orphelins de l'Éden

8.28.2010

plug

Depuis le temps que je veux le faire, je vous présente enfin un site Internet que j'ajoute aussi de manière permanente à ma rubrique de liens:


C'est le blog-boutique de ma talentueuse amie joaillière M-H qui a réussi récemment à trouver une vitrine sur Mont-Royal pour exposer ses créations aux regards de cette faune branchée. Je te souhaite tout le succès tant mérité.

8.21.2010

mémoires

Nous cherchons un prénom au cas où notre deuxième enfant serait un autre garçon, et non, je ne suis pas enceinte. Seulement, ça me démange déjà un peu. Je pense à une seconde grossesse et mon coeur se gonfle de bonheur. Un deuxième enfant, une nouvelle aventure, malgré cette évidence de vivre un don de soi total qui signifie de faire constamment passer les besoins de ma progéniture avant les miens. Pas toujours facile lorsque l'on a grandit avec ce leitmotiv moderne voulant que la femme soit l'égale de l'homme. Avec l'allaitement, maman devient le satellite de bébé, happée par la force gravitationnelle de son appétit de vie et d'amour. Toute moi comprend pourtant à quel point c'est aussi incarner le plus beau de tous les privilèges.

À chaque étape de l'existence, sa vitesse de croisière. Je lis le dernier billet de et avec tout son talent d'écrivain, je retrouve des échos de ma propre vie d'écorchée ayant réussi à s'extirper des abysses de son destin pour aboutir dans une niche douillette où les chardonnerets bruitent gentiment en jets sonores sous des nuages d'été qui s'effilochent lentement. Mais au contraire d'elle, je n'ai aucune difficulté à estimer ce cadre bucolique qui contient ma vie telle que je l'ai voulue, justement pour cela, parce qu'elle est ce vers quoi j'ai tendu.

Bien sûr, des rêves ont été brisés en cours de route, mais il me faut reconnaître que d'autres voies se sont présentées sur des plateaux d'argent. Certains chemins ont même été empruntés presque sur un coup de tête pour finalement révéler des fruits insoupçonnés. C'est le cas de ma rencontre avec M. par exemple. Qui aurait cru que d'une conversation d'ascenceur naîtrait un magnifique garçon sept ans plus tard? Pas moi, pas à ce moment précis presque anodin en tout cas, sûr et certain.

Ce que je trouve d'étrange aussi, c'est de continuer d'investir des lieux qui m'ont vue me métamorphoser au fil des ans. La maison de ma mère est de ceux-là. À bien y penser, cet endroit est celui que je fréquente depuis le plus longtemps sur une base régulière. Habituée de laisser une part de moi dans toutes les maisons et les logements que j'ai habités, cet oasis où ma maman a élu domicile un peu avant ma vingtaine garde les traces de mes fantômes du passé et lorsque j'y reviens, je me croise dans les pièces sans envier qui j'étais alors, cependant qu'avec tout le respect que je me dois, je me remercie d'avoir su suivre le phare de la paix.

On dit que la vie est longue et qu'elle passe vite tout à la fois. Je sens plutôt qu'elle est multiple, cyclique, qu'elle propulse, surtout lorsqu'elle donne l'impression de faire du surplace. À ce moment précis et anodin, il y a la vague de fond.

8.17.2010

station debout

J'ai libéré ma main des pansements qui la gênaient depuis presque une semaine. Trois doigts portent les marques du feu mouillé qui les a léchés à peine quelques secondes pourtant. M. pense qu'ils garderont des cicatrices en souvenir de ce court baiser fatal.

Mais bien que je vieillisse, mes doigts font partie de cette région corporelle à se régénérer rapido presto. Toutes les autres, en comparaison, lambinent sans trop de pression, comme si les mains, parce qu'elles se doivent de livrer la marchandise pour poursuivre l'accomplissement des mille et une tâches que comportent une journée, bénéficiaient d'un traitement de faveur de mon système. Un bobo sur les menottes, pas de problème, ont envoi nos meilleurs mécanos sur place, comme si mon corps savait que les blessures à cet endroit doivent guérir aussi efficacement qu'un changement de pneus dans une course de F1. Allez les boys, la dame doit continuer à suivre le tempo.

Surtout que mon petit homme continue à suivre le sien. On ne chôme pas dans la chaumière. Au paradis, un être humain se développe de manière fulgurante. Il veut marcher de plus en plus. Alors nous l'exauçons en lui tendant nos doigts qu'il agrippe fermement pour se hisser de sur son popotin d'abord et pour maintenir son équilibre debout ensuite. Bientôt, je serai comme Ol. l'Ukrainienne qui a tournoyé recourbée avec Mx. son fils au bout du bras pendant des semaines dans les pièces de leur semi-détaché. Ce soir, lors d'une visite chez eux, nous avons appris que ton ami marche bel et bien tout seul depuis quatre jours, une semaine donc avant son premier anniversaire. Ol. est soulagée de ce nouveau bond d'autonomie. Moi, puisque je te vois déjà bouder notre aide pour avancer, je sens que tu ne t'éterniseras pas pendu à nous.

Dans quelques jours, papa savourera enfin ses vacances et ensemble, nous allons passer du temps chez ta grand-maman, la maman-de-ta-maman. Elle souhaite que tu commences à marcher chez elle, sous ses yeux. Tout ce que je sais de cette étape cruciale, c'est que ta marraine Am. qui t'a visité il y a une semaine et hier encore a été à même de constater ta progression. Selon elle, tu es beaucoup plus solide et confiant sur tes deux pieds. Garçon devient petit homme.

8.13.2010

m. miyagi

Je me suis brûlé les doigts. M. dit plutôt que je les ai ébouillantés puisque c'est avec de l'eau de cuisson qu'ils ont été blessés. Ma main droite est donc enveloppée d'un pansement-mitaine depuis trois jours. Je peux: changer les fesses de garçon et attraper ses pipis et cacas, le nourrir, jouer et marcher avec lui, cuisiner sommairement, faire du lavage; je ne peux pas: faire la vaisselle, me doucher, changer la litière de Nougat le gros chat, laver la salle de bain. De toute mes années dans la cuisine, c'est ma pire brûlure.

Jusqu'à mercredi dernier, cette sinistre palme revenait à cette fois où encore trop inexpérimentée, je n'avais pas pris au sérieux ce geste de mettre ma main sur le capuchon du mélangeur qui contenait une soupe de lentilles bouillante à réduire en purée. Résultat, de la soupe jusqu'au plafond, en passant par les armoires, le comptoir, le plancher et aussi, mon visage, ma poitrine et mes bras. Grand-maman, contactée en panique par téléphone, m'avait recommandé de beurrer de la pâte à dents sur ma peau atteinte. Eh oui, un truc de grand-mère, eh non, ça n'a pas marché.

Pour une brûlure, c'est de l'eau fraîche - pas glacée - qui apaise les cellules cramées. Alors pendant trois heures, ma main a été plongée dans un bol d'eau parce que les trois pansements que M. a tenté de faire - il faut couper l'air du "feu" qui continue son travail sournois sinon - pour couvrir ma blessure ont été arrachés par bibi. C'est finalement une infirmière du CLSC qui a fabriqué la mitaine nécessaire. Et avec elle, j'amuse garçon en lui donnant des becs rembourrés.

8.08.2010

cendrillons

C'était hier matin. Nous avions décidé de nous rendre chez le géant Suédois Ikea pour y dénicher les quelques objets manquants pour la complétude de cette nouvelle pièce du paradis, une des deux fabriquées par les mains de M. Ce sera une bibliothèque jusqu'à ce que ça devienne une chambre d'enfant d'ici disons huit ans peut-être. L'important à retenir dans ce paragraphe: géant Suédois.

M. propose que nous installions garçon dans une de leur poussette-carrosse. Bo. jubile et son papa s'amuse à sillonner les allées pour lui tirer des éclats de rire. Nous montons d'abord à l'étage pour choisir une bibliothèque. Pour atteindre la section des étagères, nous suivons le chemin tracé. Autant dire que nous suivons le troupeau, et que nous n'écourtons pas notre visite par les raccourcis dissimulés entre les sections. Notre choix étant arrêté, nous redescendons au rez-de-chaussée, au royaume des objets de décoration de toutes sortes et de tous gabarits. À retenir: papa s'amuse à sillonner les allées.

Nous arrêtons dans la section des oreillers parce que je crois que nous serions tous plus confortables dans l'îlet si garçon avait son appui-tête moelleux bien à lui. Pendant que j'en choisis un mou et plat, comme les nôtres, papa continue à serpenter entre les bacs plein de marchandises. Nous passons ensuite à la section des tapis. Je crois que la bibliothèque serait plus chaleureuse avec quelque chose de molletonneux sous les plantes, surtout qu'elle est au sous-sol là où le parquet est en permanence frisquet. Nous faisons le tour complet de cette aire assez spacieuse où sont disposées sur des supports les carpettes de toutes tailles, pour finalement décider d'attendre un peu avant d'arrêter notre choix. Enfin, nous poursuivons notre route dans le ventre du géant, vers cette section où plusieurs astuces de rangement sont proposées, elle aussi très grande. Je suis en train d'hésiter entre des boîtes à magazine en paille ou en métal lorsque papa s'aperçoit que tu as perdu un chausson.

Tu as perdu un chausson quelque part dans le géant Suédois.

Nous aimons tes chaussons. Nous les avons choisis tout spécialement pour toi. C'est ta deuxième paire de souliers et ta seule qui te fait présentement. Ils sont cools avec leur petite wagonnette de surfer sur fond quadrillé. Alors naïvement, nous rebroussons chemin dans l'espoir de le retrouver.

En effet, il faut être un peu fou pour croire retrouver quelque chose d'aussi petit dans le géant Suédois. D'abord, les allées sont aussi nombreuses qu'il n'en faut pour permettre aux consommateurs d'avoir accès aux bacs, tout aussi nombreux eux que le nombre d'objets de décoration de toutes sortes et de toutes tailles proposés. Un petit chausson de rien du tout dans cette grande surface, c'est presque comme une aiguille dans une botte de foin, pire, dans une ferme pleine de bottes de foin. Surtout que les consommateurs sont nombreux eux aussi. Le nombre de pieds ayant pu frapper le chausson pour ainsi le projeter sous un des bacs s'élève à plusieurs centaines assurément. Et si par chance quelqu'un a trouvé le chausson et a décidé de le mettre sur une pile d'objets dans un bac pour nous aider à le repérer, encore faut-il que nos yeux décortiquent suffisamment les informations visuelles pour arriver à le distinguer parmi une foule de formes et de couleurs. Papa essaie de se rappeler tous les recoins qu'il a empruntés avec toi assis dans le chariot et moi, je prie pour que le chausson nous revienne. Enfin, découragés et bredouilles après avoir inspecté toutes les sections de l'étage du bas, nous concluons que peut-être quelqu'un rapportera-t-il le chausson au poste des objets perdus.

Justement, de retour à la section du rangement, j'interpelle une employée du géant et je lui demande où se trouve le dit comptoir d'objets perdus parce que nous avons égaré le chausson de garçon voyez-vous. Près des caisses à l'entrée. Merci beaucoup. Et puis, nous retournons à mon choix de boîtes à magazine - métal gris ou blanc cette fois - le coeur lourd. Papa dit que c'est comme ça qu'on apprend en tant que nouveaux parents.

Mon choix fait - métal blanc - assez rapidement, nous passons à la prochaine section, celles des luminaires. Pendant que je zieute les lampes de lecture sur pied, la blonde employée que nous avions approchée vient vers M. et lui tend - dans le mille - le chausson. Comme ça, tout bonnement, elle passait dans une allée et l'a repéré.

!!!

Quoi? La seule personne que nous avons approchée a trouvé le tout petit chausson de garçon, l'aiguille dans la ferme de bottes de foin? Quelle sont les probabilités d'une telle éventualité? Absolument nulles, à part si on est dans un conte de fées.

8.04.2010

suivre le guide

Il suffisait d'en parler avec A-M l'ostéopathe hier pour que tu te mettes à ramper quelques heures plus tard. Ton papa t'a attiré avec un morceau de galette de maïs, toi le gourmand prêt à passer par-dessus ta frustration d'être sur le ventre pour une minuscule bouchée de rien du tout. Mignon. Et ce matin, c'est avec des jouets que j'ai réussi à te voir te mouvoir vers l'avant par la seule force de tes bras. Bonhomme.

Pour le sein qui t'endort, elle a dit que c'était ton besoin de succion que tu comblais ainsi, besoin qui peut perdurer jusqu'à tes quatre ans. Elle a suggéré d'essayer de te laisser ton gobelet d'eau pendant que tu dors puisque tu ne prends pas la suce, mais même s'il y a un système antifuite d'intégré au capuchon nous craignons un dégât mouillé dans le lit alors nous te dénicherons plutôt une suce en caoutchouc naturel. Peut-être qu'elle fera le truc.

Aussi, il a été question avec elle du médicament homéopathique qui a aidé à chasser pour de bon ton eczéma. Elle m'a demandé le nom. Je n'ai pas su lui répondre autre chose que ce que ma mémoire avait retenu de l'abréviation sur le sachet: CALC. A-M a tout de suite dit: calcarea. Reste à voir maintenant quel type: fluorica, phosphorica, carbonisa... J'ai donc contacté Ml. l'homéopathe aujourd'hui pour le savoir. Je suis tombée sur sa boîte vocale. A-M m'a expliqué que chaque individu a un remède homéopathique constitutionnel, c'est-à-dire qui répond aux besoins spécifiques de l'individu. Par exemple, toi, tes dents poussent lentement et tu as tendance à suer de la tête pendant tes siestes. Selon A-M, ce sont des symptômes qui pourraient se résorber si je te redonnais une dose de ce médicament qui a chassé ton eczéma puisque c'est celui qui te va comme un gant. Elle a continué en ajoutant qu'il me suffirait de guetter la ré-apparition de ces symptômes pour savoir quand il faudrait t'administrer à nouveau une dose pour ré-équilibrer ton organisme. Plus j'en sais à propos de l'homéopathie, plus je me dis qu'il me faut absolument procurer les bouquins qu'A-M m'a recommandés.

À la suite de ton auscultation, c'est moi qui me suis étendue sur la table. Pendant qu'elle me travaillait le bas du dos, nous avons parlé des maisons de naissance, là où il est possible d'accoucher assistée d'une sage-femme. Ses conseils m'étant chers, je l'ai écoutée me donner son opinion à ce sujet, basé sur les expériences de plusieurs de ses patientes. En gros, elle-même a préféré accoucher à l'hôpital pour prévenir en cas de complications. Je lui en ai parlé parce que j'aimerais être suivie par une sage-femme lors de ma prochaine grossesse. Malheureusement, sur la rive-sud, il n'y a encore aucune maison de naissance et celles qui se trouvent sur le territoire montréalais ne m'acceptent pas puisque je ne suis pas une résidente de la ville. Si je veux que les choses bougent, il va falloir que je pose des gestes politiques, par exemple me rendre à une séance du conseil de la ville afin d'en faire la proposition. Nous verrons. A-M m'a parlé du centre Anna-Laberge à Châteauguay, là où accoucher se fait avec beaucoup de respect et de support. Le genre d'endroit qui me plairait selon elle. Je ferai des démarches pour m'informer davantage à ce sujet.

Après le dos, elle a travaillé ma cicatrice de césarienne parce que lorsqu'elle l'a effleurée pendant une manipulation, je lui ai dis qu'elle était encore sensible. En la massant, elle a remarqué un renflement sous-cutané que je sentais moi aussi lorsque j'y appliquais l'huile de rose musquée pour aider la peau à se reconstituer. La bosse a disparu après qu'elle ait appliqué ses mains guérisseuses dessus quelques minutes. Une vraie sorcière.

Pour finir, je lui ai demandé s'il était vrai que je devais calculer deux ans fermes entre mes deux accouchements à cause de ma césarienne. Elle a répondu que ça dépendait du protocole de ma chirurgie, à savoir comment elle s'est déroulée: est-ce que l'utérus était bien placé, est-ce qu'il y a eu beaucoup de saignements, est-ce que la plaie a bien été tracée, etc. Aussi, selon elle (et les expériences de quelques-unes de ses patientes), certains obstétriciens accepteraient de tenter un AVAC (accouchement vaginal après césarienne) même si c'est en deçà du deux ans.

Chacune de mes rencontres avec cette personne-ressource me pousse à comprendre davantage et plus ça va, plus je me dis qu'elle est un maître spirituel déguisé en maman d'une fillette de trois ans.