orphelins de l'Éden

10.30.2011

antiféministe

Souper du dimanche soir préparés grâce aux deux appareils modernes qui facilitent la vie des ménagères surmenées, j'ai nommé: la mijoteuse et l'autocuiseur. Je rigole un peu parce que voyez-vous, j'ai parcouru le livret miniature qui accompagnait le presto que ma belle-maman m'a prêté cet après-midi pour me familiariser avec la bête en stainless et à mon grand amusement, j'ai pu constater que l'époque des femmes aux fourneaux n'est pas bien loin derrière nous. La préface débute ainsi: chère madame. Pas de doute, l'homme était celui que l'on sert. Ce fameux document au look vieillot n'est pas daté, mais mon pif me dit fin année soixante-dix, début quatre-vingt. Quoi qu'il en soit, grâce à ce prêt, j'ai pu cuire des légumes racines en un temps deux mouvements. Première expérience concluante et encourageante. Je sens que cet autocuiseur deviendra un bon allié dans la cuisine. Moi, femme soucieuse de servir à sa famille des mets sains et savoureux. Franchement rigolo, je vous jure.

10.28.2011

depuis le début

L'âme vogue vers ce qu'elle fut.
Plonge, se perd, reconstitue.
Fil rompu.

C'est moi qui me cherche au travers mes trous.
Sans grand effort vraiment, je suis une pratiquante du présent.
Ce qui vient est souvent ce qui doit remonter à la surface.
Sans grande importance sinon celle de se former puis de s'envoler.
Une bulle qui témoigne de ma mouvance dans la vase du temps.

Ce doit être le lyrisme automnal.
Ce doit être l'écho de la solitude.
Ce doit être l'approche du recommencement.

10.26.2011

éclat subtil

Une bonne journée sous un soleil blanc. Mon homme a pénétré un rêve et il se peut que tout cela devienne réalité. Sous peu des nouvelles à ce propos.

Garçon continue de faire ses pipis et ses cacas dans le petit pot après nous avoir averti de son envie. Plusieurs jours de suite sans accident. À deux ans, tout tombe en place et je suis heureuse que cela se fasse plusieurs semaines avant l'arrivée de fillette. Moins de chances de régresser à son apparition dans la maison.

La brûlure dans ma cuisse diminue si j'élève mes jambes plus haut que mon coeur pour une quinzaine de minutes, deux ou trois fois par jour. Alors aujourd'hui, au onzième, je m'installe dans cette position pendant mes pauses, les pieds sur un bureau, le corps basculé sur une chaise inclinée, après avoir demandé à mes collègues si je le peux. Nous sommes dans une salle en retrait et elles comprennent tout à fait mon inconfort. Ce sont toutes des femmes et elles savent ce que le corps peut subir par une grossesse.

Remarquez, le mien se porte plutôt bien mis à part cela. Mon ventre est tendu comme un tambour et aussi rond qu'un immense globe terrestre. Je reçois des compliments à son propos à tous les jours. Comment ne pas apprécier cet état que je vis sans doute pour la dernière fois de ma vie.

Tu m'embellis. Imagine à quel point tu es resplendissante.

10.24.2011

à la surface

Depuis les années que je viens écrire ici, c'est une première. Jamais n'ai-je délaissé mon espace virtuel pour une si longue période. Mais bon, je l'avais pressenti. Couper quelque part. Il le fallait pendant les deux dernières semaines qui viennent de filer.

Difficile donc de reprendre les mots qui devaient figer les petits moments aux quelques jours, comme à mon habitude. Moi, l'auteur de l'anecdotique, je dois me contenter de souligner les grandes lignes pour rattraper le retard de ce qui autrement, disparaîtrait définitivement. Mieux que rien.

Quelques jours après les dents de garçon, M. a chopé une sale grippe qui l'a cloué au lit pour un long 48 heures. Fiévreux pour plus longtemps, amorphe, poqué. Dans cette période de maman qui devait compenser pour le manque d'énergie de papa, garçon nous a inquiétés lorsqu'il a commencé à se plaindre "pique, pique" quand il urinait. Heureusement, j'ai vite compris que l'irritation se situait sur son pénis et non pas dans son urètre. Un peu de pommade de zinc à la calendula pour soigner le bobo, accompagné d'un "bye bye bobo". Malgré tout, les nuits ont à nouveau été saccadées pour bibi - moi - et le soir, quand garçon finissait par s'endormir, je me traînais de peine et de misère à la douche puis à mon lit. Complètement crevée.

Parce que j'ai une fille qui a grand besoin de mon énergie elle aussi. Belle miracle renouvelée. Bah pourquoi ne pas dire belle miracle renouvelée dans ton cas. Tu es bien cela, un miracle et une demoiselle alors tout cela s'accorde naturellement.

Et pour ton histoire personnelle, sache qu'il y a deux semaine environ, ton papa a remarqué un hématome derrière ma cuisse. Puisque je ne me change pas systématiquement devant un miroir, il m'a fallu plus qu'une semaine pour réaliser que ce même bleu est encore là et que finalement, à y regarder de plus près, cette tache est en fait un condensé de varicosités. D'ailleurs, ma cuisse me brûle. Une lourdeur s'y est installée. J'en glisserai un mot au médecin, mais je sais que c'est après l'accouchement qu'il faudra y remédier.

Pour revenir à ton grand frère, eh bien, c'est demain qu'il soufflera ses deux bougies. Bonhomme. Deux ans, deux gâteaux. Un chez Cr. et les amis et un second en soirée, au paradis, avec les amis-voisins et peut-être mamie. Rien de trop extravagant. Juste assez de joie pour t'entendre rire aux éclats.

Deux ans et depuis quelques jours, des "pipi" avant le fait qui nous permet de nous rendre au petit pot pour les attraper lorsqu'ils sont vraiment là. Les "caca", il y arrivait depuis plusieurs semaines maintenant, mais là, sa couche reste sèche toute la journée chez Cr., tant et tellement qu'elle parle de l'accueillir avec des petites culottes dès la semaine prochaine. Coco.

21 h 31. Heure d'aller dormir pour les huit prochaines heures. Ah oui, il paraît que depuis deux semaines, je ronfle. Une autre première.

10.12.2011

les voilà

Garçon est une bouillotte depuis la nuit dernière. Peut-être ses molaires qui déchirent ses gencives. Puisque les dernières fois où il fut fiévreux, il était tout de même plutôt lui-même pendant le jour, je l'ai laissé à la garderie ce matin, en demande d'abord à Cr. si elle se sentait à l'aise de l'avoir dans le groupe. Il n'a aucun symptôme de maladie et elle sait que pour nous, la fièvre est un moyen de combattre un intrus dans le système. Elle a accepté de le garder et lorsque j'ai appelé vers 11 h 20 ce matin du travail, garçon était un peu léthargique, mais participait aux activités de son mieux. À 15 h 20, c'est Cr. qui m'appelle pour me dire que depuis qu'il s'est réveillé de la sieste, il est inconsolable, en plus d'être brûlant. Je suis là dans une heure.

Quand je le cueille, mon amour éclate en sanglots et se blottit dans mes bras. Je sais que la fièvre augmente en fin de journée. Je savais qu'il serait dans cet état lors de mon retour, mais bon, je dis à Cr. que si demain il fait encore de la température, je le garde à la maison.

Arrivés au paradis, je réalise que je n'ai pas la clef. Depuis les cinq ans que nous habitons ici, je crois que c'est la troisième fois que ça arrive. Une journée pleine de pépins. Heureusement, il fait doux. Heureusement aussi, mon voisin est là et je peux téléphoner à M. pour lui demander de rentrer du boulot s'il te plaît, je ne peux pas ouvrir.

Bo. est à nouveau inconsolable. Tout ce qu'il veut, c'est d'être collé, tranquillement. Alors je me dirige dans notre cour et pendant la demi-heure qu'il faut à papa pour rentrer au bercail, je le berce en chantonnant doucement, tout son petit corps à l'abandon sur mon torse. Il sommeille dans la lueur bleutée du jour.

Demain, nous passerons une journée ensemble puisque toute la nuit, la fièvre t'aura habité pour finalement te quitter vers 4 h du matin. Dans l'après-midi, tu récupéreras des forces pendant une sieste qui durera quatre longues heures. Avant ton bain, je palperai tes gencives pour confirmer que ce sont tes molaires inférieures qui sont sur le point d'exploser de ta peau enflée. Pauvre coco. Si seulement je les avais palpées avant. Camilia, l'alternative homéopathique, aurait apaisé ta douleur. Jusqu'à maintenant, ta poussée dentaire ne t'avait pas incommodé. Je saurai pour les deux dernières.

Quelle mère cruelle je fais. Une maman qui apprend à tes dépens.

10.10.2011

coupure

Mais où est passé le temps. Le temps pour venir ici je veux dire. Le temps de m'asseoir et de raconter, de relater, de respirer en écoutant ma voix muette, celle qui ne peut s'exprimer lorsque je fais la vaisselle ou que je prépare un repas ou que je marche pour me rendre du point A au point B ou que je joue avec garçon. Pas vrai, la voix peut être là pendant tous ces moments en fait, mais impossible de la laisser s'épanouir librement à part lorsque je viens m'installer au clavier et pour cela, je me demande où est passé le temps. Le temps de ma créativité. Que je sacrifie parce qu'il est l'extra dans ma vie. Force est de constater. Bien beau le discours qui prône cet espace intérieur où l'on jardine son soi en s'adonnant à une activité qui fait grandir, mais quand les journées sont réglées au quart de tour, force est de constater qu'il faut sacrifier quelque chose. Pas le sommeil, pas le peu de vie familiale qui reste après le travail, pas la préparation des repas pour une santé de fer, pas les taches ménagères qui assurent un nid agréable, même si oui un peu beaucoup puisqu'on finit par ne faire que l'essentiel d'une semaine à l'autre sans jamais avoir l'impression d'y aller jusqu'au bout. Alors quoi, l'espace intérieur que l'on jardine en s'adonnant à une activité. M. m'a suggéré d'apporter mon portable avec moi pour écrire dans l'autobus le matin ou le soir. Trop lourd. Déjà chargée comme un mulet, en plus de porter une belle grosse fille dans le bedon. (Oui, oui, je la sens grosse.) Et puis, dans l'autobus, je lis. J'ai retrouvé cette activité que j'avais perdue depuis la naissance de garçon, par faute de temps passé quelque part ailleurs que pour cultiver cet espace intérieur pendant mon maternage intensif. Une de perdue pour une de retrouvée. J'imagine que mon soi peut encore grandir malgré tout.

10.07.2011

Un week-end de l'action de grâce sous le soleil de l'été indien à St-Sauveur au bout milieu des couleurs du jeune automne, à être tous ensemble, la famille étendue. Que demander de plus.

10.04.2011

rebond

J'ai eu une deuxième rencontre avec le médecin que j'avais trouvé froid, celui qui avait suivi ma soeur pour ses deux grossesses et dont elle m'avait dit tant de bien. Ce rendez-vous a eu lieu quelques jours après mon gros bof ressenti après ma visite auprès de la sage-femme. Disons que je ne m'attendais pas à grand-chose, que je ne m'attends plus à grand-chose fraudais-je dire, que comme ma mère me dit pour me ramener à l'important: ma fille est en santé et que s'il me faut passer au travers une seconde césarienne, eh ben, il faut ce qu'il faut. C'est dix millions fois mieux que de revenir à cette case départ où nous attendions l'implantation d'une vie dans mon utérus avec une impatience qui devint dans mon cas une profonde détresse. Combien fort le veux-tu vraiment. Peut-être que Dieu, qui sait tout du passé, du présent et du futur, le savait lui ce qui m'attendait et qu'il se doutait bien que je serais terriblement déçu de ne pas pouvoir sentir mon corps de femme lancé dans sa plus ultime expérience, moi qui crois tellement à la perfection de cette machine de chair. Peut-être qu'il me fallait vouloir un enfant à tout prix, pour ensuite accepter de laisser aller cette ultime expérience, deux fois plutôt qu'une.

Mais voilà, tout n'est pas perdu. Cette deuxième rencontre avec Dr P., elle s'est avérée plutôt bien. Il m'a remis un document sur l'AVAC dans lequel il est clairement écrit qu'il est préférable pour une femme de tenter un accouchement par voie naturelle après une césarienne plutôt que d'opter d'emblée pour une seconde chirurgie. Ce court feuillet fut rédigé par une résidente parrainée par Dr P. et concerne la vision de l'équipe d'obstétriciens de Pierre-Boucher. Tout à coup, l'univers semble me ramener ailleurs, même si oui, Anna-Laberge est toujours notre option numéro un maintenant. Au moins, nous avons pu lire noir sur blanc que dans des cas de césarienne pour siège, où la femme gravide une seconde fois est en bonne santé, les possibilités de réussite d'un AVAC sont de 80 %, ce qui n'est pas rien. M'accrocher à cela et cesser de chercher à lire le futur.

Même si, acceptante de l'omniscience du Grand Manitou, je demeurerai volontariste malgré tout. Fidèle à moi-même.

10.01.2011

emberlificotaillée*

Moi saumon qui remonte le courant pour frayer. C'est l'impression que j'ai à la sortie de notre rencontre avec Cc., la sage-femme. Dans ce bureau-là aussi, je me fais rebattre les oreilles avec les risques reliés à un AVAC, avec les possibilités de rupture utérine surtout. Selon cette professionnelle de l'accouchement, les chiffres seraient plus élevés que ceux que je lui cite - le fameux moins que 1 % de probabilité que j'avais déniché sur le site Internet de l'association césarine, études à l'appui. Elle n'avance aucune statistique, mais dessine un portrait dramatique d'une situation de déchirure des membranes cicatricielles hors d'un milieu hospitalier. L'issue serait fatale pour la mère et pour l'enfant, un point c'est tout. En d'autres mots, pas le temps d'attendre une ambulance si nous tentons un accouchement à la maison et que le pire survient. Et donc, parce que l'hôpital de Richelieu met des bâtons dans les roues du programme de l'implantation du service de sages-femmes en ne leur offrant pas de locaux dans lesquels elles pourraient pratiquer d'ici l'ouverture de la maison de naissance, pas de possibilité de suivi avec Cc. dans mon cas, vue que ce serait une tentative d'AVAC et qu'il nous faudrait absolument être à l'hôpital.

Moi saumon qui remonte le courant. Plus je tente de croire à un accouchement naturel, plus l'univers me tape sur les fémurs pour me faire fléchir. Pourtant, c'est ce même univers qui a fait débloquer l'implantation d'une maison de naissance en Montérégie qui stagnait depuis des années et des années exactement au moment où j'apprenais que j'étais enceinte. Moi yoyo. L'aura, l'aura pas. Le simple fait de vivre ce que mon corps de femme est fait pour faire. Combien fort le veux-tu vraiment.

Au moins, il nous reste Anna-Laberge à Châteauguay. Mais là encore, peut-être fondai-je trop d'espoir dans ce milieu hospitalier, sur les faits qu'il détienne une accréditation en périnatalité "ami des bébés", qu'il ait été classé au premier rang dans un palmarès des maternités dans le quotidien La Presse et qu'il ait été le premier à implanter une approche multidisciplinaire en prévention des soins obstétricaux. Le plan d'y débarquer au moment de mon travail en inventant que nous étions chez des amis en visite tient toujours. La seule chose, c'est qu'il me faudra avoir en mains mon dossier obstétrical complet, comprenant les détails de mon intervention chirurgicale. C'est Cc. la sage-femme qui nous l'a recommandé. Elle nous a expliqué que sinon, je passerais le plus probablement au bistouri pour ce deuxième enfant que j'attends puisque que les intervenants ne me connaîtraient ni d'Ève ni d'Adam et se fierait au seul mot "césarienne", sans savoir si c'était vraiment pour un cas de siège. Nous inventerons donc que nous étions chez des amis et que j'avais mon dossier en main à la recommandation de ma belle-soeur qui est infirmière et qui sait qu'il est préférable pour un milieu hospitalier d'avoir toutes les données pour bien procéder.

Décidément, le bon Dieu m'aura occupé la volonté tout au long de mes deux grossesses, jusqu'à leurs derniers instants.

* merci, Daniel Boucher