orphelins de l'Éden

5.31.2011

ta date

Demain, c'est parti pour la prise de notes dans ton dossier. Mon miracle renouvelé. Et encore cette fois, pour entamer le suivi, la fameuse question "quelle est la date du premier jour de vos dernières menstruations?" reviendra et encore une fois, je serai tentée de répondre, "je connais la date précise de mon ovulation si vous préférez".

Mais à quoi bon puisqu'ici, en Amérique du Nord, le calcul du temps de la grossesse inclut le début du cycle qui a mené à la fécondation. Les chiffres tiennent-ils compte des cycles menstruels qui sortent du modèle idéalisé de 28 jours, j'en doute. Comment le pourraient-ils? Le premier estimé se base sur le 14 jours idéal qui aboutit à l'ovulation qui arrive au moment idéal à partir du début des menstruations et basta, on calcule quarante semaines plus tard pour vous donner une date d'accouchement.

Tout ça pourquoi au fond. Juste pour donner un chiffre, sembler en savoir plus que le couple lui-même sur le moment de conception. Bon, je vous l'accorde, ce ne sont pas tous les parents en devenir qui peuvent épingler le grand moment sur le calendrier. Mais quand même, je me souviens que pour garçon par exemple, j'avais beau dire à Dr. C. baba cool que je le connaissais, il préférait se fier à ses calculs de toubib, aux mesures recueillies à l'échographie du prénat qu'il considérait être hautement fiables. Il prédisait Bo. pour début novembre et à toutes les fois, je répondais en écho fin octobre. Il s'en amusait. Au fond, qu'est-ce qu'une semaine ou deux de différence?

Peut-être que cette fois-ci, il prendra un peu plus au sérieux ce que j'aurai à lui fournir comme info. De toute manière, nous n'en sommes qu'au début et le grand jour, c'est ni lui ni moi qui le choisira, mais bien toi.

5.29.2011

des puces et des perles

Hier matin, nous étions comme des chercheurs d'or, à sillonner les rues de la municipalité de Chambly bourrées de matériel à passer à de nouvelles mains. Week-end des aubaines. C'est le nom que la Ville donne à cet évènement qui revient une fois l'an et qui facilite la vie des gens déterminés à dénicher l'objet convoité qui n'attend qu'à être réutilisé en permettant à tous ses citoyens intéressés de participer à un genre de festival de la vente de garage. En gros, une carte des maisons qui veulent se délester de stock en accumulant un pécule est disponible sur le site Internet de Chambly et il ne suffit que de filer doucement dans les rues pour repérer les étals improvisés. Beau temps, mauvais temps.

Ainsi, sous un ciel incertain, s'ouvrant parfois en gros grains de pluie, nous avons mis la main sur une poussette Joovy qui nous permettra de transporter miracle renouvelé dans sa coquille de nouveau-né en même temps que garçon qui pourra se tenir sur une plate-forme à l'arrière ou s'asseoir s'il le veut. Achat imprévu, mais à si bon prix que même M. qui disait ne pas vouloir une autre poussette n'a pas pu résister. Que voulez-vous, il faut prévoir et l'opportunité s'est présentée sur un plateau d'argent.

Honnêtement, nous n'avons pas dénicher l'objet que nous convoitions: un module de jeux pour notre cour arrière afin que garçon puisse s'amuser juste de l'autre côté de la porte patio. Mais à part la poussette, il y a eu d'autres trésors: un super camion de pompier que nous allons offrir à garçon pour Noël, un tricycle avec un manche pour l'aider à rouler jusqu'au petit parc et commencer à prendre plaisir à contrôler un engin à roues, tout un lot d'outils et un établi, des livres, un jeu de quilles, une petite piscine, une toupie qui souffle des bruits rappelant les plaintes d'un accordéon lorsqu'elle est tournée très, très vite.

L'an prochain, on renouvelle notre passeport vautour. C'est trop cool.

5.27.2011

le pouvoir du papier

Se terminaient ce matin notre bloc de trois rendez-vous heure de conte. Cette courte initiation en bibliothèque aura permis à garçon de tomber en amour avec les livres. Remarquez, le timing était peut-être tout simplement parfait aussi. Quoi qu'il en soit, depuis ces trois dernières semaines justement, il lui faut parcourir avec nous les pages de ces bouquins préférés quelques fois au cours d'une même journée.

Il y a deux livres de Petit Paul, celui de ses deux mamies et celui de son chat, que j'avais dénichés dans une pile à la Joujouthèque du coin à prix d'amis, les deux de la collection Baby Einstein, un de poésie et un de peintures célèbres, qui ont des rabats et qui nous ont été donnés usagés, celui intitulé Un Amour de Lulu qui lui a été offert par sa tatie Jl. et qui raconte la complicité entre Lulu et son gros chat Toupti, celui surtout de l'Arbre Roux, lui aussi trouvé dans la pile avec les deux premiers. Il y en a d'autres bien sûr, mais ceux-là, disons qu'ils se sont fait user le dos à force de se faire tourner les pages. Il paraît que les enfants adorent la répétition pour les histoires. Avec Bo., la règle se confirme.

Monsieur, il sait tout de suite si un livre le séduit ou non. J'en suis arrivée à cette conclusion parce qu'à chaque visite à la bibliothèque, nous revenions avec de nouveaux trésors illustrés et certains n'ont pas passé le test. Plus que moins en fait. Et ce n'est pas par manque d'essais. Pendant les séances histoires qu'ils nous demandent, je les lui propose ces délaissés et bien vite, il réalise qu'il ne veut pas les découvrir, encore et encore. Toujours les mêmes. D'autres par contre, comme son si cher Arbre Roux, peuvent revenir deux fois de suite, sans problème, et toujours avec le même niveau d'attention de sa part. À cause des coloris, à cause du ton de notre voix lorsque nous tramons l'histoire qui accompagne les images, mystère et boule de gomme. Tout ce que nous savons, c'est qu'il aime bien les livres à rabats. Comme celui des pompiers qui décrit ce métier périlleux tout en faisant grimper avec l'illusion du mouvement les personnages sur des échelles, à la rescousse de sinistrés sur des balcons d'immeubles enflammés ou de perroquets juchés dans un arbre.

J'adore le coincé entre mes jambes pour lire ensemble, assis ainsi au bout de son lit, ou l'accueillir dans le creux de mes jambes en tailleur à même le sol, et le voir se précipiter à sa pile de livres lorsqu'une histoire se termine. Je suis curieuse du prochain qui atterrira entre mes mains, même si je les connais tous très bien. Parfois, il m'apporte un délaissé et parfois, comme aujourd'hui, un de ceux-là semblent passer le test tout à coup. L'univers des livres, mystère et boule de gomme, et magie surtout. Oui, magie.

5.25.2011

vitamine D party

À propos du prédicateur, une réponse à ma question du précédent message m'a été donnée par un nouveau topo sur le dit personnage. Il aurait recalculé et maintenant, sa prédication s'est arrêtée sur, eh oui dans le mile, le 21 octobre. Eh ben bonhomme, on a les mêmes références Internet dis donc.

Blague à part, garçon adore les journées ensoleillées qui nous permettent de passer le pas de la porte plusieurs fois par jour. Marche et petit parc ce matin où Cr., sa future gardienne, avait aussi amené les amis s'épivarder, grande marche dans le grand parc après la sieste où nous avons rencontré Oa. et Mx. que nous n'avions pas vus depuis une grosse semaine, et nouveau tour au petit parc après le souper parce que tu as filé sur le trottoir malgré l'heure tardive et que ta détermination à emmagasiner une dernière bouffée de beau temps m'a fait chaud au coeur. Avec ton chapeau de Fedora de paille pour te protéger la blondeur dorée de l'Astre au rayonnement intense, tu fais tourner toutes les têtes. Tout un style de petit homme. Tg., le papa de ton ami Er., t'appelle gentiment le gringo. Tout un style.

5.22.2011

newsflash

J'espère que ce prédicateur californien était tout de même heureux de se réveiller indemne ce matin. De toute manière, je suis certaine qu'il gardait en poche une explication pour ses ouailles, du genre, Dieu est bon, il a finalement changé d'idée, Dieu soit loué. Amen.

Mais bon, gardons tout de même en tête l'autre théorie, celle des cinq mois, et de la fin pour le 21 octobre. Qui sait, peut-être que l'éruption du Grimsvötn en Islande hier sur la surface terrestre était le véritable coup d'envoi.

Entre-temps, sur notre échelle temps de petite famille, Bo. a pris goût à la remorque et il est tout content lorsque nous lançons "on part à vélo". Il attrape son casque - ou celui de papa, son préféré - et il file à la porte, prêt à l'aventure. Les grandes joies sont dans les petits bonheurs.

Cette semaine, je commence ma dixième de ta gestation. Après celle-ci, je pourrai officiellement annoncé que je suis dans mon troisième mois et surtout, si ma mémoire est bonne, j'entendrai ton coeur battre vite, vite, vite pour la première fois mercredi prochain grâce au Doppler chez le docteur baba cool. Ma crevette de bientôt trois immenses centimètres.

5.20.2011

au fond

Depuis le temps que nous voulions réessayer une remorque à vélo, voilà que nous l'avons enfin fait après le souper.

La première fois, nous avions acheté un modèle un peu beaucoup tape-cul et garçon était peut-être trop petit pour apprécier l'expérience. D'ailleurs, nous le connaissons notre fils, il est comme ça: quand quelque chose de nouveau s'impose dans son univers, il laisse sa crainte l'emporter jusqu'à ce qu'il en vienne à comprendre par une association quelconque que ça va, tout va bien.

Par exemple, lorsque nous roulions sur la piste cyclable, il rechignait un peu, ne sachant pas ce que nous faisions là, nous haut juchés et lui installer là-dedans, dans ce machin-truc duquel il nous regardait de bas. J'avais beau lui dire "nous allons dans un parc où tu t'amuseras, un nouveau petit parc, plein de nouveaux jeux", rien n'aidait vraiment. Il lui a fallu faire lui-même l'association du mode de transport vers un endroit agréable pour que le voyage du retour soit beaucoup plus paisible.

Chez MEC, ils nous offrent la location d'une remorque d'aujourd'hui à 13 h dimanche, tout cela pour un maigre montant, qui peut être déduit d'un achat dudit machin truc, si cela nous intéresse. Et cela nous intéresse. Garçon s'y accoutumera encore demain matin, lorsque nous irons lui faire découvrir un nouveau petit parc. Notre petit homme, il ne demande qu'à se faire amadouer.

5.18.2011

entre les lignes

Vers 8 h 45 ce matin, j'ai entendu un topo à propos d'un prédicateur californien qui prétend, sans l'ombre d'un doute, que samedi prochain, soit le 21 mai, eh bien, tenez-vous bien, c'est la fin du monde, prévue pour commencer à 18 h précises. Il dit qu'après avoir lu les textes bibliques depuis des années, cette date est la bonne pour déterminer le Jour du Jugement Dernier.

Après avoir fait une simple recherche sur le net pour en savoir un peu plus sur les pistes d'une telle interprétation si irréfutable pour cet homme de foi, je suis tombée sur un lien qui parle bien du 21 mai 2011 comme étant le début de la fin, mais pas LA journée où tout disparaîtra de la face de la planète. Selon cette deuxième interprétation, ce n'est que cinq mois plus tard, soit le 21 octobre, que les morts qui n'auront pas tournés leurs âmes vers Dieu en passant par le Christ à temps se lèveront de sous terre pour hanter à tout jamais la surface de notre belle bleue devenue hostile après des mois d'évènements naturels dévastateurs. Wow. Hallucinant.

Je ne sais pas pour vous, mais samedi prochain, il paraît qu'il va faire chaud, alors nous planifions faire un barbecue.

5.16.2011

mille visages

Les arbres aux troncs carbonisés d'avoir bu tant d'eau
pointent leurs fluorescences vers le ciel gris
et je marche près du marais, aux aguets.
Il y a foule plumée,
pour mon plus grand enchantement.
Les bottes de pluie bien calées dans la boue,
j'avais besoin d'avaler cet air pur, froid et humide,
de réaliser que tous les pissenlits se recroquevillent lorsqu'il pleut,
d'apercevoir les bourgeons couleur framboise presque indécents dardant au bout des branches d'une espèce de sapin.
J'avais besoin de marcher après trois jours encabanés.
On m'offre en cadeau un tableau vivant d'une beauté onirique à couper le souffle.
Je te reconnais.
Tout autour, je sais que c'est toi.

5.15.2011

le petit oiseau

Lundi dernier, je me rends avec garçon dans une agence de voyages prêt du paradis, là où un studio de photographies sommaire permet la prise de portraits pour un passeport. C'est que nous allons au Vermont cet été et qu'il nous faut équiper notre grand bonhomme de son fameux livret bleu de voyageur pour traverser la douane.

L'homme qui nous accueille me dit d'emblée que mon fils semble moins nerveux qu'il ne l'était quand nous nous sommes parlés au téléphone une heure plus tôt lorsque je voulais savoir s'ils offraient aussi les photos pour jeunes enfants. Le sexagénaire à l'énergie malaisée empile ensuite des catalogues de destinations sur un tabouret surélevé et m'explique que je devrai mettre ma main dans le dos de garçon pour ne pas qu'il bascule complètement hors de l'assise précaire. Déjà, Bo. rechigne et s'agrippe à moi. Il sent que quelque chose se trame. Quand je le hisse pour l'installer, la tempête éclate. Il n'est que sanglots, visage écarlate et éclairs de panique plein les yeux. L'homme soupire, un brin exaspéré, même s'il m'assure que cela arrive très souvent et que je peux prendre mon temps pour essayer de le calmer. Rien à faire pourtant, garçon flaire l'inconnu et se laisse gagner tout entier par son insécurité, même si j'essaie de lui expliquer qu'il ne craint rien, que je ne vais nulle part, qu'il ne faut que quelques secondes pour que tout soit terminé.

Au retour de M. au paradis ce soir-là, je lui dis qu'il faut nous rendre dans un endroit spécialisé et qu'il serait préférable qu'il nous accompagne. Ainsi, le projet photos est reporté jusqu'au week-end.

C'est chez Sears que nous nous rendons donc hier matin, confiants que cette fois-ci, c'est la bonne. Au studio, une dame acariâtre essaie justement de prendre une photo passeport d'un poupon de quelques semaines dont la tête ne tient pas encore seule. Elle semble exaspérée elle aussi. Décidément, les tout-petits donnent du fil à retordre aux photographes. Elle conseille aux parents de revenir dans quelques semaines, lorsqu'il se tiendra mieux. C'est que les critères d'acceptation de la photographie sont très stricts. On ne doit pas apercevoir aucun doigt ni aucune main supportant l'enfant, il ne doit y avoir aucun ombrage, l'enfant doit regarder droit devant lui, ne pas sourire et avoir la bouche fermée, entre autres. Lorsqu'elle nous accueille à notre tour et que nous annonçons que nous venons nous aussi pour une photo passeport, elle parvient à peine cacher son emmerdement.

Avec cette énergie de pimbêche, garçon ne collabore pas du tout et encore une fois, les sanglots, le visage écarlate, les éclairs de panique plein les yeux. J'essaie de le leurrer avec de la nourriture, lui qui est si gourmand de nature, mais il ne veut rien savoir et nous terminons la collation sur les chaises près du comptoir de réception du studio. C'est à ce moment-là que j'entends la dame dire à une maman qui vient elle aussi pour une photo passeport de revenir dans une heure environ parce qu'une autre employée commencera alors son quart de travail.

Tous les rayons de chez Sears affiche des aubaines alors nous tournoyons à la recherche des articles qu'il nous faut. M. est si découragé par l'expérience qu'il me demande combien était le montant du dépôt de la location du chalet, certain que nous ne pourrons pas nous rendre là-bas après tout. Calmement, je lui réponds de ne pas baisser les bras, que ce n'est que partie remise. Et comme de fait, il ne suffisait que d'une heure pour que nous ne sortions avec les fameuses précieuses en poche grâce à une jeune femme à la magnifique chevelure rousse pleine de joie de vivre et de créativité contagieuses qui réussit à faire baisser les gardes de garçon et à éclater pour de bon la bulle de peur de l'inconnu qui lui brouillait l'émotivité. Ouf.

Reste plus qu'à voir si les photos à l'ombrage extrêmement léger au niveau de son épaule seront acceptées au comptoir de Passeport Canada. De toute manière, elles sont garanties par le studio et si nous devons les reprendre, nous savons où se cache la fée.

5.13.2011

souffrir pour grandir

Pendant que je suis penchée par-dessus la toilette, prête à subir la violence du reflux de ce mal de coeur pas possible, M. me dit qu'il pense que c'est la première fois en sept ans qu'il me voit vomir. Souviens-toi la fois où j'avais vraiment trop bu à un party chez ma grande amie Jl., que je lui réponds. Ah oui, je l'oubliais celle-là.

N'empêche, cette grossesse le laisse perplexe. Les manifestations hormonales dans mon corps le surprennent comme si nous n'étions jamais passé par là. Il est vrai que pour Bo., les trois premiers mois ne m'avaient pas trop chamboulée.

Avec toi, il y a eu les sautes d'humeur montagnes russes, la fatigue du début de la semaine et là, la nausée. Je n'en suis encore que dans mon deuxième mois. Il paraît que tous ces inconforts se calment après le troisième. De toute manière, pour les sautes d'humeur, je fais un peu plus attention à ne pas les laisser dégénérer en tornade, pour la fatigue qui me frappait autour de l'heure du dîner, une collation bourrée de protéines me redonne l'énergie nécessaire pour continuer et ce mal de coeur, je le mets sur le dos de quelque chose qui n'a pas passé tout simplement parce que habituellement, quand on est enceinte, c'est au petit matin que tout tangue, pas juste avant d'aller se coucher. Ce doit donc être la faute au boeuf sauce barbecue.

Sinon, An. la Brésilienne et son fils E., quittent ce soir pour six semaines au Brésil. Après des semaines à les voir deux fois par jour, notre routine de jour reviendra à l'un et l'autre, garçon et moi. Le climat continuera à déterminer notre emploi du temps. Les prochains jours de pluie nous obligera à développer notre créativité sous notre toit. Et par ceux de beau soleil qui viendront sans doute par la suite, garçon s'épivardera encore sur les trottoirs et les sentiers de pavé qui s'étendent autour du paradis, histoire d'ajouter des bobos à la collection de gales qui croûtent ses petites mains. J'imagine que tous les enfants passent par là. Piquer des plonges pour apprendre à marcher sans piquer du nez. N'empêche, ça me fait mal pour lui à chaque fois qu'il s'écrase en galette sur tout son long en amortissant le choc avec ses petites mains.

Attache ta tuque maman, ça ne fait que commencer.

5.10.2011

à plat

Commence à manquer de jus. Faut m'étendre au moins une petite demi-heure depuis dimanche dernier à chaque fois que garçon fait sa sieste. Besoin de ma sieste aussi. Faut couper dans les tâches. M'en tenir à l'essentiel. Me semble que je m'en tenais déjà à cela pourtant. L'époussetage par exemple ne se fait plus qu'au mois. Trop crotté à mon goût. Mais peux pas faire autrement. Y arrive pas comme il le faudrait. Comment vais-je y arriver alors une fois que miracle renouvelé sera parmi nous. Bah, il paraît que l'amour balaie tout. Pratique, non.

5.08.2011

Un

Pour la fête des mères, j'ai eu congé du fourneau. Aux Vivres, nous avons mangé sainement, garçon grignotant un bout de pain au maïs inclus.

À une table en diagonale de nous, un couple soupait tranquillement avec leur poupon bien au chaud dans un Ergo bleu ciel collé sur sa maman. À cette vue, j'ai pensé à toi bien sûr, espérant que tu aimeras autant que ton grand frère cette proximité de kangourou. Six mois qu'il y a été presque en permanence pendant nos journées ensemble. Il y faisait ses siestes, nous marchions, je passais la balayeuse avec lui là-dedans. L'Ergo était devenu un vêtement que j'enfilais systématiquement chaque matin, un moyen de t'avoir avec moi cher garçon tout en poursuivant les activités quotidiennes.

En rentrant, M. s'est imaginé le moment où il te faudra accueillir ton petit frère ou ta petite soeur dans ta chambre et il s'est inquiété pour toi. Garçon de nos coeurs. Je lui ai dis que tu comprendras ton rôle de protecteur et d'accompagnateur. Papa fut d'accord. Tu aimes tellement les autres, être avec eux. Cet humain qui sera une partie de toi ne fera pas exception.

Garçon et miracle renouvelé. Mes deux lecteurs futurs à qui je m'adresse maintenant en mêlant un peu les cartes. De toute manière, vous êtes ma main. Mon coeur, ma tête, mes seins, mon dos, mon ventre. Ma chair et mon sang.

5.05.2011

sans remous

Vous vous souvenez peut-être que pour Bo., j'avais envisagé d'accoucher dans une maison de naissance, auprès d'une sage-femme, mais que la possibilité s'était vite évanouie, habitant une Montérégie non desservie par ce service de santé publique.

La vie étant pleine de surprises, quelle ne fut pas ma joie de recevoir un courriel de ma voisine de l'autre rive J. m'annonçant que le ministre Bolduc venait de déclarer l'ouverture prochaine d'une maison de naissance dans la région du CSSS du Haut-Richelieu-Rouville. C'était le 15 avril dernier.

Tu n'avais alors que trois semaines de vie utérine et je n'avais pas encore la confirmation que tu étais accrochée dans moi. Malgré cela, j'ai décidé de contacter quelqu'un qui pourrait me donner plus d'informations sur la procédure à suivre pour être certaine d'avoir une chance de rencontrer une sage-femme qui m'aiderait peut-être à t'accueillir dans le monde et ce, même si la complétude des rénovations d'un ancien CLSC en maison de naissance n'était que prévue pour la fin du printemps 2012.

Après plusieurs tentatives infructueuses, j'ai finalement réussi à parler de vive voix avec madame S-O qui s'occupe de la coordination de l'implantation du premier groupe de sages-femmes dans la Montérégie. Elle a noté sur une fiche qu'elle a insérée dans un immense cartable une foule d'informations à mon sujet, au tien, et sur celui de l'accouchement de garçon dans l'attente de la mise en place concrète du lien femmes enceintes-sages-femmes au mois d'août prochain. Le paradis étant situé sur le territoire du CSSS Champlain, je passerai après les demandes faites par des parents habitant à même le territoire visé par la nouvelle maison de naissance. Malgré tout, j'ai confiance qu'il n'y a pas beaucoup de mamans comme moi, aussi rapide sur la gâchette et de surcroît enceinte là, maintenant.

Le plan A, c'est de rencontrer une de ces femmes qui délivrent des bébés avec tant d'humanité et d'accoucher dans l'hôpital qui a accepté de les accueillir au sein de leur équipe médicale en périnatalité. Il est à une vingtaine de kilomètres de notre chez-nous. Une distance très raisonnable considérant qu'habituellement, les contractions s'installent lentement, mais sûrement, et ce, même si les eaux crèvent. Le plan B, c'est de débarquer à l'hôpital Anna-Laberge à Châteauguay quand le travail débutera et de dire que nous étions chez des amis de la région. Dans les deux cas, je serai suivie en clinique par le Dr. C. dès le 1er juin prochain, le baba cool que j'aime beaucoup. Son bureau est près du paradis et son approche me plaît bien.

Avec ma césarienne, il paraît qu'il y a un faible pourcentage de rupture utérine au niveau de la cicatrice à l'accouchement. Mais je sais que tout ira comme sur des roulettes et que mon AVAC - accouchement vaginal après césarienne - me fera enfin gagner mes galons de femme conçue pour mettre au monde sa progéniture. Cette fois, aucune statistique ne colle à mon esprit pour le polluer. Plutôt, je découvre une fonction clef enfouie dans mon corps en poussant comme je n'ai jamais eu à le faire auparavant.

5.03.2011

comme dans un rêve

Il paraît que pour chaque femme, le nombre de jours entre son ovulation et les menstruations est toujours le même, pouvant varier entre 11 et 16 jours, ou quelque chose prêt de ces nombres. Aussi, je dois avouer que je n'ai pas observé aucun des indices pour me guider dans mon cycle, ni ma température, ni mes glaires, ni mon col de l'utérus. Je me suis contentée de compléter un cycle pour voir d'abord s'il ressemblerait en longueur à ceux précédant ma grossesse, surtout qu'avec mon mal de dos toujours au rendez-vous, il est préférable de repousser un peu la venue de notre second miracle. Qui viendra. Ça je le sais, je le sens. Je le sens même pour avril ou mai. Mais bon, parfois il ne faut pas trop s'emballer par rapport à notre instinct, Dieu ayant toujours le dernier mot. Peut-être septembre ou octobre ou dans un an, que sais-je. Mais il viendra.

J'écrivais cela le 13 février dernier à propos de toi et maintenant, je me pince à tous les matins pour me rappeler que tu es là, dans moi.

5.01.2011

motifs

Comme je l'ai dit à une amie et comme je l'ai fait pour ton grand frère, il me faut tracer ton chemin en te laissant des cailloux qui t'aideront à remonter le fil de ton existence. Des bribes d'informations, des instantanés, des moments clefs.

Par exemple, je peux te dire que Bo. et toi, vous êtes venus dans moi pendant que j'étais malade, salement grippée. Je n'aurais jamais cru que mon corps bataillant, tout système immunitaire dehors, aurait pu s'avérer être le terreau le plus fertile pour vous, mes bébés que je souhaite en santé. Vous partagez ce même point de départ, ce même jour 1, ce même moment crucial où l'ovule est fécondé.

Ce que vous partagez aussi, c'est que vous êtes presque venus du Saint-Esprit tellement les sessions d'amour entre votre papa et moi ont été rares autour de votre conception. Pour Bo., c'est que je revenais d'une semaine loin de lui et que je l'avais laissé dans le rouge ou à peu près. Pour toi, c'est que depuis que mes menstruations sont revenues au mois de janvier dernier, une vilaine infection à Candida m'a ravagée et qu'en adepte des médecines douces que je suis, il m'a fallu presque deux cycles complets pour m'en débarrasser grâce à une huile de Ricin de grande qualité.

Aussi, tous les deux, vous avez dû vous attacher très fort à ma muqueuse utérine parce que je vous ai brassés la cage avec des émotions extrêmes peu de jours après votre implantation. Bo. pour cause de conflit majeur au onzième, toi pour cause d'animal adoré qui a décidé de nous quitter.

Enfin, la veille du jour où nous avons su que vous existiez dans moi, chacun votre tour, nous venions de finaliser des vacances: Bo. en réservant une cabine écologique à St-John dans les Îles Vierges, toi une semaine dans un chalet du Vermont.

Déjà, beaucoup de points communs entre toi qui a si peu de vie et ton grand frère qui a un an et demi. Mais loin de moi la manie de vous vouloir sans cesse vous comparer. Je l'ai dit ici: avec ta venue, je me refais page blanche.

D'ailleurs, j'épie mon corps à la recherche du moindre signe de ta poussée au creux de mon bas-ventre. Je ne me souviens plus de l'ordre d'apparition des courbes qui ont modifié ma silhouette il y a deux ans. Il paraît que le deuxième enfant porté se révèle plus tôt à cause de la laxité musculature qui a gardé la mémoire du passage du premier. Chose certaine, mes seins lourds semblent satisfaire davantage garçon ces jours-ci. Peut-être que le cocktail hormonal que ta présence provoque dans moi transforme agréablement la composition lactée.

T'ai-je dit que je t'aime déjà? Si tu n'as qu'une chose à retenir, c'est que je t'aime déjà.