orphelins de l'Éden

7.30.2012

tu nous complètes et ça me fait pleurer de joie

Me souvenir de ma grande amie Jl. qui lit, debout à la gauche de Cm. à mon sein, et de moi, assise, le texte splendide qu'elle a pondu de son âme de poétesse pour souligner le jour de ton baptême ma bébé, du soleil brûlant plombant ton crâne dégarni pendant que j'essaie de le protéger de ma main dégagée, de ce soleil qui m'aveugle comme pour m'obliger gentiment - moi qui m'esquive au premier compliment - à accepter le don de ses mots sublimes qu'elle nous offre, à chacun d'entre nous, membres de notre petite famille, toi, moi, ton papa et ton beau grand frère.  Ta marraine Jl., elle est géante de talent et de sensibilité.  Temps suspendu grâce à son pouvoir orateur.  Me souvenir du bouleversement par la force de la beauté qu'elle a suscité dans les coeurs de tous ceux et celles réunis pour te célébrer, de la vibration collective qu'elle a su créer.

Cette fois, nous avions décidé d'inviter les membres de nos familles, nos voisins devenus amis, Cr., l'éducatrice en or de garçon qui deviendra aussi celle de fillette dès janvier, accompagnée de sa petite famille, et puis Jl. et sa petite famille.  C'est tout.  Quarante réunis c'est déjà assez, surtout que du côté de nos voisins Brésiliens, ils étaient dix à eux seuls - les parents de T., son frère, sa soeur, son mari, ses parents à lui, son frère à lui -, mais je tenais à les recevoir dans notre demeure afin de leur redonner un peu de leur immense générosité à notre égard.  Enfin, je savais J. ma voisine de l'autre rive en Abitibi avec sa petite famille et Sm. notre autre ancien voisin, sur le point de se marier.  Il y avait aussi d'autres voisins devenus des amis, etc.  Mais puisqu'il me fallait préparer de la nourriture pour tout ce beau monde, la liste d'invités s'est arrêtée là.  Finalement, à voir la quantité de bouffe que j'ai refilée à la fin de l'heureuse réunion, j'aurais pu inviter tous ceux-là aussi et d'autres encore.

La cérémonie, elle a été la même que celle que nous avions orchestrée pour garçon, à la différence de l'introduction du texte, bien sûr.

Camille, notre perle précieuse, notre lapine au parfum irrésistible, aujourd'hui, nous voulons t'accueillir sur cette planète bleue aux milliards de trésors, dont tu fais partie depuis que nous avons su que tu t'étais accrochée à moi. C'est que tu es venue à nous, tes parents, à la vitesse de l'éclair, ce qui nous a agréablement surpris. Par ta vive curiosité, nous comprenons que si tu avais pu, tu l'aurais fait encore plus vite tellement tu sembles vouloir tout saisir de ce qui t'entoure avec avidité. Là d'où tu viens, je t'imagine qui tapais du pied dans l'attente du retour de ma fertilité, sautant sur la première occasion que nous t'avons donnée.

Avec toi parmi nous, ici, dans cette maison où tu as été conçue, notre famille est complète. À tous les jours qu'il te reste, nous serons tes guides et Boris, ton beau grand frère, sera ton complice. Tu sais paver ta voie, aucune inquiétude. Ta volonté du tonnerre nous l'a déjà maintes fois confirmé, même si tu n'en es qu'à la moitié de ta première année de vie, imagine. Tout de même, devant ta communauté, nous tenons à te présenter la foi universelle qui te soutiendra toute ta vie si le désires ainsi.

De là, les mêmes mots* pour tenter de la décrire, cette foi universelle, que ceux que nous avions utilisé pour garçon, et la même boule d'amour pour te fournir cette impulsion positive qui te lance officiellement sur ton chemin de vie.

Cette fête, elle a été parfaite de plaisir, avec une belle brochette d'enfants courant partout et de gens appréciant la présence des autres à rencontrer, le soleil, le festin.  En espérant que ce soit de bon augure pour le restant de ton existence, petite poulette adorée, qui parvient maintenant à s'asseoir depuis sa position de serpent à plat ventre.  Volonté du tonnerre que je vous dis.

*voir 9.06.2010 - profession de foi

7.23.2012

nourrir l'album

Pendant que les grains du sablier me file entre les neurones, j'ai l'impression de perdre de vos vies, mes chers enfants, à force de ne pas venir ici assez souvent.  Venir pour carder les petits moments qui tissent la toile de notre quotidien familial, rempli de vos gestes et manies comme autant de rayons de soleil.  Des claquements de langue de fillette débutés il y a une grosse semaine et demie pour communiquer sa joie, aux effusions de "je t'aime" de garçon, traduisant peut-être son insécurité de voir sa petite soeur prendre de plus en plus d'espace avec ses déplacements reptiliens rapides, de la possible roséole de fillette qui a eu une petite poussée de fièvre la semaine dernière suivie de l'apparition de taches rouges sur une très grande surface de son corps dodu, aux chansons douces que lui fredonne garçon depuis trois jours pour la calmer lorsqu'elle s'impatiente de ne pas être assez stimulée.

C'est que la miss est curieuse comme dix et tout à la fois, elle se désintéresse à la vitesse grand V des objets que nous lui présentons, ce qui fait que nous avons des tonnes de petits machins empilés un peu partout dans les aires de vie du paradis.  La barrière pour bloquer les escaliers est installée depuis plus d'un mois maintenant.  C'est M. qui en a décidé ainsi lorsque nous nous sommes aperçus que fillette se déplaçait avec une facilité accrue à chaque jour qui passait.  Maintenant, elle est si agile à avancer sur le ventre qu'elle passe même d'une pièce à l'autre si l'envie lui en dit.

Parallèlement à son évolution fulgurante, il y a celle de garçon au niveau du développement de son langage.  Son vocabulaire s'étoffe et il travaille même à préciser sa prononciation lorsque les phonèmes qu'il émet pour constituer certains mots ne sont pas justes.  Par exemple, papa et lui ont pratiqué le mot girafe qui comportait deux défis: celui du "g" et celui du "r".  Tout ça avec l'aide d'un livre de la bibliothèque que j'ai rapporté la semaine dernière qui raconte l'histoire d'un ours et d'un éléphant un peu différents de ceux de leur espèce et qui se prennent pour des girafes.

Autre chose à couler par mortier dans nos souvenirs, le beau moment de charade que nous partageons tous les quatre, installés dans l'îlet, juste après les bains et juste avant les dodos.  C'est un rituel qui a débuté il y a quelques semaines maintenant et garçon en raffole.  Une fois son body crémé, ses dents brossées et son pyjama enfilé, il vient s'asseoir sur un oreiller pendant que je donne le sein de la nuit à fillette assise en tailleur et que papa le suit pour venir s'étendre.  Un après l'autre, suivant l'ordre que garçon établi - maman, après moi, après Cm., après papa, après maman -, nous énumérons des indices qui décrivent quelqu'un ou quelque chose que les autres doivent deviner.  Le plus adorable, c'est que lorsque garçon fait son énumération, il glisse toujours le mot de la chose qu'il tente de décrire ou il la pointe si elle se trouve tout près.  Par exemple, il dit: vole, mange des fleurs, coccinelle, rouge.  En bons joueurs, nous proposons "coccinelle" et il s'exclame "oui, bravo!".  Aussi, quand le tour de fillette vient, je dois être celle qui la fait et toujours celle-ci: je suis un animal, j'ai de longues oreilles, j'ai une queue comme un ponpon et je bondis.  Bo. s'exclame "un lapin!" avec une nouveauté à chaque fois renouvelée.  La sécurité de la répétition à son meilleur.          

Déjà, je respire un peu mieux d'avoir encore réussi à engranger un peu de vous deux.  Parce que bien que l'on ne puisse jamais revenir en arrière, les écrits arrivent à figer un présent que l'on peut revisiter dès lors à tous moments.  Une force des mots que j'espère maximiser pour votre bonheur de vous découvrir tout petits lorsque vous serez plus grands.  Pour mon bonheur aussi, de vous revoir pousser sous mes yeux, mes chers enfants.

7.12.2012

des pics

C'était il y a dix jours bien exactement que j'ai remarqué l'entaille minuscule dans ta gencive annonçant ta première dent, ton incisive centrale inférieure droite, et dans cette courte dizaine, toute une pléiade d'émotions fortes sont venues me tirer hors ma routine.

Le jour du mariage de ma grande soeur m'a permis de dire un immense merci à la vie de m'avoir placée au sein d'un si beau clan béni par le bonheur de l'amour partagé.  Mes soeurs, ma mère et moi sommes éprises d'hommes parfaits pour chacune d'entre nous.  Après tous les tourments amoureux qui ont rongé nos coeurs à un moment ou à un autre, ce répit vaut son pesant d'or.

Quelques jours précédant cet heureux évènement, mon âme s'est au contraire glacée quand j'ai déposé fillette sur la table à langer pour la préparer avant d'aller à l'hôpital puisqu'elle vomissait depuis une quarantaine de minutes jusqu'à la bile et que j'ai vu ses yeux révulsés, la pâleur de son teint, la mollesse de son corps inanimé.  Un 9-1-1 plus tard, la chipie s'est réanimée dès qu'un des deux ambulanciers l'a déposée sur le divan pour prendre ses signes vitaux.  Vous auriez dû la voir toute nue à part pour sa couche, installée dans son siège de bébé sanglé au lit roulant, ses yeux noirs grand ouverts, à faire des belles manières à l'ambulancier totalement attendri par sa bouille charmante de petite blette coquine.  La peur de ma vie soufflée en un claquement de doigts pour me laisser plutôt avec l'inconfort d'avoir agi trop impulsivement.  Mais comme l'ambulancier me l'a répété pour calmer ma honte d'avoir mobiliser un véhicule d'urgence pour me rendre à l'hôpital, avec un nourrisson, on ne peut jamais être trop prudent.  Au final, M. et garçon sont venus nous cueillir à l'urgence de Charles Le Moyne une demi-heure après notre arrivée parce que les lieux exigus étaient bondés de porteurs de maladie à la mauvaise mine qui semblaient incrustés dans leur siège tellement le service était au ralenti et que la miss, elle reprenait du poil de la bête comme pas à peu près.

Sinon, une joie sereine de passer une magnifique matinée ce lundi avec ma petite famille à vivre une petite expédition réjouissante à même nos environs.  C'est que nous avons sauté à bord de la navette fluviale qui relie le Port de plaisance Réal-Bouvier à Longueuil au Vieux-Port de Montréal, le temps de parcourir les quais jusqu'au Müvbox où nous nous sommes régalés d'une pizza au homard bien sympathique.  Tous les quatre à nous balader.  Tellement comblée de vous avoir dans ma vie, que je me murmurais secrètement pendant que je vous observais, nos nez dans le vent du fleuve, à saluer les travailleurs terrer sous le Pont Jacques-Cartier.  Pas difficile à séduire la fille.  Y'a pas à dire.

7.06.2012

I do will do

Demain, ma grande soeur se marie.  Robe blanche et longue, cérémonie religieuse, souper gastronomique et faste, décor champêtre.  La totale.  Comme dans ses rêves.  Comme dans ses rêves depuis qu'elle est revenue divorcée il y a huit ans.  Tout le monde mérite le bonheur et après cet échec bouleversant, G. le goûte avec une infinie reconnaissance auprès de son homme, celui de ses rêves, père de leurs deux beaux garçons.  Demain, ma grande soeur scelle son futur, pour toujours que je lui souhaite, la sachant comblée.

À nouveau, je serai la seule des trois soeurs à ne pas vivre en couple selon ce saint sacrement.  Certains le savent déjà: pour moi, mes enfants sont le gage le plus sûr de la pérennité de mon union.  Car quand bien même l'amour n'est plus au rendez-vous entre M. et moi un jour, nos enfants nous lient à tout jamais.  Rien de plus béton dans mon livre.  Pas même un beau diamant.  Ils nous lient par leurs futurs anniversaires, par leurs succès scolaires ou sportifs à venir, par leurs enfants qu'ils auront à leur tour.  M. et moi, on a dit un gros oui à partir de l'instant où garçon s'est pointé le bout du nez, avec tout ce que ça implique.

Bien sûr, nous sommes toujours fiancés et bien sûr, il est toujours dans nos plans de nous marier lorsque nos enfants seront en âge de participer à la célébration afin de s'en souvenir toutes leurs vies.  Je vois ce moment futur comme un renouvellement de nos voeux amoureux.  Dans mon livre, ce ne sera pas la première fois que nous prononcerons le oui.  Déjà depuis neuf ans que nous le faisons à chaque soleil qui se lève.  Oui, je continue à vivre auprès de toi, bel homme au coeur heureux, parce que je le veux et quand tu me verras vêtue de blanc, ce ne sera qu'une prolongation de ce serment journalier.  Pour le meilleur surtout.  Et si le pire survint, nous nous aurons l'un, l'autre, avec tout ce que ça implique.  L'amour surtout.  Malgré tout.