orphelins de l'Éden

6.30.2007

concentré de bonheur

Dans la position du poisson, j'observe les amas d'eau en suspens dans le ciel bleu vif. Je les vois flotter sud-ouest, pousser par les courants d'air plus hauts dans l'atmosphère. Le paradis que je vous dis. Faire mon yoga sur mon deck, visage baigné par le plein soleil, au petit matin. Regarder un couple de roselins se percher et se faire la cour sur les fils électriques. Admirer mon dahlia déployer ses fleurs couleur pêche. Découvrir le marché de Laprairie où la cuisson de tartes maison embaume. Roupiller comme un bébé dans une draperie séchée sur la corde en revenant d'un tour de vélo. Préparer une salade de patates rouges du Québec pour ma mère et ma grand-mère qui viennent nous visiter demain. Boire un rosé pas piqué des vers. Écouter le dernier Daniel Bélanger en boucle dans la lumière de l'après-midi en donnant des becs tout doux sur les paupières de mon amoureux. Voir Nougat s'écraser ici et là en beuglant de plaisir quand l'envie lui prend. Heureuse.

6.28.2007

en équilibre

C'est la fête de Wiwi mon neveu maintenant âgé d'un an. Et demain, c'est la fête de Bb. mon beau-frère qui me lit de son bureau à Hong Kong. Si loin qu'ils sont, je pense à eux et je vous envoie mes chers hommes, de beaux bisous par voie aérienne express. Les sentez-vous tandis qu'ils viennent de se déposer légèrement sur vos joues?

La fatigue. Décidément, je mange trop. Mon organisme est constamment en mode actif pour disséquer ces paquets de molécules qui affluent dans mes tubes et mes fluides. Cette semaine, les après-midi sont pénibles. Heureusement, je ne suis pas la seule. V. ressent la même léthargie s'installer en fin de quart de travail. Et puis, je m'asseois dans le bus et je lis pendant que la majorité se laisse aller à l'endormissement, balottés que nous sommes dans le véhicule qui file en passant le pont en hoquetant en secousses à chaque joint passé. Ces bou-boums et le vent qui aére à vive allure l'intérieur de la boîte suffisent pour mettre l'ensemble k.-o. Moi, je me demande comment ils font pour roupiller aussi profondément sans manquer leur arrêt. Avant-hier, un homme bavait presque sur mon épaule. Sans blague.

Hier soir, je ne suis pas rentrée avec l'autobus de 15 h 54. Moi et V., on avait une soirée de filles pour souligner son anniversaire. Nous sommes allées nous faire lire les cartes par une femme que ma soeur G. avait rencontré avec une de ses amies il y a plus d'un an de cela. Catharine qu'elle s'appelle. Elle lit au Mélange Magique. G. nous l'avait recommandée parce que ce qu'elle avait vu pour son amie s'est avéré la réalité. V. hésitait à vivre ce genre d'expérience et puis, on y est allées avec un grain de sel. Ce n'était pas ma première rencontre de ce genre, bien au contraire.

La première fois, je devais avoir 16 ans. J'accompagnais ma mère et un groupe de femmes. Nous devions être six si mon souvenir est bon. C'est pour cela que j'étais là, pour compléter le nombre. L'homme qui était le médium invité était Français. Une des femmes en avait entendu parler. Il ne se déplaçait que pour un groupe. Il nous avait averti que les rencontres individuelles étaient toutes au même tarif malgré le fait qu'elles ne dureraient pas toutes le même temps. Il nous disait ce qu'il avait à nous dire, ni plus ni moins. Je me souviens que pendant que nous attendions notre tour, une femme faisait des calculs à partir de nos dates de naissance et de l'heure de celle-ci pour venir à bout de nous révéler notre ascendant astrologique. Ma mère se souvenant que ces eaux avaient brisé pendant qu'elle écoutait une émission télé diffusée assez tard dans la soirée et qu'à partir de ce moment, le travail fut de très courte durée, il en fût décidé que j'étais une Vierge ascendant Cancer. Et malgré cela, aujourd'hui je sais que je suis autant Vierge que je suis Balance puisque je suis dans l'entre-deux, née le 21 septembre.

D'ailleurs, à ce sujet, ma rencontre avec Catharine a commencé comme cela, en parlant de ma date de naissance borderline. Je lui ai dit que de toute manière, quand je lisais mon horoscope, je lisais toujours les deux signes. Surprise, elle me confia qu'elle recommandait cela à ceux et celles dans ma situation et que c'était la première fois que quelqu'un le faisait tout naturellement.

Je crois que c'est grâce à ma première expérience avec quelqu'un de "connecté" que je suis capable de prendre ces rencontres avec équilibre. Je me souviens qu'après qu'il m'ait parlé pendant une bonne heure de moi, des gens qui m'entouraient, qu'après des révélations de vies antérieures et des assomptions assez justes, j'ai voulu comprendre comment il faisait. Il m'a répondu que c'était des connections électriques qui se faisaient dans son cerveau et que si je voulais, je pourrais aussi le faire puisque j'étais disposée à cela, mais pas maintenant, pas dans cette vie qu'il ajouta. J'ai su plus tard que le futur n'est jamais plus que le présent vécu avec volonté. Nos décisions d'aujourd'hui deviennent nos actions de demain et nos actions d'aujourd'hui deviennent nos lieux de paix parce que d'accomplissement. Et sinon, nos décisions d'aujourd'hui deviennent nos actions de demain et ainsi de suite. Je suis le vecteur et l'onde dans l'ensemble qui me laisse libre de l'aimer. À partir de là, je m'amuse, rien de plus. Et cette vie me suffit, pour l'instant, à chaque instant.

6.25.2007

vivre libre

Le jour de Fête Nationale s'est déroulé dans une ambiance bon enfant. M. et moi avons enfin désengorgé le sous-sol pour aménager le deuxième salon, celui-là près du foyer. Mission accomplie. Ses amis ont appelé pendant que nous trouvions une place à chaque chose pour nous annoncer leur arrivée dans environ une heure et puis, le téléphone a sonné une seconde fois. À l'appareil, J., notre ancienne charmante voisine, s'est proposée à venir faire un tour, son premier au paradis. Ce faisant, M. lui a dit qu'il pourrait aller lui acheter un billet pour les Cowboys Fringuants en spectacle à deux pas de chez nous. Plus tard dans la soirée, J. me racontera que la veille, Sm., notre ancien voisin du rez-de-chaussée allait les voir en show à Repentigny, mais que c'était compliqué et loin pour elle de s'y rendre. L'ordre des choses est fascinante. L'univers est une bonne ménagère (même s'il est masculin).

La soirée s'amorce doucement avec Mr. et Kr., les amoureux de longue date, qui arrivent, suivis de tous les autres. Les amis de M. ont grandi ici, à St-Hubert-on-the-beach. Ils se connaissent depuis un peu plus d'une décennie maintenant. Leur chimie de groupe est assez intéressante du fait qu'il n'y a pas de leader comme c'est souvent le cas dans les bandes de copains. Ils respectent leurs personnalités et s'accordent sans effort. M. et Ax. se retrouvent toujours à jouer des instruments de musique, pendant que les autres enchaînent les cigarettes et les bouteilles de bières en laissant libre cours à leurs idées qu'ils partagent pour former des conversations qui vont dans toutes les directions.

Je cuisine les pâtes sauce tomate et pignons pour M. et moi. Après le souper, je file chercher J. qui traverse le fleuve sous terre pour déboucher à la station Longueuil. Pendant que je l'attends au débarcadère, j'écoute CISM qui fait tourner une pièce du dernier album de Dizzy Rascal. Son flow à l'accent brit est irrésistible. D'aucuns critiqueraient mon choix musical en cette St-Jean. Ce soir-là, je m'empiffrer de musique franco.

Quand J. embarque dans Jasmine la Fit, elle m'annonce qu'elle a, dans son sac, des fraises bios cueillis la veille dans Lanaudière et du melon. C'est pour le dessert qu'elle m'annonce. Pendant le trajet, elle me raconte la vie d'une amie Suissesse qui travaille chez Équiterre. Elle qui a vécu une vie impressionnante est impressionnée par celle de cette fille qui a grandi sous la tutelle de parents aux valeurs bien arrêtées du genre que l'éducation par voie institutionnalisée, c'est-à-dire l'école, n'est pas à valoriser. L'église et la culture sont plus sûres.

Nous arrivons presque au paradis et J. me lance, en regardant une maison sur ma rue qui ressemble à une ferme enfouie taillée de biais et flanquée d'une rallonge, que mon Dieu que c'est laid. Elle est comme ça cette Belge, franche. En stationnant la bagnole, elle me dit que la nôtre est plus jolie. Elle aime la cuisine, la cour, le deck que P. son amoureux fou braque du barbecue aimera aussi. À l'intérieur, elle note les couleurs dans les pièces avec une justesse que personne auparavant n'a su saisir. Bleuté gris dans la chambre, café dans le salon.

J. mange un énorme plat de pâtes. Certains des autres ont mangé du Subway ou des hot-dogs. Kr. vient de revenir avec une poutine. Je retiens le moment où J. explique ce qu'elle fait comme boulot. Elle travaille chez Equita. Elle résume avec précision ce que sont les produits équitables et la certification. Elle s'occupe plus particulièrement de sensibiliser les milieux scolaires et roule aussi régulièrement sa bosse à droite et à gauche de la province pour informer les participants de congrès, de conférence ou d'assemblée.

Vers 9 h 45, nous nous dirigeons vers le site du spectacle. La rue est bondée de véhicules et de gens qui avancent vers le même point que nous. La grand'messe se prépare. Lorsque nous parvenons à l'entrée du parc, les feux commencent à éclater dans le ciel de suie. C'est comme des fleurs dans un jeu vidéo, tout en points lumineux. Pour rentrer, c'est un peu laborieux. A- Il y du monde en maudit. B- Certains des copains ont voulu entrer sur le site avec la bière dissimulée dans leurs pantalons. C- Pris de panique, ils décident de caler leur réserve au milieu du flot de gens qui passent le goulot d'étranglement du site. J. et moi on les salue pour partir dans notre direction. Vivre une expérience de foule, ça se fait mieux à deux ou en groupuscules.

En nous tenant la main, nous zigzaguons parmi la masse compacte de fans finis qui ont campé là toute la journée. Objectif, s'approcher le plus possible de la scène ce que nous réussissons à faire. Les comparses Fringuants donnent tout ce qu'ils peuvent sur la scène et je lève particulièrement mon chapeau à Marie-Annick qui déborde d'énergie et de talent et au bassiste boute-en-train. Le secret du succès de cette union d'individus réside sans doute dans le plaisir qu'ils ont à faire ce qu'ils font, en plus de le faire bien. J. est soufflée par la force de leurs textes. Elle dit que René Lévesque serait touché d'entendre la chanson qui lui est dédiée.

À un moment, J. me demande si on peut sortir de la meute. Elle a besoin d'air. Elle a sûrement trop mangé qu'elle me dit. Tranquillement, nous retournons vers le paradis. En chemin, elle demande si on peut s'asseoir un instant dans l'autre parc, plus près de chez moi celui-là. Là, trois jeunes garçons se balancent. Un d'eux nous souhaitent bonne St-Jean de loin et nous lui répondons. Ils s'approchent et viennent nous jaser un brin. Un d'eux habite sur ma rue. Les deux autres vont à la même école que lui. Tous les trois étudient au privé et sont en concentration musique. Ils ont 14 ans. Gb. n'en revient pas d'apprendre que j'en ai 30. Même si j'en ai 29, je dis 30, c'est plus près de la vérité. Gb. est décontracté pour son âge, sociable et poli. Charmant et charismatique. Md. est Algérien par son père et Québécois par sa mère. Il porte un t-shirt noir avec des fleurs de lys qui semblent flotter sur le textile. Il est l'aîné de cinq garçons et il joue de la guitare basse comme il dit. Al., mon voisin, a une trace de moustache en haut de sa lèvre et il ressemble à Harry Potter. Il est enfant unique et il dit qu'il n'est pas gâté. Il est seul pour accomplir les tâches ménagères.

Quand nous les quittons, J. me demande si je m'ennuie d'enseigner après une telle rencontre. J'aime mon boulot. Voilà tout. Bien que je trouve les adolescents attachants, mon choix est fait. Et si jamais il le faut, je retournerai à l'enseignement.

Finalement, c'est à 1 h 45 que nous souhaitons une bonne nuit aux derniers convives qui prennent la route. Somme toute, la magie était au rendez-vous. En plus, ce matin, à notre réveil, j'entends le fameux chant mystique. J'ouvre le store pour apercevoir un oiseau percher sur le fil électrique à l'arrière. C'est en cardinal, un mâle flamboyant malgré le temps gris. Après un jour bleu, le rouge nous salue. Sympa.

6.23.2007

paradis

Nous revenons tout juste de chez grand-maman. Nous avons soupé ensemble avant de reprendre la route. Nous habitons maintenant à environ une heure de chez elle maintenant, du nord au sud, en voiture. Trajet quatre fois répété aujourd'hui.

Comme prévu, nous avons fait une halte au marché Jean-Talon vers 10 h 15. Maryse et sa soeur Mylène des Jardins Mil'Herbes nous ont vendu des superbes fraises biologiques que nous avons savouré après le dîner. Délicieuse chair rouge et sucrée. En arrivant à la maison, J. notre ancienne charmante voisine nous avait laissé un message nous invitant à aller cueillir des fraises bios avec une amie à elle. Décidément, c'est le temps des fraises. Je ferai des confitures sous peu, c'est certain.

Quand grand-maman est rentrée dans notre paradis elle a dit que ça sentait le bois frais coupé. Je lui ai dis que c'était les planchers de liège. D'ailleurs, M. lui a donné une retaille de planche pour qu'elle la montre à ses amies de la Noblesse qui sont curieuses de voir ce à quoi peut bien ressembler ce matériau. Grand-maman a aimé notre divan orange, nos panneaux de bambou, nos planchers, nos laveuse-sécheuse, les tiroirs coulissants dans la cuisine, le fini de notre patio arrière, le store du salon, le vert dans la cuisine, Nougat le gros chat qui nous suit d'une pièce à l'autre. Pendant que le poisson cuisait dans la poêle, M. et elle sont allées voir nos plants à l'arrière. Selon elle, la terre du potager était trop sèche. Alors j'ai dit que j'aimerais avoir un bec projeteur au jet plus doux au bout du boyau d'arrosage. M., illico, m'a appris qu'il y en avait un en bas, comme ça, parmi les mille et une petites choses que les anciens propriétaires nous ont laissées. Super.

L'après-midi s'est déroulé dans un esprit paisible, à jouer au SkipBo et à écouter Couleur Jazz tout en grignotant fraises et amandes, après avoir fait une grande marche dans le Méga-Projet. Là, la scène est montée pour accueillir les Cowboys Friguants demain soir. Avant, des feux d'artifice éclateront bien hauts et trois bûchers que nous avons vus, s'embraseront. Je nous ai acheté des bracelet-billets pour l'événement à la boulangerie ce matin où nous sommes allés chercher des croissants pour le déjeuner, un pain à la cannelle pour la collation et un pâté aux patates pour le souper.

Dans notre paradis, il y a plusieurs oiseaux. Mais un d'entre eux vient chanter à notre fenêtre de chambre vers 4 h du matin, depuis quelques jours. Son chant est tellement beau que nous nous réveillons sans chialer lorsqu'il pousse sa mélodie. Seulement, nous n'avons aucune idée de son allure physique. Il commence à prendre des allures de bête mystique. Et avec grand-maman, dans le parc, nous avons vu une espèce d'arbre qui nous fait envie. M. et moi voulons en planter deux pour créer un peu plus d'intimité dans notre cour. Je crois que c'est un type de chêne, vu le dentelé de la feuille. Un oiseau mystique, des plants, un rosier qui reprendra du poil de la bête, bientôt des arbres. Douillet le paradis, comme le plus beau des cumulus joufflus.

6.21.2007

La reine

Samedi, dans deux jours, nous sautons dans Jasmine la Fit direction St-Jérôme où grand-maman nous attend pour 9 h 30 tapantes. Alors M. est dans un de ces états! Il a déclaré hier soir que c'est comme si la reine d'Angleterre venait nous visiter. Il aimerait que tout soit parfait. Mon pauvre chéri, le temps nous manque, tu le sais bien. Mais bon, si ça peut nous faire avancer un peu plus rapidement... Vivement le repos dans notre demeure bien ordonnée, bientôt.

Peu après que M. soit rentré du boulot ce soir avec deux pommes de laitue Boston dans un sac de toile à la main, il s'est dirigé vers l'arrière, là où les plantes se développent dans leur potager ou leur pot. Il me lançait des: "Oh! Il y a des tomates dans le plant de tomates cerises, des petites boules, toutes minuscules qu'elles sont! Et dans celui des piments aussi!" et "Ce plant de concombres poussent si vite qu'il va falloir accrocher une de ses tiges bientôt!" Il est beau mon amoureux qui s'émerveille. Et pendant que je l'observe, je vois deux faucons qui volent haut et qui tournoient dans les airs, au-dessus du Mega-Projet, le grand parc ainsi baptisé à deux pas de chez nous.

J'ai l'impression de replonger en enfance. C'est ce que j'ai dit à mes collègues hier en leur parlant de mon ajustement de contrée. Enfant, j'observais les insectes et je jouissais de tout ce vert autour. Je vivais dans une maison située dans un rang. Devant et derrière, c'était la forêt aux sentiers et aux tapis d'épines. Un jour, avec ma soeur B. et d'autres jeunes filles du rang, nous avons voulu reconstituer un village dans la forêt d'en face. Nous devions chacune dénicher un coin pour bâtir notre maison et le faire selon nos moyens. Je me souviens qu'en cherchant l'endroit idéal, je suis tombée sur une clairière discrète, une ouverture sur les cieux. Je suis restée là comme envoûtée par ce coin de l'espace, que les arbres respectueux il me semblait tellement l'endroit était solennel, magiquement libre de toutes brousailles. Je suis revenue sur mes pas. Et puis, on a laissé tomber l'idée des maisons au bout d'un avant-midi. Nous voulions nous faire pousser des patates. Dommage.

Dans ma maison, je suis dans cette clairière. M. m'a demandé hier si je pensais à elle dans la journée, au travail. Oui que je lui ai dit. Je pense au moment où j'y retourne et au moment où je passe d'une pièce à l'autre en traversant le coeur. Le coeur, c'est notre couloir large qui relie les cinq autres pièces entre elles. C'est celle aussi qui mène au sous-sol pour l'instant bordélique par l'escalier. Nougat le gros chat se réfugie dans la fraîche de cette immense pièce non finie. Quand je rentre du boulot, elle remonte, les yeux tout endormis.

Pendant que je vous écris, M. installe les panneaux de bambou pour la porte patio. Mais en fait, il le fait pour grand-maman, la reine qui vient. Quand nous reviendrons vers le sud, vers chez nous, nous nous arrêterons au marché Jean-Talon pour aller chercher les victuailles qui nous permettrons de lui concocter un dîner digne d'elle. Je vais lui cuisiner du saumon bio dans une croûte d'avoine servi sur une purée de pois chiche et accompagné d'un légume vert à la vapeur, brocoli, fèves vertes, asperges, selon les arrivages locaux.

Je vous jure que bientôt, je cesse de vous casser les oreilles à propos de la maison. Bien, disons que c'est une demi-promesse. D'accord?

6.19.2007

bzz bzz bzz

Je prie le bon Dieu pour que l'orage prévu pour ce soir tombe en trombe et que mes tomates et autres amis verts se réjouissent de la force de cette nature déchaînée. Il le faut après cette journée de soleil cuisant.

Aussi, avec maman, nous avons dévoré un petit panier de fraises ce midi en remontant la Greene à pic. Mes premières fraises de l'année. À partir d'ici, c'est l'abondance dans les marchés. Joie.

Enfin, pour mon beau-frère qui a beaucoup aimé notre session d'amour à M. et moi, je dédie cette photographie prise ce week-end, intitulée "fornication tantrique sur fenêtre de salon" à son appréciation. Cheers.

6.17.2007

au pic et à la pelle

Littéralement. Nous avons jardiné hier et aujourd'hui. Mais attention, jardiné intensément. Nous avons voulu rattraper le temps perdu puisque la saison de plantation est commencée depuis un mois au moins. Nous nous sommes lancés dans cette aventure un peu comme cela, sans trop savoir où nous allions, ce que nous voulions et comment nous allions le réaliser. Mais bon, je vous écris un mot rapide avec les épaules qui élancent d'un coup de soleil à force d'avoir passé des heures debout dans notre cour à mélanger de la terre et du compost, à brouetter la masse argileuse et rocheuse que nous avons pelletée dans le but de nous faire un beau potager carré encadré de planches.

Bilan: six plants de tomates Roma, un plant de piment doux jaune pâle, un de cerises de terre, deux petits rangs d'oignons jaunes, un de poireaux, un plant de zucchinis, un de concombres libanais et un autre de concombres citrons. Il y a aussi un plant de tomates cerises que notre super conseillère en finances nous a apporté vendredi soir comme cadeau de crémaillère. Je ferai aussi un coin fines herbes que je terminerai de transplanter demain: basilic, thym citroné, origan grec, ciboulette pour mon M. qui a bossé comme un pro. Finalement, nous avons transplanté le rosier offert par Jl. Tv. et Tl. comme cadeau de crémaillère (vive les plantes et les amis qui offrent des plantes) et j'ai déniché des plantes annuelles pour orner ici et là: des célosies orangées, des maracas brésiliens et un superbe dahlia trois tons pour accueillir les visiteurs celui-là.

Pour terminer, je peux dire que nous avons découvert le paradis et que ce n'est pas trop loin de chez nous: Dauphinais. Là, d'immenses serres s'étendent sur des kilomètres et l'atmosphère sous ces cloches translucides est détendu et relax. Vraiment, la banlieue ça goûte la campagne.

6.15.2007

Tl. aime les cajoux

Quelque chose de superbe a précédé une superbe visite hier soir. M. et moi étions assis sur notre balcon avant, moi à feuilleter ma Maison du 21e siècle et à lire à voix haute des articles pour M. Nous attendions nos visiteurs de la grande ville, Jl., Tv. et leur poulette de fillette, Tl. Pendant que nous passions le temps ainsi installés, le gros Nougat explorait l'étendue de cette galerie de béton que j'aimerais recouvrir d'un agrégat quelconque. Alors, ils sont arrivés en grimpant la petite butte qui mène à nos escaliers. Ils étant les voisins d'en face, ces adolescents que nous voyons depuis le début de notre arrivée il y a plus de deux semaines maintenant. Mn. et Ls. qu'ils s'appellent. Ils ont une bouille sympathique et je les ai chaudement remerciés d'être venus ainsi, tout simplement, nous tendre la pince. Mn. habite la maison face à la nôtre avec ses deux autres de frères et ses parents. Ils sont quatre garçons dans cette famille aux racines guatémaltèques. Mn. me vouvoyait pendant que nous discutions, debout, en petit cercle, comme des piquets flanqués sur notre parterre. Je lui ai dis de laisser tomber le vous s'il-te-plaît. Il m'a dit que c'est parce que j'avais l'air d'une grande personne. Mignon. Il a 17 ans. Il est le deuxième plus jeune de sa tribu. De son côté Ls. est âgé de 23 ans ou 22, je ne me souviens plus. C'est lui qui aime passer du temps assis dans sa bagnole noire stationnée dans la rue, seul ou avec des amis. Il a une tête lourde de boucles châtaines. Pendant notre petite rencontre, son cellulaire a sonné deux fois je crois.

Jl., Tv. et Tl. sont arrivés pendant cette discussion agréable. À plus les voisins et merci pour cette leçon de civisme. Près de Tl. attachée sur le siège arrière, il y avait un beau rosier sauvage. Cadeau pour Lulu et M., une première plante à mettre en terre. Et Tv. de nous apprendre qu'il a fait des recherches et que ce rosier s'adaptera très bien au terreau de la zone 4. Et moi de le féliciter d'avoir penser à pousser son attention jusque-là, car oui, il y a bel et bien des zones plus propices que d'autres à certaines espèces sur notre territoire québécois. En plus, ce même jour, pendant notre marche du midi, V. et moi avions remarqué un rosier grand comme un arbre. Je l'imagine donc s'étendre au fil du temps que nous passerons à le voir s'étendre. Et Dieu que la vie est bonne.

Bien que cette fatigue m'embue le cerveau depuis des jours, je sais que les semaines s'enchaîneront à présent avec de moins en moins de stress. Patience. L'énergie revient lorsque les canaux sont ouverts. Alors je respire profondément quand Ax. tente de dénouer le noeud qui se cache derrière mon omoplate. Je respire et je prends des bains d'air chaud. L'été est magnifique même si c'est encore le printemps.

6.13.2007

tranquillo

Il rentre en disant "wow!". Il a lavé la porte, en plus des fenêtres, à coup de grosse éponge jaune et de squeegee. M. aime nettoyer les vitres. C'est comme cela. C'est sa tâche ménagère préférée. Il se promène d'une surface transparente à l'autre en déposant son sceau, déterminé à voir s'effacer la crasse. Et il frotte pendant que je pianote.

Peu d'objets ont trouvé leur place depuis les derniers jours. Notre rythme est synchronisé sur celui des tortues. Nous rentrons du boulot, nous préparons le souper, nous soupons, M. installe un truc ou deux, du genre les détecteurs de fumée (jamais installés par les anciens propriétaires!) ou le bidule pour accrocher la serviette à mains, je récure la cuvette ou je fais un peu de lavage. Parce que j'ai maintenant le luxe d'avoir une corde à linge. M. me l'a tendue tout à l'heure. Tout le monde sait qu'il n'y a rien de tel que de dormir dans des draps séchés sur la corde. Et pendant que j'écris, ça sent le coffre de cèdre. Ce sont les planchers de liège qui sentent bons.

Ma mère m'a offert aujourd'hui une sacoche. En fait, c'est ma B. qui me l'a fait parvenir de Hong Kong via maman. Ma toute première sacoche. Avec V. ma collègue et amie, j'ai fait des blagues aujourd'hui. Je deviens enfin une vraie femme. C'est un sac assez grand, couleur caramel, tout à fait seventies. Je peux y fourrer mon livre de lecture, mon cahier d'écriture au cas où, mon porte-monnaie volumineux. Il est parfait. Je devrai toutefois apprivoiser le port sur l'épaule moi qui suis habituée à des sacs à dos ou en bandoulière. En plus, maman m'a ramené des vêtements de là-bas, cadeaux de sa part puisqu'elle revient d'un trois semaines dans la mégapole. Elle m'a donné un châle d'une douceur inouie, moi qui adore enrouler des tissus autour de mon cou, une jupe porte-feuille longue de style bohémien comme j'en voulais une depuis que j'enviais celle d'une fille que j'ai connue il y a environ sept ans et une chemise-tunique légère. M. porte fièrement un anneau de jade à son cou. Maman m'a dit que les Asiatiques associent cette pierre à la prospérité, la fertilité, la santé, enfin tous les "té".

Bon, il faut que je vous laisse. M. et moi allons voir le condo dans lequel sa mère et sa soeur emménagent en fin de semaine et avant de partir je dois m'occuper de mes fèves noires qui mijotent sur le feu depuis des heures en prévision de notre repas de demain soir. Un jour à la fois doux Jésus.

6.11.2007

l'ordinateur est installé, manque plus que le temps

On fait ce qu'on peut. Dans toutes les pièces, il y a des objets qui traînent ici et là, des boîtes, des vêtements, des bibelots, des plantes sans étagère, des miroirs sans mur. Et puis les journées passent à la vitesse de l'éclair. On tombe comme des pierres dans notre lit, c'est ce que je viens tout juste de dire à K. ma voisine Algérienne. Nos cours arrière sont siamoises et les clôtures dans le coin sont assez basses. Avec son accent chantant, elle me présente son garçon Bl. qui barbote dans la piscine hors terre dès qu'il le peut. Une véritable grenouille. Un sourire un peu forcé fend son visage, politesse oblige. Mais dans ses yeux la curiosité est vraie et je sais que seul le temps nous permettra de nous apprivoiser. Bl. tenait beaucoup à Gl., l'ancien propriétaire taquin. D'ailleurs, lorsque lui et Nl. sa femme sont venus chercher quelques trucs oubliés la semaine dernière, Nl. m'a raconté que Bl. avait téléphoné chez eux pour s'enquérir de Gl., son ami. Dix et soixante ans qui se rencontrent par le coeur.

M. quitte à l'instant le paradis pour aller vendre les bouteilles de bière accumulées depuis notre arrivée progressive. Après le déménagement de samedi, plusieurs blondes ont été bues pour effort déployé. Un seul pépin est venu ralentir la cadence de notre caravane, le boom de la porte vitrée qui a basculé du deuxième étage. Histoire courte: la porte ouvrant sur l'escalier intérieur menant au troisième étage où nous vivions a foutu le camp, je croyais devoir débourser environ 700$ quand en fait, M. a eu la brillante idée d'aller chez Réno Dépôt (notre magasin number one pendant notre installation au paradis) pour voir si nous pouvions acheter une vitre et l'installer sans les frais faramineux d'un vitrier. De fait, M. a réussi à poser une nouvelle fenêtre givrée superbement kitsch sur la porte encore solide malgré l'entorse subie. Notre marque est maintenant officiellement faite sur cet immeuble qui garde en lui nos quatre dernières années.

Je dors debout alors je tire ma révérence et tranquillement mais sûrement, je pourrai recommencer à vivoter. Je pourrai recommencer à capter et à livrer.

6.09.2007

4-5-0

Tadam! C'est le grand jour. Depuis deux semaines que nous bossons sur l'intérieur de notre maison, voilà enfin venu le jour du déménagement. Cet après-midi, nous nous dirigerons vers la métropole coincés sur la banquette d'un cube loué chez Budget, M., mon beau-frère Rb. et moi. À notre logement montréalais que nous avons vidé un voyage de Fit la Jasmine à la fois, il ne reste plus que quelques commodes, divans, boîtes de livres, tables d'appoint, bibliothèques. Deux amis de M. nous prêterons main forte ainsi que Sm., notre voisin du rez-de-chaussée. P. notre charmant voisin s'étant cassé la marboulette à vélo cette semaine ne pourra pas se joindre à nous. Une fois le cube rempli de nos biens, chacun s'installera dans un véhicule direction St-Hubert-on-the-beach. Aussi, nous avons invité Fn. à venir siroter une cerveça sur notre deck et manger une pointe de pizza dans notre nouveau chez-nous.

M. et moi, nous sommes sortis à peu près indemnes de maintes tempêtes. Choisir des luminaires, peindre, installer des appareils ménagers, organiser le temps, prioriser les dépenses, tous des défis à relever pour un couple. Car qui dit deux individus dit deux façons de faire, de penser, deux palettes de goûts à faire coïncider. Après plusieurs joutes d'argumentations, nous pouvons dire que nous voyons enfin la lumière au bout du tunnel. Hier soir, nous avons aligné une heure pleine de détente étendus sur notre divan orange, une première depuis un gros trois semaines. Nous avons aussi fait l'amour nus comme des vers de terre dans notre chambre vide, sur nos nouveaux planchers de liège de toute beauté. Hier encore, j'ai terminé de ranger la cuisine. Tout est à sa place: vaisselle, tupperwares, ustensiles, marmites, pots Masson, nourriture, épices, verre à vin, bouffe pour Nougat le gros chat, mitaines à four, sac de vidange. Hier aussi, le papa de M. est parti avec les larmes aux yeux après deux journées de travail à installer les planchers en compagnie de son fiston, ému de l'avoir revu après dix mois de silence et de séparation imposée. La maman de M. est heureuse, c'était l'ultimatum que M. s'était fixé pour revoir son géniteur qui a décidé un matin de juillet de l'an dernier de dire à Cl. sa conjointe alors d'un peu plus de trente ans qu'il ne l'aimait plus, qu'il en aimait une autre. Cette autre que M. ne se sent pas encore près à rencontrer. Tranquillement, chaque chose en son temps.

Et le temps est venu d'apprécier les fruits de notre labeur. Mr. le papa de M. dit que nous avons trouvé une perle de maison tellement elle a été bien entretenue au fil des années. Nous savons la chance que nous avons eu de la dénicher. Nous savons que cette demeure, la deuxième que nous ayons visitée, la première ayant été un exercice puisque nous n'avions pas d'agent et que nous voulions vivre l'expérience 'visite', cette demeure sera notre petit paradis. Que dis-je? Est notre petit paradis. Toute cette semaine à y vivre de 7 h du matin à 9 h 30 du soir, nous avons bu le plaisir de l'espace, de la beauté, de la tranquillité, des chants d'oiseaux de toute sorte, du soleil qui fait le tour de la maison au courant de la journée.

Et puis avant notre moment de détente d'hier soir, j'ai fait un petit rituel que je pratique depuis quelques années quand j'emménage dans un nouveau lieu. J'ai allumé un bâton d'enscens et j'ai fait le tour de chaque pièce lentement en priant, c'est-à-dire en formulant des pensées positives, en alignant des mots de reconnaissance du genre 'voici notre maison dans laquelle nous vivrons l'amour et la joie, dans laquelle nous aurons des enfants qui s'épanouiront, dans laquelle nos soucis s'estomperont, dans laquelle que nous parviendrons à communiquer les uns avec les autres avec calme et ouverture d'esprit' et dans chaque pièce, selon sa fonction, j'ajoutais un nouvel aspect. Par exemple, dans le vestibule, j'évoquais la visite de bonnes énergies et dans le bureau-chambre d'enfant éventuellement, la créativité, l'effervescence intellectuelle.

M. dort à l'heure qu'il est. Il est tôt, mais mon corps s'éveille à 6 h naturellement maintenant. Ce sera une longue journée. Ils annoncent du beau temps, pas trop chaud. Une journée parfaite pour transplanter une demeure.