orphelins de l'Éden

9.28.2011

visualiser, prier, créer

Deux messages du CLSC du Haut-Richelieu m'attendaient hier en rentrant du boulot. Dans le premier, la coordinatrice du programme des sages-femmes tenait à m'avertir qu'elle était toujours en négociation avec l'hôpital de Richelieu pour que ces spécialistes de la naissance puissent avoir des locaux où travailler, le temps que la maison n'ouvre au printemps 2012. Elle se voulait rassurante, tablant sur le fait que d'ici ma date due, tout pouvait encore tomber en place. Elle terminait en disant que si j'étais prête à rencontrer le lendemain Cc. malgré cette incertitude, je n'avais qu'à me présenter pour en parler avec elles deux. Dans le deuxième message, l'adjointe administrative du programme m'annonçait que mon rendez-vous du lendemain justement était remis à vendredi, si cela me convenait. Eh ben. Au moins, tout n'est pas perdu. Nous finirons bien par nous engager sur ce chemin que nous souhaitons tant parcourir.

Avant de me mettre au lit hier soir, M. me demande si je suis déçue. Non, tout n'est pas perdu, ce n'est que partie remise. Mais le plus beau, c'est que de son propre chef, il me dit que si ça ne fonctionne pas à Richelieu, nous avons toujours l'option Châteauguay, à Anna-Laberge. Il comprend que je ne veux pas un bis à Pierre-Boucher. Il sait pourquoi. Il m'appuie. Mon chêne.

9.25.2011

coule, le sablier

Ma fête se sera étirée sur quelques jours, avec ma grande amie Jl. qui est venue livrer en douce un sac cadeau bourré de belles choses à mon attention pendant ma séance chez l'ostéo, nos voisins amis Ct., Or. et leurs deux petites qui ont fait un saut de crapaud hier matin pour m'apporter un superbe gâteau, et un souper romantique le soir même dans un bistro de St-Lambert pendant que mamie s'occupait de garçon, jusqu'à le mettre au lit. Il y avait longtemps que nous ne nous étions retrouvés attablés en tête-à-tête pour une si belle expérience gastronomique. Dans cet espace branché sans être guindé, il y avait des petites familles et nous avons pu constater de visu que garçon sera le bienvenu lorsque nous y retournerons.

Demain débute ma troisième semaine de rythme métro-boulot-dodo et je peux dire que notre routine familiale va bon train. Pour les repas, je ne m'en tire pas trop mal et je furète encore pour dénicher LE livre de recettes pour mijoteuse qui m'inspirera. Aussi, mon dernier magazine Ricardo m'a pisté vers le presto pour gagner du temps. Ma voisine de l'autre rive, super J., fait des potages délicieux avec celui qu'elle a, mais j'avais complètement oublié cette option pour me faciliter la vie dans la cuisine. Il paraît qu'on peut y cuire un ragoût de boeuf fondant en quinze minutes. Il paraît aussi que les vitamines sont davantage conservées par ce mode de cuisson hyper rapide à la vapeur. Bref, je furète donc également pour dénicher LE livre de recettes pour autocuiseur qui m'inspirera.

Sinon, tu continues de grandir dans moi avec discrétion et assurance. Tout en douceur, nous formons une belle et bonne fusion biologique.

Ton grand frère a pointé mon bedon plusieurs fois aujourd'hui en disant: bébé. Je lui ai dis ce matin que tu seras bientôt dans nos bras en faisant le geste de te tenir bien serrer contre moi. Il a répété ce geste souvent au cours de la journée en disant: bébé. Peut-être que le déclic s'est fait et qu'à partir de maintenant, il sait que tu apparaîtras sous peu, que tu existes déjà, mais que sous peu, il te verra, t'entendra, te touchera. Comme ton papa l'a dit cet après-midi, plus que trois mois et tu es là.

Tous les quatre, nous formerons une belle et bonne dynamique.

9.22.2011

congé pour le corps

Demain matin, je prends le chemin de l'hôpital, plutôt que celui du onzième, où se poursuivra autour de l'heure du dîner le tournoi de bocce qui a débuté lundi dernier, organisé par St., une collègue fan finie de ce sport récréatif. Imaginez, dans sa cour arrière, ils ont aménagé un terrain selon les normes internationales s'il vous plaît où toute sa nombreuse famille s'amuse à perfectionner l'art du lancer. Avec déception, j'ai perdu mon match d'hier, chaudement disputé soit dit en passant, ce qui me voyait éliminée des prochains tours en voie vers la finale.

C'est que je m'en vais boire un grand verre d'orange crush avec un système digestif à jeun depuis au moins huit heures. Dégueux. Mais bon, il faut s'assurer que je ne fasse pas de diabète de grossesse, ce dont je suis déjà certaine pourtant. Le test fait partie des étapes à suivre lorsque notre ventre s'arrondit d'une vie. Autant utiliser les ressources offertes pour confirmer mes certitudes.

Après, je fais un détour à la clinique où une copie de mon dossier obstétrical m'attend moyennant des frais de 20 $. À ce coût-là, ils s'en foutent un peu de ce pourquoi j'en veux une, même si oui, la question est venue. Pourquoi. Pour mes dossiers personnels, tiens.

Je me rends ensuite à Montréal pour un rendez-vous avec Y. l'ostéo. Depuis que je suis redevenue une trotteuse urbaine harnachée d'un sac à dos, mes lombaires rechignent un peu. Un tune-up de mon body plein de toi me fera grand bien, même si, à part cet inconfort léger et momentané, nous allons plutôt rondement.

Ce vendredi bien rempli se terminera avec un arrêt chez Cr. et les amis où garçon m'apparaîtra toujours aussi joli de joie. Quand viendra le temps de les quitter tous, il pleura, comme il le fait depuis quelques jours. Ses larmes se sèchent une fois passé le pas de la porte. C'est sa façon de leur dire combien il les aime déjà beaucoup, beaucoup. Beau loup.

9.20.2011

nos naissances

L'univers m'a exaucée. Pour mon anniversaire, tout ce que je voulais, c'était recevoir le fameux coup de fil qui allait me préciser mon moment de rencontre avec une sage-femme. C'est fait. Mercredi matin prochain, nous voyons Cc. pour la première fois. Doigts croisés que le courant passe. Au rendez-vous, il me faut une copie de mon dossier obstétrical. Je l'attends le "pourquoi?" de la part de la secrétaire qui répondra à ma demande. Parce que c'est mon droit.

9.18.2011

ève grecque

Pommes, mamie, papa, maman. C'était son leitmotiv au déjeuner, tout heureux de se projeter une ou deux heures plus tard dans la matinée, moment où nous allions aux pommes avec la maman de M. Les années se suivent et ne se ressemblent pas, et cette fois, garçon a pu nous suivre à pieds dans les rangées de pommiers pour goûter aux fruits que la pomicultrice nous tendait, après des explications précises distinguant chaque variété prête à l'auto-cueillette. La sunrise, pomme d'été, tirant donc à sa fin, meilleure présentement cueillie du côté "ombre", choisir des fruits pas trop rouges, sinon la chair est plus grumeleuse, fruit sucré et croquant sans être aussi dense que la gala par exemple. Nous croquons, nous constatons. Et ainsi de suite pour la paula red, la gala justement et finalement la macintosh, en passant par des variétés à venir - spartan, délicieuse jaune, cortland, les trois pour lesquelles nous y retournerons sûrement fin octobre - et celles passées, que nous ne connaissons moins - la jersey mac et la vista bella. Une vraie belle tournée, sûrement par chance d'avoir été les premiers arrivés en ce dimanche matin. Nous avions cette femme au coeur sur la main tout à nous. Quel honneur de pouvoir recevoir ses connaissances de cultivatrice généreuse et toute dévouée à la préservation de la nature.

9.15.2011

imprimés spirites

Au début de ma vingtaine, je suis partie, avec mon amoureux de l'époque, explorer le Guatemala pendant cinq semaines. Je me souviens que nous avions créché quelques jours en début de périple dans un village sur le bord du Lac Atitlan. Un après-midi, nous sommes partis vers l'ouest, découvrir le hameau à proximité. Sur le chemin, nous avons cueilli des avocats. Je me souviens.

Quand nous sommes arrivés au coeur des petites maisons, j'ai eu l'impression de pénétrer un village fantôme. Les rues en terre battue étaient vides, mis à part des chiens squelettiques et galeux claudiquant à l'abri. Finalement, quelques enfants sont apparus, curieux de s'approcher de nous, suivis de visages de parents et de grand-parents apparaissant de derrière des bouts de tissus accrochés aux fenêtres. C'est ainsi que nous avons fait la connaissance d'une famille que Dn., mon amoureux d'alors, a voulu croquer en photo. Il faut dire que la mère au visage buriné, habillée dans des vêtements traditionnels, en imposait. C'est elle que j'ai dû convaincre dans mon espagnol très approximatif que nous n'allions pas voler leurs âmes avec notre appareil photo. Parce que c'est ce qu'elle croyait vraiment. Elle refusa d'abord qu'ils se soumettent à l'exercice, prétextant que nous repartirions avec une partie d'eux dans notre boîtier argentique. Finalement, Dn. les avaient immortalisés installés sur le quai, en échange que nous leur envoyions le portrait par courrier une fois de retour chez nous.

Depuis cette rencontre, une photo, c'est devenue un bout d'âme. La preuve, Cr. l'éducatrice de garçon, nous a suggéré de lui refiler des clichés de nous deux, maman et papa, pour pouvoir les lui montrer lorsqu'il nous cherche parfois pendant sa journée, entre autres lors de la marche matinale et au moment du dîner, en pépiant des maman, papa. Cela semble avoir fonctionné aujourd'hui. Quand elle les lui a donnés, il a souri et ça l'a satisfait. Pour moi aussi, ça a fonctionné. Je me suis apporté un bout de papier avec ta belle bette dessus au boulot aujourd'hui et à chaque fois que mon regard l'a balayé, ça m'a apaisé. Mon beauté.

Petite note importante: la journée de garçon a commencé pour la première fois de sa vie avec un "papa" plutôt que son fameux "maman". Papa, il le dit depuis qu'il a commencé la garderie et depuis qu'il a commencé la garderie, papa s'occupe de répondre à ses besoins le matin. De plus en plus complices mes hommes. Mes amours.

9.12.2011

finalement

Ça y est, c'est fait. J'ai remis les pieds au onzième, j'ai repris le chemin du boulot, littéralement. Un peu essoufflée d'ailleurs de m'être lancée plein beat dans mon trajet du matin parcouru sur René-Lévesque de Bonaventure à l'orée de Westmount. Mais la forme reviendra au fil des jours qui me plongeront dans la ville, nid d'énergies.

Sans stresser, j'avais tenté de m'imaginer ce qui m'attendait comme défi professionnel avec des bouts d'indices grappillés lors de ma dernière visite auprès de mes collègues et d'autres déduits par mes expériences passées là-haut. À ma grande surprise, mes patrons ont compris qu'ils ne devaient pas chercher à me réintégrer tout à fait dans les rangs puisque je ne suis là que pour quelques mois. Certains de ces indices m'avaient porté à croire qu'ils avaient besoin de tous les éléments à disposition pour mener à terme le travail en cours, ce qui m'incluait dès mon retour. Ouf. Cette éventualité aurait signifié un bourrage de crâne intense d'une durée de quelques semaines sans aucun doute, pour au final devenir efficace presque le temps de me préparer à quitter de nouveau. Aussi, un autre indice venu d'un collègue m'avait donné l'impression que tous les outils que j'avais connus pour réaliser mon travail jusqu'à maintenant avaient pris le bord. Ouf là encore. J'avais dû mal interpréter ses paroles. À part des changements procéduraux normaux, l'ensemble semble être demeuré tel que je l'ai maîtrisé.

N'empêche, vingt-deux mois loin de son environnement professionnel, ça impose une réactualisation des connaissances et c'est ce qui m'attend pour la suite de la semaine. Tout ça avec le bonheur de revoir tout un chacun.

9.08.2011

broue dans le toupet

Gros ménage. À croire que je vais accoucher demain matin. Ma voisine-amie An. me dit que je suis en pleine organisation du paradis. Il le faut bien, tout se bouscule lundi. Après cela, j'aurai à peine l'espace-temps pour me garder la tête en dehors de l'eau.

Bon, bon, je sais, mon retour au onzième n'est que pour quelques mois, trois et demi tout au plus, jusqu'à Noël si tout va bien et je ne vois pas pourquoi tout n'irait pas comme sur des roulettes côté santé. Avec Bo., je m'étais rendue jusqu'à 38 semaines dans ma grossesse avant de rentrer à la maison pour débuter mon congé de maternité. Une semaine et demie plus tard, garçon arrivait déjà.

J'en suis donc rendue à mon initiation conciliation travail-famille. Combien sont passés par là avant moi, une foule et une autre. Aucune raison alors de ne pas y arriver à mon tour. Mais voilà, je tiens à ce que la routine continue à être bien huilée pour nous assurer une vie heureuse. Seul le véritable plongeon pourra me donner une idée de ce que je dois faire comme ajustement pour y parvenir. Surtout pour ce qui est de la réalisation des repas. Cette semaine, je m'en suis tenue à un menu simplissime pour me faciliter le rythme, mais il me faudra trouver des astuces lorsque viendra le temps d'intégrer des plats qui demandent de plus longs chronos pour la préparation et/ou la cuisson. Préparer les légumes à couper la veille par exemple pour n'avoir qu'à tout jeter dans la marmite le pas de la porte passé et utiliser davantage la mijoteuse. Me faire à l'idée surtout de manger autour de 18 h et arriver à faire patienter l'estomac de Bo. jusque-là.

Je suis vannée parce que dans ce rush préparatoire, il m'a fallu me sevrer de mes siestes de l'après-midi. Peut-être que le boulot m'apportera un certain repos.

9.06.2011

saisir le moment

Oh la, la, je néglige mon espace blog. Parfois, il faudrait pouvoir écrire tout en nettoyant une cuve de toilette par exemple, mais d'un autre côté si cette possibilité était à portée, l'esprit n'aurait pas ce répit qui lui est accordé lorsqu'il s'affaire à organiser les mots. Dans mon cas en tout cas. Répit de l'esprit quand vient le plaisir d'aligner les mots. Plaisir né de cette association faite quelque part pendant mes plus jeunes années entre l'effort intellectuel et la satisfaction personnelle. Quand j'écris, je m'accomplis. Plus encore, mon écriture me grave l'histoire, ce qui me la rend tangible aujourd'hui, bien qu'elle soit passée une fois exprimée, mais aussi tangible demain lorsque je voudrai me retrouver, si l'envie m'en prend. Et puis, avec la présence fusionnelle de mes enfants, c'est aussi un peu leur histoire à eux qui laisse ses traces au travers la mienne.

Justement, ces jours-ci, il est venu le temps de me retrouver davantage. Avec garçon à la garderie, ce n'est pas que farniente au paradis parce qu'il faut accomplir des tâches ménagères qui étaient reléguées au second plan depuis trop longtemps, mais disons que je peux reprendre des lectures laissées en suspens ou m'écrouler dans mon lit quand je le veux - de ça il faut me sevrer avant le retour au boulot lundi prochain. Aussi, vendredi qui vient, je me fais le cadeau d'une pédicure précédée d'un arrêt délicieux chez Olive et Gourmando pour y dévorer une de leur fameuse brioche chocolat et bananes. Après mon soin, j'irai peut-être même prendre une bouchée avec ma grande amie Jl. - quelque part comme la Brasserie T! pourquoi pas -, histoire de se parler dans le blanc des yeux pour une fois plutôt qu'au creux de l'oreille.

La semaine prochaine, ce sera métro-boulot-dodo. Ce rythme me verra solitaire le voyage à bord de l'autobus pour l'aller et le retour, la marche matinale pour me rendre de la station centrale au onzième, pour mon heure de dîner plus souvent qu'autrement. Du temps pour lire si je le veux, pour flâner, pour errer dans mes pensées, pour connecter avec ma fille qui pousse mon bedon.

D'ailleurs, petite information gravée pour ton histoire cher miracle renouvelé, je sens que tu seras grande toi aussi, comme ton frérot. Dans ma matrice, tu bouges étrangement parfois. Sans prévenir, tu appuies sur mes organes avec la pression de ton corps compact. Tu formes des bosses énormes comme Bo. en formait à la toute fin de son séjour intra-utérin et tu n'en es qu'au tout début de ton sixième mois. Tu me donnes l'impression d'être à l'étroit. J'espère que ce n'est le cas.

Les semaines à venir risque de me projeter dans un tourbillon. Je ferai mon possible pour trouver dans son oeil le répit qu'il me faut pour être ici.

9.01.2011

tout en douceur

Garçon fait ça comme un champion, pour reprendre une expression que son éducatrice, Cr., aime utiliser pour encourager ses petits amis. Aucun pleur au moment où je quitte - bon j'avoue, je le fais quand il est occupé à jouer -, ni après lorsqu'il réalise que je ne suis plus là, ni quand je vais le cueillir. En fait, au moment de mon arrivée, il esquisse des pas de danse un peu comme ceux qu'il offre à son papa lorsque celui-ci rentre du travail. Signe de joie et de bonne humeur. Volonté de sa part aussi à me montrer qu'il a passé du bon temps.

Tu es resté à la garderie jusqu'au dîner hier et aujourd'hui, tu as partagé ton premier repas avec tes nouveaux amis. Demain, ce sera le grand saut de la sieste là-bas. Comme les autres, il te faudra t'installer sur ton matelas de sol rendu douillet par une literie, un oreiller et une couverture. J'apporterai tes couvertures de sieste, celles que je sors d'un tiroir pour les installer sur ta douillette à chaque fois que vient l'heure de récupérer en mi-journée. Ainsi, si besoin il y a, tu auras ces pièces de tissu réconfort. En plus, Cr. a suggéré d'apporter un vêtement imprégné de mon odeur et une peluche. J'ai choisi ton "waow-waow" noir parce que tu les adores tous tes chiens - la figurine représentant un dalmatien qui va dans ton camion de pompier, celle d'un golden retriever que ton papa t'a offerte après une virée dans un magasin de jouets, celui que tu tires et qui avance en se faisant aller les oreilles.

Doucement, tu te sevras du sein de la sieste, mais aussi de celui du matin lorsque le vrai rythme débutera et que ce sera ton papa qui aura le plaisir de te cueillir après ton sommeil de la nuit. Si tu le veux, il y aura encore celui du dodo du soir et je continuerai à pouvoir profiter de ton petit body lové contre le mien.