite boule molle et vulnérable, elle s'est transformée sous nos yeux en fillette pleine d'assurance et ça ne fait que commencer.  De sa naissance à son un an, elle aura grimpé l'Everest.  De son un an à son deux ans, c'est sans doute la Lune qu'elle aura atteint.  À force de tout notre amour emmagasiné, et pour toute ta vie devant toi.      

11.20.2012

de mèche


11.16.2012

en son temps

Vécu un grand moment hier soir.  Installée dans une chaise pour me faire faire une coupe digne de ce mot que le coiffeur me pointe un cheveu blanc.  Mon tout premier cheveu blanc.  Pause.  Reconnaître la charge de ce signe.  À peine eu le temps de revenir de ce moment de recueillement qu'il m'en pointe un deuxième.  Deux cheveux blancs.  Mes premiers cheveux blancs.  La vieillesse s'installe tout doucement, après que mon corps ait pondu deux enfants.    

11.12.2012

ouf

En gros, l'expert de la qualité de l'air nous a dit:  "Le décontaminateur ne m'aimera pas, mais je vais vous expliquer comment faire le nettoyage vous-mêmes".  Et c'est ce qu'il a fait, en répondant gracieusement à nos questions au fur et à mesure de ces explications.  Nous devrions recevoir son rapport demain, indiquant entre autres les chiffres qui nous permettrons de comprendre leur interprétation selon les seuils d'acceptabilité.

M. a déjà débuté le grand ménage, en prévision de la décontamination.  Nous procéderons une pièce à la fois, ce qui porte le nombre de phases à quatre, puisque nous considérons également le couloir dans le calcul.

Bonnes nouvelles donc.  Peu de frais, à part ceux rattachés au matériel que nous devons nous procurer - combinaisons pour chaque décontamination, masque, gants, plastique protecteurs, vadrouille, guenilles, T.S.P. (le produit à utiliser pour se débarrasser de la moisissure), purificateur d'air (appareil à magasiner) -, mais un investissement de temps considérable.  Plusieurs plages horaire à consacrer au respect de l'ordre du processus nécessaire pour l'accomplissement de cette tâche.  Beaucoup de frottage en vue.  Chose certaine, le paradis aura des airs de sou neuf une fois tout cela terminé et M. se retrouvera avec de beaux biceps ciselés.  

11.05.2012

sous la loupe

Notre spécialiste vient plutôt demain.  Vendredi dernier, il s'est faufilé dans un grenier de deux pieds de haut et un faux mouvement a ravivé son hernie discale.  Il nous a contacté hier pour nous demander une autre journée de répit afin de mieux récupérer.  Oui, oui, pas de problème, à mardi alors.  Seulement, M. est une boule de nerfs et vraiment, vivement cette inspection qui, je l'espère, nous donnera l'heure juste.

M. est une boule de nerfs parce que la situation est hors de son contrôle.  De nombreux aléas le taraudent: le degré de gravité de contamination de notre environnement et des matériaux, le plan de nettoyage et de reconstruction, mais surtout, les frais rattachés à tout cet éventuel branle-bas de combat.  Les sous.  Pour une fourmi comme lui, c'est la totale débandade.  Surtout que notre salle de bain a gobé beaucoup de nos économies et que la somme restante dans notre bas de laine était tout juste suffisante pour nous aider à payer notre hypothèque pendant les mois de mon sans solde à la maison.  J'essaie de le raisonner avec des "l'important, c'est la santé et le bonheur de notre petite famille", "nous essuierons cette dette bien assez vite dès mon retour au travail", "il ne faut pas penser au pire de peur de le matérialiser", "cet expert nous annoncera que la situation a été détectée au bon moment et qu'elle est somme toute minime".

Parce que oui, je crois que dans notre malchance, nous avons cette chance inouïe d'être tombé sur le problème.  Imaginez que nous n'avions pas fait faire notre salle de bain à l'endroit que nous avons choisi - en plein milieu du sous-sol -, que le plancher flottant était demeuré tel quel jusque dans plusieurs années - comme prévu à l'origine de nos plans au paradis - et qu'en plus, au moment de poursuivre nos rénovations, nous avions tout simplement décidé de continuer la pose des lattes à partir de l'endroit où M. avait cloué un 2 X 4 à même la dalle pour délimiter la partie finie de la phase 1.  Les moisissures auraient proliféré pas à peu près et l'ampleur de la situation aurait été bien pire que celle d'aujourd'hui.

Je sais que cet expert trouvera tous les bobos de notre foyer et qu'il nous assommera de nombreuses recommandations pour améliorer notre milieu de vie, mais je suis aussi consciente que dans toutes les maisons, il y a des points chauds qui permettent aux micro-organismes de se multiplier ou qui déséquilibrent la qualité de l'air: plantes nombreuses et poussiéreuses, conduits d'air et ventilateurs encrassés, nettoyants parfumés et irritants, climatiseurs colonisateurs de moisissures, tapis et rideaux capteurs de poussières, entretien général négligé, plomberie fuyante et j'en passe.

Il faudra garder l'objectif actuel en vue et utiliser notre gros bon sens si nous ne voulons pas devenir paranoïaques.  Des bibittes, il y en aura toujours, mais disons que certaines sont moins bienvenues que d'autres.     

11.01.2012

proactive

Prendre le taureau par les cornes ou prendre les champignons par les spores, c'est à peu près la même chose.  S'armer de courage pour affronter l'adversité.  Dieu merci pour l'Internet, ce monde virtuel qui m'a permis, plus d'une fois, de procéder à des recherches extensives qui ont porté fruit.  Dieu merci également pour l'intuition, cet allié perceptif qui me guide dans mes rencontres afin de détecter le fond des individus, même lorsque ce sont des marchands du temple.  Enfin, Dieu merci pour ma communauté, parents et amis, qui me permet de ventiler et m'apporte compassion, tout en me fournissant des clefs vers des solutions.

D'abord, nos assurances ne couvrent pas les cas de moisissures parce que celles-ci sont le résultat d'une dégradation graduelle et non d'un bris soudain.  C'est un homme venu chez nous lundi dernier qui m'avait suggéré de les contacter.  Cet opportuniste déguisé en spécialiste de la décontamination pourtant propriétaire d'une franchise recommandée par certaines compagnies d'assurances ne m'a pas inspiré confiance et mis à part cette information, je n'ai pas retenu grand-chose de notre rencontre.

D'ailleurs, quand les assurances m'ont gentiment fait comprendre que c'était notre problème et que c'était à nous de nous en départir, j'ai décidé de chercher comment déraciner le monstre microscopique depuis sa source. En surfant littéralement d'une page virtuelle à l'autre sur notre tablette, j'ai donc suivi une piste pour résoudre notre problème d'envahisseurs non désirés et mes recherches m'ont mené à un expert en qualité de l'air qui viendra chez nous lundi prochain.

Ce professionnel dûment diplômé - formation à la SCHL, certifié par l'IICRC, inspecteur en bâtiment et technicien en environnement reconnu par le gouvernement du Québec, entre autres - passera le paradis au peigne fin pendant des heures afin d'identifier le ou les types de moisissures, leur degré de présence dans l'air, leur niveau de toxicité, mais aussi pour trouver la cause de leur présence.  Parce que si cette cause nous échappe, une décontamination des lieux s'avéreraient bidon puisque les organismes reprendraient du poil de la bête à la première occasion fournit par cette fameuse.  Je croise les doigts pour que celle-ci soit aussi simpliste que le pare-vapeur utilisé ne soit pas approprié pour notre sous-sol en béton, bien que le fabricant indiquait qu'il ne l'était.  Ça se peut.  Ça se peut également que ce soit quelque chose de plus important.  Par exemple, qu'il y ait des infiltrations d'eau entre la terre et la maison due à la pente négative de notre terrain à l'arrière et que de l'eau s'accumule sous notre fondation, raison pour laquelle de l'humidité s'échapperait au niveau de la dalle.  Ça se peut aussi.  Mais rien ne sert de dramatiser ou de projeter les pires scénarios.    

En attendant, le sous-sol demeure un lieu à éviter, pour ne pas permettre aux spores - ces graines de moisissures - de voyager.  Je fonde beaucoup d'espoirs en cette visite de lundi.  Suite à elle, nous obtiendrons un protocole de décontamination et nous pourrons passer à l'action.  D'ici là, nous concentrer sur nos trésors.  Dieu merci.