orphelins de l'Éden

7.31.2007

frisson

Rien à signaler à part que c'est le deuxième perce-oreille que nous trouvons dans la maison. J'ai horreur des perce-oreille. Les deux fois, ils étaient près des portes. J'essaie de me convaincre qu'ils sont passés par une craque et qu'aussitôt rentrés, ils ont senti qu'ils n'étaient pas les bienvenus ici et qu'ils cherchaient la sortie de secours. J'ai horreur de cet insecte depuis cet été où il y a eu une infestation dans notre maison. J'étais adolescente à cette époque, il y a environ quinze ans. Il y en avait partout. J'avais réalisé l'amplitude du problème lorsque un matin, j'avais voulu enfiler mes chaussures que j'avais laissé aérées toute la nuit sur le balcon arrière. Une petite voix m'avait suggéré de secouer mes dites chaussures avant de me les mettre aux pieds. Cette voix, je la remercie encore puisque six de ces bestioles au cul pincé en étaient tombées. C'était la première fois que je voyais cette créature. Le signal était donné. Dans les semaines qui suivirent, elles étaient partout. On disait maintenant qu'il y avait une infestation dans la ville. Moi, ce qui m'importait, c'est qu'elles étaient partout chez nous. Je me souviens du perce-oreille qui grimpait sur l'épaule de mon demi-frère pendant qu'il avait les deux mains plongé dans l'évier affairé à nettoyer les assiettes, de celui grimpant le mur à deux pouces de moi qui jouais au Nintendo dans le sous-sol, de celui aussi qui pendait du plafond à m'épier de sa taille minuscule, mais grotesque dans ma douche. J'avais développé une telle aversion pour ces forficules que j'en rêvais même la nuit. Une bestiole plus grande que moi me menaçait en faisant claquer sa pince énorme. Horreur que je vous dis. Et même si Georges Brassard en personne me disait qu'elles sont les plus divines choses sur la Terre, je tirerai la chasse d'eau pour m'assurer qu'elle ne reviendrait jamais.

7.29.2007

chers amis

M. baille aux corneilles sans que le sommeil ne vienne. Il est 9 h du matin et les copains ont quitté à 1 h 30. C'était notre soirée anciens voisins. Vraiment, notre petit groupe a une belle chimie.

P., notre ancien charmant voisin est arrivé le premier hier après-midi. L'ironie, c'est que tous les autres étaient partis en voiture tandis que lui arrivait à vélo. M. qui attendait les invités assis sur la galerie à l'avant l'a vu passer comme une flèche. Il était trempé, mélange d'une courte et violente averse rencontrée sur le pont Jacques-Cartier et de l'effort sué par toutes les pores de sa peau. Quand il est débarqué de son véhicule aérodynamique, il a complimenté notre paradis. Il est rentré à l'arrière pour accoter son vélo sur la clôture et il a complimenté la cour du paradis. M. a sorti sa tondeuse manuelle pour lui montrer. Que voulez-vous, c'est son jouet préféré.

Les autres sont arrivés après deux appels téléphoniques de "où sommes-nous au juste?" Google map tripe sur la 15 et la 40 selon J. notre ancienne charmante voisine qui conduisait la voiture. S. son copilote m'a tendu un pot de confiture de fraises maison quand il est débarqué. C'est comme cela que j'ai rencontré S., avec un pot de confiture aux fraises maison qu'il nous apportait pour s'excuser d'avoir voulu installer un antenne accroché au balcon de notre appartement. F. et Pr., son amie de coeur depuis les deux dernières décennies, ont franchi la clôture main dans la main. J. a été charmée par la poussée de croissance de nos végétaux en terre et en pots, elle qui était venue à la Saint-Jean, quelques jours seulement après que nous ayons mis les racines de tout un chacun à leur place désignée. Elle a aussi aimé notre boule à compost. Après une tournée des lieux entre les murs, les hommes ont pris place sur le deck pendant que je préparais les bruschettas, mes tous premiers à vie, concoctés d'un mélange de tomates en dés, maïs frais égrainé, oignon rouge émincé, ciboulette du jardin, huile d'olive, vinaigre balsamique, paprika fumé, sel, poivre et copeaux de parmesan, le tout déposé sur des croûtons de baguette frottés à l'ail. Les bouchées s'envolent en un rien de temps pendant que les bières se sifflent dans la lumière grise de l'après-midi couvert. Cependant, la pluie a contourné notre paradis qui ne s'est pas fait mouillé de toute la soirée.

Parce que lors de notre dernière réunion ensemble nous avions parlé de prendre une photographie de notre groupe, sans jamais la prendre finalement, je sors mon appareil fixé au trépied et voilà, nous sommes immortalisés dans un fichier numérique pour l'éternité. F. s'extasie encore sur notre amitié et se demande comment elle est née au juste quand en fait, il en est le liant. F. qui engage la conversation avec n'importe quelle gueule sympathique et qui réitère quand son impression a été bonne. F. qui peut aussi être d'un cynisme désopilant. En soirée P. nous racontera le jour où ils étaient assis tous les deux sur son balcon avant et que F. avait applaudi platement une femme qui venait de zigoner pendant cinq minutes à faire un parallèle. Elle avait finalement stoppé à trois pieds du trottoir. Elle lui avait fait le poing d'honneur et lui de répliquer que les applaudissements étaient sincère, "la voiture est droite quoi".

Je rentre pour préparer le souper. J. butine autour de l'îlot pour me donner un coup de main. Avant l'arrivée des convives, M. et moi avons préparé ce que nous pouvions. Les denrées fraîches du marché du matin ont été lavées, brossées, quantifiées en vue d'une préparation plus rapide du repas. Au menu, j'avais planifié une recette que V. ma collègue amie m'avait refilé cette semaine. Un plat de poisson blanc servi sur un lit de poireaux, patates et bettes sauce à la crème et vin blanc. J'ai choisi des filets de tilapia même si Jl. mon amie rencontrée au Jean-Talon le matin même me dit que son amoureux Tv. qui était lui aussi présent n'en était pas très friand, lui qui est originaire d'un peuple pêcheur. Il semblerait qu'ils considèrent la bête comme un éboueur des eaux. Tv. nuance et dit qu'en fait, les poissons d'eau douce ne sont pour lui pas comparables à ceux de la mer. Quoi qu'il en soit, la plat est un franc succès puisque P., F. et S. se servent une seconde portion. Pendant le repas, S. hésite à manger la fleur de citrouille, touche que j'ai décidé de rajouter à la concoction pour sa belle couleur orange. Nous trinquons plusieurs fois à des choses comme notre amitié, cette soirée, le mariage bidon de F. et P. - pour les cadeaux qu'il lâche à la blague.

Après le repas et une pointe tarte au sirop des Sucreries de l'érable mangée debout autour de l'îlot, suivent d'autres bières et le Nintendo au sous-sol. J'ai l'impression de retomber en enfance et je ne suis pas la seule. P. est enjoué à l'idée de renouer avec un jeu de baseball. S. et J. se défient au Tetris pendant vingt bonnes minutes, pendant que les fromages disparaissent de sur l'assiette. Le Laprairie bio pour lequel j'ai opté est englouti en deux, trois mouvements. Je le trouve trop salé à mon goût. Je préfère l'autre à pâte semi-ferme dont j'oublie le nom aux consonances amérindiennes. J. adore le pain aux noix de Première Moisson que je sers avec eux. Elle dit que selon elle, c'est le meilleur pain qui existe. Je lui fais remarquer sa belle teinte violet.

Pendant que les fromages déploient leurs effluves, M. et F. sont partis dans le Parc de la Cité pour voir le lac. Ils reviennent plus tard et cette fois, c'est l'ensemble qui se dirige vers l'espace endormi sous une lune brillante presque pleine. Une marche digestive. À un moment, P. retire ses chaussures à gros talons. Pieds nus, elle dévale la butte comme une gamine. Je crois que cette année, elle aura 65 ans.

En rentrant, nous nous asseyons sur le deck emmitouflés dans nos pulls. Nous migrons à l'intérieur lorsque M. aperçoit la lumière d'un voisin qui s'allume bien que nous ayons essayé de ne pas parler trop fort. Ils quittent peu de temps après. Et quand je les regarde rouler doucement vers la ville, je sais qu'au paradis, il me manque leur compagnie.

7.27.2007

tournoyer

Il faisait très chaud hier, à se promener dans les rues du Vieux-Port. Nous avions en tête d'aller visiter l'exposition le Monde du Corps 2 et puis de faire une pause repas chez Cluny. Parfois, il faut accepter que le plan tombe à l'eau. Nous avons d'abord marché de Bonaventure au quai où se trouve l'exposition. En nous rendant, nous voyions beaucoup d'hommes et de femmes assis sur les murets et les bancs, un peu partout dans les aires ouvertes. Il était environ 11 h. Tôt pour dîner, mais que voulez-vous, le beau temps les appelait peut-être. Puis au Square-Victoria, les feux de circulation ne fonctionnaient pas. Mais nous nous rendions, confiants du déroulement de la journée. Une fois arrivés devant le Musée des sciences, plusieurs employés étaient regroupés en petites grappes et sur la porte, on annonçait que le lieu était fermé pour une durée indéterminée. Ah, ah, une panne.

Nous sommes donc repartis direction Cluny, plus vers l'ouest. Ce resto dont j'ai entendu parler des années auparavant est situé en plein coeur du quartier des technologies dans le Vieux-Montréal. D'ailleurs, il est fermé le week-end et en soirée, à part pour quelques rares jeudis ou vendredis, dépendemmant de ce qu'il se passe à la Fonderie Darling, mecque culturelle qui lui est annexée. De mémoire, j'ai retrouvé le dit restaurant un jour que je me promenais dans ce quartier étrange. C'est au coin des rues Prince et Ottawa que se trouve ce petit bijou. Là, la formule emprunte au concept de cafétéria, mais l'analogie s'arrête là. Ce que l'on y sert est d'une qualité exquise et l'on apprête le tout avec beaucoup de raffinement culinaire. À tout coup, il y a des antipasti et des sandwiches et un ou deux plats chauds et un potage, sans oublier un ou deux desserts à faire succomber n'importe quelle dent sucrée. M. et moi nous sommes rabattus sur une assiette d'antipasti accompagnés de pâtes pesto et de salade de patates et pois chiche. Outre la nourriture, il y a la majestuosité du lieu tout de béton, de vitres immenses, de fer et de bois. Cluny prend racine dans une ancienne usine et n'a rien changer ou à peine au squelette d'origine. Des tables de bois immenses transforment les affamés en commensaux et la lumière qui flotte s'étend partout sous les plafonds hauts de vingt pieds. Lieu magique s'il n'en est un.

Repus, nous tentons de trouver un guichet Desjardins dans ce quartier touristique où les Toronto Dominion, les Royal Bank et les Bank Scotia pullulent. Aussi, M. sent poindre une ampoule à cause du frottement de sa courroie. Oui, nous portons encore nos crocs. Trouver une pharmacie dans ce quartier de "regardez à gauche, regardez à droite, vous verrez" est aussi tout un aria. Nous repérons un guichet à deux pas de la sculpture-fontaine de Riopelle, près de la Place d'Armes. Reste plus que les diachylons. Finalement, tant qu'à faire, nous nous rendons au Complexe Desjardins, à pied toujours. Là, dans l'Uniprix au sous-sol, je mets la main sur un nouveau produit dont j'ai testé l'efficacité pendant une partie de soccer. C'est ma soeur G. qui m'en avait parlé. C'est un genre de déodorant que l'on applique là où il y a la rougeur précédant l'ampoule où là où l'on pense qu'il y aura frottement. En fait, je dis déodorant, mais c'est parce que c'est un tube similaire et que ça s'applique de façon similaire. Le principe est simple, c'est une huile végétale qui permet un glissement plutôt qu'un frottement. Diablement efficace.

Donc frotte, frotte sur le talon et nous voilà repartis vers le fleuve pour voir si l'exposition est maintenant accessible. Marche, marche encore. Rendus là, c'est encore fermé. Parce qu'il fait chaud et que l'on a pas pris de dessert, je veux une boisson froide d'un comptoir laitier. Direction Place Jacques-Cartier chez Ben & Jerry's, baratteurs au souci écologique. Notre limonade fait de petits fruits du Québec, de sorbet au citron et de jus de fruit pur, nous est servi dans un contenant biodégradable fabriqué à base de maïs. On sirote notre potion glacée en regardant les touristes envahirent chaque pouce carré du lieu historique.

Marche, marche pour une troisième tentative musée. Cette fois, ça vient d'ouvrir et le flot d'individus est dense. On décide de foncer quand même. Mais en ligne, des adolescents devant nous nous apprennent le prix par leur conversation. La visite nous coûtera 25 $ chacun. C'est comme cela que nous nous faufilons hors de la ligne d'attente, direction Bonaventure. Marche, marche dans le soleil accablant. Parfois, il faut accepter que le plan tombe à l'eau et réaliser qu'au final, on a quand même passé un bon moment.

7.25.2007

encore en congé

Voilà, vaut mieux profiter des beaux jours ensoleillés. Déjà, le téléphone sonne pour M., employeurs à la recherche de jeunes poulains pour leur écurie. Alors, j'ai demandé à ma patronne au onzième quelques jours de congé et puis, voilà, vaut mieux profiter des beaux jours ensoleillés.

Sur nos super bécanes, chaussés de nos crocs, les orteils dans le vent et le front au soleil, nous nous sommes rendus au Fort de Chambly, impressionnante bâtisse de pierres, érigée stratégiquement sur une pointe de terre plongeant dans un cours d'eau au courant brassé de moutons blancs. Autour du témoin de l'Histoire, un parc aux grands arbres accueillent des pique-niqueurs et des flâneurs. Dans la baie, plusieurs chaloupes prouvent qu'il y a là poissons à pêcher. En regardant dans l'eau, tout ce que je vois c'est un squelette de vélo à la roue arrière manquante qui gît sur le lit de pierres brossées par le temps. La piste cyclable qui nous a mené là est un cordon d'asphalte lisse passant dans forêts et champs. Près de nous, les quenouilles balancent dans le vent en froufroutant. Nous voyons des monarques voleter paresseusement au ras du sol. Je suis une enfant de la campagne. Mes origines battent dans mon sang. Ivresse de l'air chargé des parfums de toutes sortes. Beauté des feuilles que les arbres portent comme des milliers de colliers de perles superposés. Boum, boum. Boum, boum.

De retour, à la maison, nous dînons et puis, direction musique et poisson pour le souper. Je mets la main sur un album de chansons interprétées par Nina Simone, remixées par des bidouilleurs techno. Ensuite, nous allons dans un marché couvert à Brossard où sont réunis une fruiterie, un comptoir Première Moisson express, une poissonnerie, une fromagerie, une SAQ et autres. Je commande une livre de saumon biologique s'il vous plaît et je suis agréablement surprise parce qu'ici, je paie dix dollars de moins qu'à Montréal. Rapini, pêches de l'Ontario, poisson et croissants plus tard, nous revenons au paradis. Bientôt, je cannerai des fruits à la chair orange, mais pour l'instant, celles que nous venons d'acheter sont encore un peu dures. Sur le comptoir, elles mûriront pour devenir des boules de jus et moi, je suis une boule de repos bien mérité.

7.23.2007

congé

Il est arrivé vers 11 h. Je revenais tout juste d'un tour à vélo avec pour objectif l'achat de certains ingrédients manquants. Je rangeais la nourriture quand la porte s'est ouverte. M. était là, vêtu de sa belle chemise à manches courtes au motif carrelé, bleu, blanc et beige. Il m'a dit: "Je suis en vacances." Et il a rit, rit, et rit encore. Complètement hilare. Il n'a plus d'emploi. Lui et moi, on sait que tout ira bien. En plus, ils annoncent beau cette semaine.

La vie, c'est comme ça. Il faut s'attendre à tout. Cette mise à pied était à prévoir. M. l'avait pressentie pour fin septembre, mais bon, pourquoi pas aujourd'hui, compte tenu que la compagnie roulait sur de l'air depuis des mois déjà. Pas de ventes de produit, pas de revenus, beaucoup de dettes. C'est une équation facile à résoudre. Coupure, coupure, coupure. Ils sont plusieurs à être repartis chez eux, dont At., son ami chez qui nous sommes déjà allés souper. Tout ira bien pour votre famille, c'est promis.

Alors, parce que j'étais en congé aujourd'hui, nous sommes embarqués dans Jasmine la Fit, direction St-Lambert pour lécher une glace exquise. C'est au Bar Laitier Hartley que nous nous sommes attablés pour déguster sorbets et crème. M. a choisi deux sorbets: fraise et basilic, et framboise, canneberge et hibiscus. Quant à moi, je me suis régalée d'une crème à la cardamome et d'un sorbet à la corossol. Un pur délice. La grande majorité des produits sont maison et les parfums sont originaux. Heureuse découverte.

Ensuite, nous sommes allés nous bourrer de vert au Mont St-Bruno. Marche, marche dans les sentiers qui s'ouvrent entre les arbres accrochés à cette enflure terrestre. Main dans la main. Parce que ça faisait longtemps que nous n'avions pas fait de promenade et que ça faisait longtemps que nos doigts ne s'étaient pas entremêlés. Avant de quitter le parc national, un oiseau bleu vif nous a salué. Ce n'était pas un geai. Il ressemblait plutôt à un chardonneret bleu, peut-être que c'était un pinson des Îles Canaries, égaré ou plutôt, messager. Salut à vous deux et tout baigne, vous verrez.

7.22.2007

merci

Eh oui, un an à vous jaser ça. Il me semble que les mois ont passé à toute vitesse, même si, vous l'aurez remarqué, j'ai eu des creux. Panne d'inspiration, difficulté aussi à savoir si le jeu en valait la chandelle. Je vais vous révéler un secret. Je sais d'où vient mon lectorat. M. a installé un parasite gentil sur mon blog qui me permet de déterminer d'où et quand je suis lue. Ainsi, je sais que le Québec et l'Ontario me lisent, que New York me lit, l'Illinois et le Texas aussi. Je sais que mon beau-frère Bb. me lit depuis Hong Kong. D'ailleurs, il est le premier à m'avoir laissé un commentaire et je te remercie de suivre mes jours écrits. Parfois, la France me lit, une personne qui vient butiner de temps en temps. Pour revenir aux commentaires laissés, je ne peux passer sous silence mes tops correspondantes: M-H, Ziwi et Juliette. Vos mots sont comme des bises à chaque fois et pour les autres silencieux, vous aussi votre venue m'est chère, je vous l'assure.

Durant cette année, j'ai beaucoup appris. Sans trop le savoir, cet exercice m'a permis d'établir un nouveau contact avec l'écriture. Avant cette voie, j'écrivais parce que c'est ce que je fais pour exprimer la grâce, je crache des mots. C'est mon art principal. Je considère que l'humain est un artiste, qu'il le veuille ou non. Chacun célèbre la vie à sa manière, la remercie avec ses propres moyens. L'Art pour moi, c'est une façon d'Aimer. Tout le monde est donc un pont, une déclaration d'amour. Celui qui repasse ses chemises méticuleusement, celui qui barbouille ses doigts de boue pour trouver une perle, celui qui gravit des collines et celui qui profite du pré pour s'étendre, tous nous sommes des manifestations de cette magnificence par notre reconnaissance. Il suffit d'en être conscient.

Pour revenir à l'écriture, disons que de blogger m'a dégourdie. Pendant des années, seize ans en fait, j'attendais un débordement, un moment carthartique pour noircir les pages de cahiers ou pondre des paragraphes lourds comme des tonnes de béton compacté que je collais les uns aux autres pour finir par appeler ces amalgames des livres. Ces livres, mes trois blocs courts et définis par mes cycles de vie, ce sont eux que je considère comme étant inspirés. Ils sont le fruit d'attente et de patience. Lents à construire et du coup, déconstruits, non structurés, laborieux à parcourir. Je les imagine parfaits pour la table de chevet, du genre à ingérer justement un paragraphe à la fois, un paragraphe au hasard.

Maintenant, je travaille sur un nouveau projet d'écriture. Complètement différent de ce que je faisais jusqu'à maintenant. Si je suis capable d'y croire, c'est parce que j'ai en quelque sorte désacralisé mon rapport à l'écrit. J'aligne les mots à partir d'une autre source qu'en haut, que le rayon magique qui me lie aux cieux. J'aligne des mots avec mon ventre et mon imagination. Je suis devenue un véhicule et non seulement un réceptacle. Même si l'état de presque hypnose que me procure l'intensité d'une écriture inspirée est terriblement bon, je sens, par ce nouveau souffle, que l'écriture au quotidien est possible et qu'elle me comble.

Tout cela pour vous dire que je compte bien continuer. Et que je sais que vous êtes là.

7.20.2007

7.19.2007

l'autre

Mea culpa bien que ce ne soit pas par manque de volonté que je n'aie pu écrire hier soir. Panne chez Bell mardi, panne chez Videotron hier soir. Même les téléphones étaient kaput, dead, morte. Au moins, nous avons les clefs de la voiture que j'ai dit à la blague à M.

Au onzième, ces jours-ci, le travail a repris de plus belle. Le creux et les doutes quant à nos emplois se sont envolés avec des piles de boulot qui sont atteris sur nos bureaux. Avec cela, l'esprit d'équipe est en branle et un trait de ma personnalité refait surface tout à coup.

Je pose des questions et j'aime que la machine soit bien huilée.

C'est comme ça, j'aime savoir où je m'en vais et comment faire le travail pour qu'il soit accompli correctement et de la meilleure manière possible. J'aime une machine bien huilée pour de nombreuses raisons: économie de temps, qualité optimale du résultat, meilleur climat de groupe. Puisque nous sommes appelés parfois à travailler les uns avec les autres, j'aime à penser que ces questions font avancer les choses pour tout le monde.

Et puis, je sais aussi que j'aime apporter des solutions aux problèmes. Ma soeur B. m'appelle souvent Germaine - lire ici gère-mène - parce qu'elle dit que je prends l'initiative de mener. Mais justement, j'essaie de le faire sans trop froisser les gens, en sachant que tous et chacun est capable d'apporter du sien. Que voulez-vous, j'ai un côté leader quand je me retrouve dans un groupe, c'est comme ça.

Tout à la fois, c'est un trait de personnalité qui joue des tours. Quand on prend les devants, il faut être capable de le faire avec finesse, discernement et aussi, il faut savoir se retirer quand on sent que ce leadership ne fait pas l'unanimité. Au onzième, mes collègues font des blagues avec ça et je crois que dans l'ensemble, je suis appréciée. Je suis respectueuse avec tous et chacun parce que je sais que la nature humaine est ma matière première. Comprenez en cela que chaque jour est pour moi une occasion à saisir pour être une meilleure personne pour un monde meilleur. Dans cette perspective, toutes mes relations sont axées vers le bon, le bien, le beau. Donc, mes collègues, je les chéris puisqu'ils sont les humains que je côtoie au quotidien et que ce sont dans leurs miroirs que je pèse ma valeur morale.

Alors, je me dis, tout doux la Lu, laisse la place à ceux et celles qui peuvent aussi prendre les rênes et surtout, à ceux qui veulent le faire. Et puis, je me questionne, parce que telle est ma nature. Je me questionne sur le pourquoi de ce trait de personnalité chez moi, au boulot, mais aussi dans d'autres aspects de ma vie. Je cherche à comprendre comment faire la paix avec cet aspect fort de mon identité. Pourquoi ai-je tant besoin de parer les coups pour l'ensemble? Parce que c'est cela en fait. En fait, je pense que c'est cela. Je me vois comme un gardien de but qui essaie de couvrir tous les angles pour ces co-équipiers. Je veux épargner aux autres le manque de solutions, mais aussi l'inconfort né d'une situation ambigüe et désordonnée. Quand tout est su, on ne peut pas faire d'erreurs. Ça c'est au travail. Mais ça se transpose aussi dans d'autres situations comme lors de réunion familiale ou d'événements tels des anniversaires. J'essaie d'organiser les choses pour que tout le monde soit le plus heureux et confortable possible. Confortables physiquement et psychologiquement. Je n'aime pas sentir que les gens souffrent pour des choses qui auraient pu être évitées. C'est mon côté Jésus.

D'ailleurs, M. a dit à la blague que notre enfant - que je ne porte pas encore - sera soit un génie - monsieur est ingénieur - soit un Jésus - je donne des framboises à des étrangers. Nos enfants surtout, je veux leur laisser faire des erreurs. Je sais qu'on apprend d'elles et que mon trait de personnnalité maternant me vient du mal que j'ai toujours ressenti vivement quand certains contacts humains sont plus durs ou maladroits que d'autres. Si je tente de parer tous les coups pour les autres, c'est que je sais qu'ils font mal et rendent craintifs face à la nature humaine. Surtout depuis que je sais que c'est aussi simple d'aimer son prochain que de lui blesser cet amour.

7.16.2007

7.15.2007

Aum

Week-end relax. Très. L'encens brûle, M. sort d'un bain à la chandelle, Nougat le gros chat croque sa nourriture dans la cuisine. Une paranthèse d'engourdissement sublime. C'est à mon tour de me glisser dans l'eau soyeuse.

7.13.2007

de Saint-Damase à la rue Jarry

Il était une fois, un panier de framboises à 4$ au marché Jean-Talon. Il était là, sur un étal encore ouvert malgré l'heure tardive, coincé entre ceux à 3$ et 5$. Le marchand m'a demandé: "Lequel voulez-vous madame la présidente?" Et puis, il m'a dit que si je le voulais, je pouvais rapporter le petit panier vide puisqu'il les réutilisait. Je suis partie avec mon petit panier plein de baies poilues, à la couleur appétissante, comme ça, sans le sac de plastique bleu que le marchand m'avait offert.

À quelques mètres de là, attablé à une table de pique-nique verte, se trouvait un jeune homme. Nos regards se sont croisés, je lui ai dit: "Dans le parc". Et puis, il m'a reconnu. Nous nous sommes tous représentés les uns aux autres, Ls., M. et moi. Nous avions rencontré Ls. dans le parc Laurier il y a presque un an. Il avait vu nos vélos pliables et je lui avais offert, à cet étranger au coeur bon, de l'essayer pour voir. Après, nous avions parlé longuement lui et moi de voies spirituelles ancrées dans le quotidien. Aujourd'hui, un vélo pliable était appuyé sur la table près de lui. Ça nous a fait sourire. En dix minutes, nous avons parlé de sa relation amoureuse, de choix de carrière, de capitalisme, de banlieue, de sentiments, de communauté, de faire une différence là où l'on est avec les moyens que l'on a. Il a mangé quelques framboises que je lui avait offertes pendant que nous échangions. Avant de nous séparer, je lui ai donné mon adresse de blog. Salut à toi si tu passes par là.

Nous avons remonté Henri-Julien avec l'intention de tourner sur Villeray pour jeter un coup d'oeil chez l'antiquaire où nous avions vu un banc de quêteux avant de déménager. En route, nous croisions d'autres piétons profitant du temps frais par un crépuscule du vendredi. À un moment, un couple s'avança vers nous. Quelques pas avant de les croiser définitivement, j'ai saisi le regard de la femme vers le panier de framboises. Spontanément, je lui en ai offertes. Interloquée, elle a accepté tout simplement en disant: "Mes mains sont sales" d'abord et puis, "La manne du Seigneur" quand je lui ai dit de faire une coupe avec ses deux mains réunies, dans laquelle j'ai fait tombé une quinzaine de baies. Ils m'ont remercié. Je leur ai souhaité un bon souper puisque c'est là qu'ils se rendaient.

Poursuivant notre chemin après avoir noté le numéro de téléphone de l'antiquaire qui était fermé, là où il n'y avait plus celui que nous avions vu, mais plutôt un plus simple, barbouillé de plusieurs taches de peintures de différentes couleurs appliquées à différentes époques sans doute et maintenant délavées, ma jupe portefeuille s'est fendue pour laisser ma jambe se découvrir nue tout à coup. M. a rigolé et je lui ai demandé de tenir le panier de framboises pour que je puisse revenir à une tenue plus correcte.

Sur Gounod, nous avons croisé Mn. et Jc., nos anciens voisins du deuxième étage, habitant sur le même étage que Fn. Nous les avions vus plus tôt dans la soirée quand nous prenions un bain de soleil avec Fn. sur le balcon avant. Je leur offre des fruits, mais ils la déclinent. Ils sont à la recherche d'un club vidéo. Je leur suggère le Videotron pas trop loin où il y a une bonne sélection de films répertoires. Et pour les détracteurs de Videotron, sachez que l'entreprise tentaculaire fait des efforts écologiques ces temps-ci. Elle met la main à la pâte pour sauver des arbres.

Presque arrivés à l'appartement, là où nous avions stationné la voiture, deux vieillards se saluent à distance de nous. Nous croisons l'un et l'autre me dit, losrque nous parvenons à lui: "Tiens, un petit panier de framboises". Je lui en offre à lui aussi et il nous dit qu'il en a récolté quarante de son jardin, lopin qu'il a au communautaire pas trop loin de là, merci quand même. Il trouve que 4$ c'est cher, mais comme on s'entend pour le dire, les framboises c'est plus cher, un point c'est tout. La cueillette est plus délicate et les baies sont plus fragiles.

Nous sonnons chez Fn. pour lui souhaiter une bonne nuit, parce que finalement, nous filons vers le paradis tout de suite. Je lui tends le panier presque vide maintenant parce que nous en avons mangées en route. Fn dit: "Comme disait ma mère, le bon se trouve dans le fond." Bisous vieux loup.

7.12.2007

bon Dieu

Revenue d'un quarante minutes de vélo, je peux vous dire que vraiment, notre paradis, il est bien situé. Une piste cyclable est là, juste au bout de notre rue et puis, sur des kilomètres et des kilomètres, la voie assez large porte joggeurs, marcheurs, pédaleurs et patin à rouleurs (!). Ce trajet rectangulaire ou presque nous mène d'une enclave vaste et verte, propriété d'Hydro-Québec pour ses lignes haute tension, à des rues bordées de petites maisons coquettes entretenues avec personnalité. Monsieur aime les épineux bleutés taillés en cône géant, madame préfère les chaises de fer forgé aux fioritures rappelant l'annuaire levé à l'heure du thé. Je pointe à M. une maison beaucoup plus vieille que les autres, sans doute la seule à l'époque où tout cet espace appartenait à quelques agriculteurs qui cultivaient fruits, légumes et foin.

En parlant de terre cultivée, nous venons tout juste d'apercevoir de micro-trous dans les feuilles de certains poireaux, comme dans celles du plant de zucchinis. Aussi, quelques feuilles des plants de concombres sont blanchies. En regardant de plus près dans un livre de jardinage écologique, je crois que nous sommes au prise avec un problème de fourmis éleveuses de pucerons. Il y a de l'esclavagisme dans notre potager. Demain, j'irai leur lire la Charte en aspergeant les végétaux de Bt ou de pyrèthe obtenu à partir des fleurs. Ce sont des insecticides gentils pour l'environnement et les mammifères, mais méchants pour les systèmes nerveux des bestioles dévastatrices. Décidément, jardiner est une tâche de chaque instant.

Et j'aime voir que nous ne sommes pas les seuls à profiter de notre terrain, des rues paisibles, du beau temps. Pendant notre balade en bécanes, tous ces gens que nous croisions ou que nous voyions besogner aux alentours de leur chaumière, tous ceux-là, ils sont actifs et moi, je trouve ça réconfortant pour l'espèce humaine. L'apathie n'a pas encore gagné sur toute la ligne.

Et puis, parce que demain c'est vendredi - vendredi 13 et anniversaire de mon défunt papa -, le patron nous a accordé une demi-heure de plus pour dîner. Alors, avec des collègues, nous avons pensé aller pique-niquer sur le bord du canal Lachine. La plupart ira explorer le marché pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Peut-être que j'acheterai des beignes aux patates pour faire goûter à certains. Mais assurément, je me gâterai d'une coupe glacée du petit Havre des Glaces - le grand se trouvant au marché Jean-Talon étant l'aîné des deux.

Er parce que j'en ai fait en rentrant du boulot, je goûterai mes confitures de rhubarbe demain matin. Divin moment suivi de centaines d'autres qui mèneront à deux jours de repos. Dieu est bon.

7.10.2007

pas encore. bientôt?

Je ne vous ai pas encore dit que la première lettre reçue au paradis provenait de l'autre côté de l'océan, des Éditions des femmes. "Nous vous remercions de nous avoir envoyé votre manuscrit que nous avons lu avec intérêt. Cependant nous ne pouvons le retenir, nous en sommes sincèrement désolées." Preuve que ce sont bien des femmes qui l'ont lu, vu l'accord du participe passé. Ce que j'en dis de cette réponse, c'est qu'elle m'est parvenue assez rapidement merci, compte tenu que Nk. ait posté mon manuscrit quelques jours après être arrivé sur le vieux continent, soit dans le 25 ou 26 mai dernier. Putain, les Français, ils assurent un maximum!

Au Québec, une réponse semblable a mis des mois avant de s'échouer dans ma boîte aux lettres. Je m'attendais à avoir des nouvelles en l'an 2008 et voilà que déjà, trois maisons françaises m'ont envoyé leur "sincèrement désolés". Je sais qu'il me reste deux réponses à recevoir et dans ces deux possibilités, il y a une maison que j'aime bien: P.O.L. Ce serait fantastique de recevoir une invitation à être publiée chez eux. Ce serait absolument exquis. Il faut croire en ce que l'on fait, sinon, qui le fera pour nous?

Peut-être la diseuse de bonne aventure qui a vu que je rencontrerais des gens et que je voyagerais dans un autre pays pour faire la promotion d'un de mes livres. Pas de date cependant, mais des indices entremêlés aux autres trames de mon histoire personnelle. Si mes calculs sont bons, ces lettres que j'attends sont peut-être enfin les bonnes - après plus de dix ans de tâtonnement du terrain - ou sinon, c'est de mon nouveau manuscrit - lequel? deux sont en chantier - qu'il s'agit. Quoi qu'il en soit, maintenant que je sais que les Français sont aussi rapides, je n'aurais plus de craintes à leur faire parvenir mes manuscrits, même si ça me coûte une petite fortune.

Le plus encourageant, c'est que pendant la dernière séance de voyance à laquelle je m'étais adonnée et remontant à quatre bonnes années et demie, une prédiction semblable m'avait été livrée. Je recolterai une réussite ailleurs, pas ici. Avis aux amis Français, si je cherche une piaule, je peux squatter chez vous?

Je vois déjà mon beau-frère qui me lit tourner les yeux et dire "Oh Hell! How can she believe this crap?" Je peux croire ce que je veux, mais parfois, la vie nous réserve des surprises et je suis convaincue que tout vient à point à qui sait attendre, comme je l'ai dit souvent.

7.08.2007

avant le dodo

Nul arbre n'a été planté cette fin de semaine. Des fils basse tension passant justement là où nous pensions voir s'éléver les cimes de nos chênes nous ont convaincus d'attendre un peu avant d'aller de l'avant. Nous opterons peut-être plutôt pour des arbres plus trapus, une haie de cèdres - classique! - ou des plantes grimpantes sur treillis. De toute façon, rien ne presse, surtout que nous sommes ceux qui passont le plus de temps dans notre cour. Nous voulions les arbres pour plus d'intimité, mais nos voisins restent encabanés malgré leur piscine creusée. À part pour K. et sa tribu. Eux sortent en soirée, écoutent leur radio aux airs maghrébins et sautent dans leur hors terre pour en faire le tour des dizaine et des dizaine de fois en regardant le fond comme des chercheurs de conches. Ils se crient aussi à tue-tête parfois. M. dit que chez nous, jamais nous crierons à nous époumoner.

En parlant, de lui, je peux vous dire qu'il est aux anges. Sa mère lui a refilé un vieux téléviseur aujourd'hui. Il s'est installé sa console Nintendo old school et joue à l'heure qu'il est à passer d'un tableau à l'autre. Dire que j'ai passé l'été de mes douze ans agglutinée à l'écran du merveilleux monde de Mario. Les temps changent il faut croire.

De mon côté, mes confitures sont faites. Quatre pots aux fraises et quatre autres fraises-rhubarbe. J'ai congelé la balance de mes douze casseaux pour faire des confitures bleuets, framboises et fraises quand viendra le temps des baies du Lac. Ma grand-mère dit que les framboises commencent à sortir. L'été, c'est la foison.
Et demain, ils annoncent encore de la pluie.

7.07.2007

I have dreams

Pendant que le jour se lève et qu'une tourterelle hulule à la fenêtre de la pièce orange, mon estomac s'ouvre grâce au verre d'eau que je bois pour réveiller mon système digestif. Ma nuque est raide parce que mon corps vient tout juste de se tirer du lit. Dehors, tout est détrempé. Ça dure depuis des jours. Il y a une bonne semaine que nous n'avons pas eu à arroser le jardin. Qu'à cela ne tienne, les pants de tomates sont touffus à souhait, tandis que ceux de concombres et celui de zucchinis s'étendent à toute allure. Nous avons même mangé nos premières cerises de terre hier après les avoir fait bien séchées dans un petit bol que nous gardons à cet effet sur un bout de comptoir dans la cuisine.

Depuis que je dors au paradis, mes nuits sont chargées de rêves. Vous savez bien que je me souviens régulièrement de mes songes, mais là, ils s'enfilent en grand nombre. Tellement que j'ai l'impression que mon esprit n'a aucun répit. Pendant la nuit, il ressasse la journée et me prévient sur ce qui vient le lendemain. Il est vrai que ces derniers temps, il m'a fallu miser gros sur mon sens de l'organisation. Peut-être que ma machine est encore sur le mode ne-rien-oublier-pour-que-tout-baigne. Ma reprise du yoga avec une bonne dose de respiration udjayi se chargera sans doute de mettre la pédale douce dans ma caboche.

Aujourd'hui, le plan est de planter nos arbres. Nous avons opté pour deux chênes fastigiés. Leur port colonnaire nous plaît et fera en sorte que le feuillage n'emmerde ni le voisin ni nous qui voulons préserver l'espace sur notre terrain. Leur croissance principalement en hauteur assurera quand même une expansion horizontale d'environ deux mètres et demi. Alors, à la pelle et au pic, terre argileuse et rocailleuse oblige, nous creuserons deux trous pour accueillir ces végétaux majestueux. Ce sera mes premiers arbres plantés. Un grand jour si je me fie à quelqu'un qui a déjà dit que pour quitter ce monde en paix, il fallait avoir planté un arbre, écrit un livre et fait un enfant. Deux sur trois, c'est pas mal. L'enfant viendra en son temps, même si hier encore, après s'être aimés sur le divan du sous-sol, M. a lâché un "ça c'est Br. (prénom que nous voulons donné à notre garçon)" après qu'il ait joui. Il le veut pour bientôt ce moment où nous bercerons un petit paquet tout chaud dans nos bras. Moi aussi, je le veux, mais je sais que chaque chose vient à point nommé. M. le sait aussi, mais il attend avec impatience leur venue. Je le vois s'émerveiller avec nos enfants, jouer, sentir leur peau, dormir collé à cette progéniture. Papa gâteau qu'il sera, c'est certain.

Pour le restant du week-end, c'est molo. Pas de plan, à part les courses bien sûr. Du temps pour flâner, lire, écrire, yogayer, faire la sieste, cuisiner, boire le Zinfandel acheté hier, lire encore, s'aimer. Ah, bien sûr qu'il y a aussi le ménage à faire. Mais dans la maison, l'entretien se fait bien. Beaucoup mieux que dans l'appartement auquel j'ai rêvé cette nuit justement. Je regardais les pièces et certains meubles à nous y étaient encore. Alors de toutes mes forces de concentration, j'essayais de voir l'aménagement intérieur des nouveaux occupants, mais en vain. C'est ainsi que nous nous retrouvions chez Fn., notre ancien voisin où J., notre ancienne voisine, était là aussi. Je me souviens que du balcon du deuxième étage, je regardais passer les gens et je me disais que je préferais la paix de notre rue paisible. Je vous l'ai dit, tout s'entremêle dans ma tête, sur l'oreiller.

Mon verre d'eau est presque terminé. Nougat le gros chat dort en boule sur la fauteuil de lecture. Des merles inspectent le gazon des voisins d'en face à la recherche de lombrics. M. roupille dans la chambre plongée dans la pénombre. Je me prépare mentalement à étirer mon corps dans des asanas. Reste à savoir si je m'endormirai sur mon tapis.

7.05.2007

au quotidien

Moi, quand je voyage en métro ou en autobus, je fais preuve de civisme. Si je vois une femme enceinte ou un homme âgé, je cède mon siège. Quand les portes s'ouvrent à une station et que j'attends sur le quai, je laisse passer le flot d'individus crachés du train. Ce matin, une vieille dame au chandail à manches courtes fleuri tel une tapisserie rococo m'a félicité de ma politesse. Et deux fois plutôt qu'une. Une fois en rentrant dans le véhicule et une autre en sortant. Cette fois, elle s'est accrochée à ma manche pour me dire à quel point elle était heureuse de constater que certaines gens faisaient encore preuve de respect parce que je l'avais laissé passer en premier pour qu'elle se trouve un siège et évite la bousculade. Je lui ai dis que c'était une question d'éducation et elle de s'exclamer que malgré cela, certains décidaient d'agir en sauvage en brusquant tout le monde pour assurer leur espace vital. Nous nous sommes quittées en nous remerciant mutuellement. Il était 7 h 20 et ma journée commençait sous de favorables auspices.

Maintenant, exactement 12 heures plus tard, je peux dire que la journée s'est bien déroulée. Tranquillement, en riant. Rire allège et illumine l'environnement de travail. Bien que nous soyons une joyeuse bande, bosser 40 heures semaine n'est pas de tout repos. Je sais que nos ancêtres trimaient cent fois plus dur, mais bon, vivant la situation, je peux dire que le rythme est assez soutenu. Mais j'adore ce que je fais et mon milieu de travail. J'aime revivre les jours qui s'enfilent comme le jour de la marmotte, toujours si étrangement semblable les uns aux autres.

Dix minutes avant de plier bagage pour prendre la route vers le paradis, le grand patron est venu nous saluer. J'en ai profité pour lui demander si le port de Crocs, ces mules de plastique perforé fabriquées à Québec, serait toléré au bureau. Interloqué, il m'a dit qu'il n'y voyait aucun problème. Un large sourire sur mon visage lui en tira un. Il a rigolé et a affirmé qu'il avait au moins fait une heureuse aujourd'hui. Et moi d'ajouter que j'en valais bien cent. Alors demain, j'enfile mes sabots hyper confortables direction boulot. Ces chaussures sont de véritables chaussons dans lesquels mes pieds se détendent complètement. Plaisir pour mes petons comparable à celui de porter mes Birks, mais avec un soupçon d'un je-ne-sais-quoi de rigolo.
Les petits plaisirs de la vie font le plus grand bien.

7.03.2007

les ailes, ça poussent

Oh la, la, le trip que je suis en train de me taper! Imaginez de la crème 45% fouettée mélangée avec une confiture de fraises maison. Un véritable péché mignon. La gourmande en moi se réjouit. Et je tente de faire croire à mon cerveau que je mange du yogourt tout doux, inoffensif pour la panse. Reste à voir si le foie embarquera dans l'arnaque quand le gras le frappera de plein fouet et que dire du pancréas qui devra sécréter de l'insuline pour contrebalancer ce sugar rush. Pour les fois où je me laisse aller à une petite indulgence alimentaire, ça va. Non pas que je sois stricte avec moi-même, loin de là. Disons seulement, qu'avec le temps, mon corps sait ce qui est bon pour lui et le recherche presque instinctivement. Et ce soir, l'instinct voulait que je me bourre la fraise, littéralement.

En arrivant du travail, j'ai trouvé plein d'écailles de tournesol noir sur mon balcon arrière. C'est le signe que les mangeoires ont été visitées dans la journée. Restait à savoir si c'était par les oiseaux ou par les rongeurs. Mais le vol rôdeur de quelques oiseaux nous ont convaincus que c'étaient les ailés qui s'étaient régalés. Ce soir, il y a même une femelle cardinal qui est venue picorer les grains de carthame tombés dans l'herbe. Génial. C'est principalement eux que nous voulons attirer.

Hier, nous sommes allés dans ce magasin agricole authentique, comme je l'ai vu écrit sur un pamphlet publicitaire, nommé Elphège Grenier, situé sur la 116, juste à la limite de McMasterville et de Beloeil. Nous y allions parce que des recherches nous avaient indiqué que nous y trouverions la Blue Planet, le composteur sur lequel nous avions flashé, à meilleur prix qu'ailleurs. En effet, quelques jours auparavant, nous nous étions rendus chez un botaniste à Longueuil où le prix du dit composteur nous avait assomé. C'était hors budget, malgré le fait que le concept de l'appareil était beaucoup plus qu'esthétique. De fait, le Blue Planet est un composteur sphérique conçu et fabriqué au Québec qui permet un processus de décomposition accéléré comparativement au silo traditionnel dans lequel on doit empiler et alterner les couches de matières sèches et humides. Dans la sphère, on mélange tout pêle-mêle en tournant. La boule est juché sur un socle facilitateur du roulement du réceptacle et récupérateur du thé de filtration obtenu. Ce liquide précieux est un engrais fantastique pour les plantes. Il ne suffit que de mélanger une part de thé pour environ dix d'eau et vous aurez des plants vitaminés naturellement. Notre cmoposteur est un cadeau de bienvenue dans la maison de maman. Celle de M. nous avait offert notre tondeuse manuelle. Nos mamans qui nous aiment comme on est, ça vaut de l'or.

Alors, chez Elphège Grenier, quelle n'est pas notre surprise de constater que sous un même toit, nous pouvions nous procurer, en plus de notre Blue Planet qui est vert, un harnais pour le gros chat Nougat, une bonne corde et un crochet, en plus de mangeoires et de nourriture pour les oiseaux. Alors dans ce magasin, il y a tout pour le jardin et tout pour les bêtes domestiques et sauvages. La jeune femme à la patience d'ange nous explique comment chaque mangeoire attire des espèces différentes et aussi comment les installer dans le jardin pour maximiser la venue des oiseaux tout en évitant celle des rongeurs. Nous repartons donc avec une mangeoire imitant un tronc de bouleau pour les chardonnerets jaunes qui préfèrent, bien entendu, les graines de chardon, et une autre en forme de gazebo miniature dans lequel nous avons mélangé du tournesol et du carthame pour les cardinaux, les roselins, les tourterelles et les moineaux. Les merles d'Amérique qui ont des chants variés superbes et qui sont nombreux à rôder autour se nourrissent de baies tandis que le pic flamboyant qui vient picosser notre poteau électrique préfèrerait du beurre d'arachide ou du suif de boeuf. Peut-être plus tard. Il nous reste un crochet à combler. Je pensais y accrocher un pot de fleurs aux pétales de couleur éclatante pour attirer davantage les volatiles. Mais pour l'instant, on laisse l'installation s'installer si l'on peut dire. Chose certaine, les oiseaux du coin l'ont repérée.

Ouf! Le mélange gras et sucré a tapé plus tôt que prévu et il en reste dans mon bol. Ah, ah, mais maintenant, magie, je composte. Hourra!!! Oh, mais c'est vrai, pas de produits laitiers dans le composteur... Apprendre à prendre soin de la planète demande un ajustement des manières de faire, tout simplement. Une rééducation en quelque sorte.

C'est ainsi que mon collègue Pl. est tout fier de m'annoncer qu'il est allé au Tau près de chez lui. Il parle aux autres du bon goût du brocoli qu'il y a acheté. Ceci venant d'un homme qui se moquait, gentiment, mais vraiment tout à la fois, du recyclage et du bio ouvertement il y a deux ans. Petit geste par petit geste et conversation après conversation, je peux dire qu'il est aujourd'hui plus respectueux des efforts prodigués pour améliorer l'environnement. À chacun ses moyens déployés, à tous les bienfaits ensuivis. Nous sommes un groupe, un ensemble et je ne peux que mener ma volonté. Malgré cela, je sais que nous pouvons rayonner si nous allumons le soleil niché dans notre ventre. Je pense donc je peux. Je suis donc j'agis. Je peux donc j'agis et je pense donc je suis.