orphelins de l'Éden

9.25.2012

s'enraciner

Hier matin, coup d'envoi de la réalisation de notre projet de salle de bain au sous-sol, au son du marteau-piqueur.  Tadam.  Ou plutôt taquetaquetaquetaquetaque.  Depuis des mois que nous y travaillons de façon abstraite, la dalle de béton béante, c'est du concret.  Y., notre rénovateur, est tout à fait détendu, compétent, poli, discret.  Autant de qualités qui mettent en confiance et qui assurent un bon climat au paradis pour les semaines à venir.

Avec cet ajout, le paradis ne sera que plus confortable.  Surtout qu'une fois terminée, cette pièce fonctionnelle devrait être belle et agréable, à l'épreuve du temps, pour que nous l'aimions pendant toutes ces années qu'il nous reste à vivre ici.

Le plus drôle, c'est que le jour même où cette amélioration de notre environnement se met en branle, une jeune femme nous demande, indirectement, si nous sommes intéressés à vendre.  Je la remarque parce que je jette un coup d'oeil à Y. l'entrepreneur et son Mc., son homme fort, qui sont dehors à l'avant du paradis, en train de préparer le matériel à sortir de leur camion.  Elle est sur une marche et les aborde.  Je dis à M. de sortir pour comprendre ce qu'elle veut.  À lui, je la vois esquisser un geste qui me fait penser qu'elle a vu quelqu'un rôder autour de notre maison.  Je sors donc à mon tour et voilà que tout ce qu'elle cherche à savoir c'est combien notre nid vaut.  Il faut dire qu'elle est coquette notre petite cabane, différente des autres autour d'elle.

Cette jeune femme, ça aurait pu être moi.  Son style comme le mien, son initiative aussi.  Je lui ai donné toute l'information que j'ai pu - l'évaluation de notre propriété selon notre prêt hypothécaire tout juste renouvelé, les rues où d'autres maisons de ce style se trouvent, la configuration des pièces dans notre carré - et elle est repartie avec mon bonne chance.

Notre paradis, il n'est pas énorme, il n'est pas neuf, mais il est bien joli.  Bien chanceux que nous avons été de tomber sur lui.  Merci la vie, merci, merci et remercie.

9.21.2012

défibrillation

Batteries à plat.  L'ironie du sort a voulu que Jasmine la Fit manque de jus justement cette soirée-là, dans le stationnement d'une grande surface, là où M., garçon et sa mamie étaient partis chercher des bottes de pluie, car pluie il y avait beaucoup.  Tellement que je n'arrivais pas à voir l'entrée du magasin, moi qui devais aller les cueillir dès leur sortie pour leur éviter les trombes d'eau.  Je décide donc d'allumer le moteur pour balayer le pare-brise, mais là, toutes les surfaces vitrées s'embuent de l'intérieur et j'essaie de trouver une façon de chasser cette vapeur d'eau, jusqu'à partir l'air climatisé.  Rien n'y fait et je vois enfin la petite troupe apparaître.  Je tourne la clef parce que, tout à coup, je réalise que j'étais dans un entre-deux et que le moteur ne roulait pas vraiment - comment était-ce possible, je ne le saurai jamais.  Plus de jus.  M. comprend de loin qu'il y a un pépin.  Le temps qu'il se rende au véhicule, un jeune homme s'approche et m'offre son aide: il a des câbles à booster.  M. arrive, je tente de lui expliquer ce qui s'est passé.  Fillette pleure de tous ses poumons sur la banquette arrière.  Elle est épuisée.  C'est pour cela que j'étais restée dans la voiture.  Garçon, quant à lui, perçoit l'agacement de son père, mais surtout, ma déconfiture.  Il fait nuit maintenant.  Il pleut encore.  Il a vu un fantôme dans les allées du magasin.  C'est l'Halloween bientôt, que je lui dis pour le rassurer.  Le jeune homme est revenu par ce temps-là et nous booste en deux trois mouvements.  Je lui dis qu'il est un ange.  Tout en noir, il semble embarrassé d'assister à une scène de ménage, même si elle est contenue.  Car M. n'est pas fière de moi.  Du tout.  Jasmine la Fit aura des séquelles.  Nous rentrons et sur le chemin du retour garçon remercie encore et encore ce jeune homme venu nous assister.  Oui, il était extra gentil celui-là venu d'on ne sait où.

Bref, pas jojo comme journée.  Mais vraiment, cet incident ne m'a pas achevé.  Loin de là.  Parce qu'au-delà de l'ironie du sort, il y a eu la magie du sort.  Ce bon Samaritain aux yeux bleus perçants, je lui souhaite tous les bonheurs du monde.

Il y a eu aussi les amis.  Vous et Jl. ma grande amie et An. la Brésilienne.  Deux bonnes conversations pour sortir le méchant.  Expectorer les blues. Une fois cela passé, l'humeur qui se stabilise, l'énergie qui se remet à circuler plus facilement.  Même si du stress subsiste dans le paradis à cause des travaux de la salle de bain au sous-sol qui se mettent en branle dès lundi.  Et que mon système est épuisé au bout de ces mois de maternage intensif.  Me concentrer sur mes deux soleils qui me donnent tant.  Fillette qui danse depuis cette fameuse soirée-là.  Garçon qui fait tout pour la faire rire.

Car après la pluie, le beau temps.    

9.18.2012

stay tune

Je suis dans un creux.
Batteries à plat.
Pas d'inquiétude.
Le moral reviendra.

9.11.2012

bilan

L'air frais revient tirer le rideau sur l'été.  Il aura été chaud et bleu celui-là.  Tout simplement tropical.

Alors, arrive l'automne, et avec lui, mes trente-cinq ans.  Mais vraiment, juste un nombre.  Un autre de plus au compteur de mon bagage mnémonique.

Juste cela vraiment.  Tellement abstrait ce concept de temps.  À rebours, presque aussi flou que tous ces rêves qui me tiennent active la nuit.  Des sensations, des flashes, des reconstitutions parfois trompeuses.  Ce moi au passé, il appartient autant à ceux qui l'ont accompagné qu'à lui-même.  L'imagination, dans ce cas-ci, fait figure de souvenir.  Ou vice versa.  Quoi qu'il en soit, je ne suis pas fan de l'épanchement sur ce qui a été.  Vaut mieux investir ce qui me semble réel.  Sublime présent.  Faire de mon mieux ici maintenant et poursuivre dans ce bonheur tranquille.  Vivre avec la conscience claire de porter un coeur léger.  Trente-cinq ans à toujours l'entendre me chuchoter.  Vaut mieux s'en tenir à l'essentiel, sans traîner de squelettes empoussiérés.  À chaque soleil, renouveler mon oui je le veux chère vie.  Ça, je peux.  Même si ce n'est pas toujours facile, même si parfois, ça fait mal.  M'investir et tenter de comprendre.

9.04.2012

cher inconnu

De petits moments magiques comme celui-là, survenu le jour du mariage de ma soeur aînée, il y a presque deux mois maintenant.

En me rendant au comptoir de la réception de l'hôtel où se déroule le grand évènement pour y quérir la purée de fillette gardée au froid dans un frigo, je croise un homme, polo jeté sur les épaules, l'air impeccable d'un touriste enthousiaste.  Portant fillette dans mes bras, il me fait un gentil commentaire à propos de mon bébé et hésite entre le masculin et le féminin pour la désigner.  Petite fille, que je lui offre, en ajoutant que de toute manière, à cet âge-là, ce sont parfois les vêtements qui peuvent fournir des indices sur le sexe du poupon et qu'en occurrence, le orange est une couleur bien neutre.  Je crois qu'il me répond quelque chose comme quoi l'important, c'est la santé.  Et moi de compléter que oui, tout à fait, nos chers miracles de la vie.

Notre rencontre se dénoue, chacun poursuivant son chemin.  Je demande la purée de fillette et je remarque que l'homme est encore dans le hall, sans y porter plus d'attention.  Peut-être attend-il quelqu'un.  Mais voilà qu'il revient vers nous et m'aborde en me tendant un livre.  Dont il est l'auteur.  Claude Dolbec.  C'est son nom, inscrit sous le titre de l'ouvrage arborant les traits un peu flous d'un visage de jeune femme en page couverture.  Sous le soleil de la vie.  Sa fille aurait trouvé ce titre, après l'avoir lu.  Sa fille qui est décédée.  Mon coeur se serre.  Mes plus sincères condoléances - quoi dire, sinon cela.

Il m'explique que c'est parce que j'ai dit que les enfants sont des miracles de la vie qu'il a pensé à me l'offrir, que c'est l'histoire d'un homme, Hugo, et de sa fille, Marianne, que c'est en quelque sorte leur histoire, à lui et à sa fille.  Il parle vite et enchaîne plusieurs informations à propos du livre - qui a été offert à des interprètes de  renom lors d'une fête régionale en Outaouais -, du prénom de son héroïne - sa fille porte comme autres prénoms Marie et Anne et il l'avait oublié au moment de l'écriture -, de Paolo Coehlo qui l'a félicité pour son récit.

Il m'aura fallu deux mois pour lire cette soixantaine de pages.  C'est que je l'avais commencé, mais mis de côté lorsque j'ai dû orchestrer le baptême de fillette - surtout pour la préparation du menu qui s'est étalée sur une semaine, sans compter la planification ni les courses.  Glissé dans un tiroir et oublié, où je l'ai retrouvé il y a quelques jours, pour le parcourir d'un seul souffle samedi dernier pendant la sieste des cocos.

Que de beauté condensée dans ce mince ouvrage lumineux carburant à la reconnaissance profonde pour cette opportunité magistrale qu'est la vie.  Que de poésie, d'appréciation des choses toutes simples, d'élan créatif.  Le genre de récit qui inspire à prendre le temps, vraiment, pour humer le parfum d'une saison, pour capter le reflet de soleil caché dans une goutte d'eau, pour aimer avec un coeur d'enfant, toute la vie.  

Un livre petit moment magique.  Complètement coffre à trésors si vous voulez mon humble avis.