orphelins de l'Éden

7.28.2006

Des sourires et des couches

Je reviens d'un séjour chez ma mère, à St-Sauveur. C'est là où ma soeur B. habite avec ses deux petits enfants. Elle reste là pour encore deux mois avant de s'envoler pour Hong Kong. Une nouvelle vie qui durera quatre ans l'attend elle et sa famille. Déjà mon beau-frère et sa fille Ga. sont rendus au coeur de la mégapole. Du haut de leur tour, ils ont vue sur montagne et mer.

B. est belle à voir lorsqu'elle donne la bouteille à Wiwi. et qu'elle salue avec une joie éclatante Em. qui s'éveille de sa nuit. C'est une maman attendrissante qui s'affaire avec énergie pour ses bébés à qui elle transmet amour, bonheur, protection.

Nous avons marché sur un chemin qui contourne le Lac des Chats. B. tient la forme mieux que chacune d'entre nous, les autres femmes de la famille. Moi, je marche partout dans la ville, pour aller et venir, faire mon marché, aller bosser, bouquiner, manger une crème glacée. Lorsque nous habitions ensemble B. et moi, nous aimions fouler les rues montréalaises, un pâté de maisons après l'autre, des parcs, des arbres grandioses aux racines brisant le pavé. En plus de marcher beaucoup, B. s'active sur des engins sophistiqués au gym. Moi, j'ai rebondi pendant tout un cours de tae kwon do à ses côtés et c'était assez pour toute ma vie.

Dans les derniers jours, j'ai appris la routine de la maman: bouteilles et rots, couches, repas parfois crachés, un oeil sur la miss qui tournicote et un autre sur l'autre qui hurle à chaque poussée de colique, bains, accolades chaleureuses, sourires sans prix, mots nouveaux, gazouillis, gaz tout court, planification des déplacements, préparation des bouteilles. Je l'admire ma soeur, tout comme ma mère qui nous a élevé toutes les trois, et toutes les autres femmes et tous les autres hommes qui veillent aux besoins de leur progéniture. Je nous admire les humains capable d'un tel don de soi.

7.24.2006

exercice de fiction

Je m'emmerde. Métro boulot dodo. Typique. L'humain est un tas de pas grand chose. Pas facile. Pas jojo de déambuler dans des lieux de je m'en foutisme où celui qui crie à s'en arracher le larynx est évité comme un cône incongrûment apparu de nulle part. Peu d'espoir. À part pour les histoires de chamans et de dalaï-lamas, maudits surdoués toujours là à nous barber la médiocrité, l'ordinaire. Vous êtes uniques. Eh bien, mon unicité a oublié son guide de l'utilisateur dans un bac de recyclage. Sur un coin d'asphalte. Sous un soleil de grisaille. Je m'emmerde.

Normalement

Je me lève trop tôt. J'éteins mon foutu réveil-matin avec l'entrain d'une nonne qui jure. N'importe quoi. Pour que le corps s'éveille à cette réalité qui se détache des rêves, je me plante dans ma douche. Et ça y est que la machine à pensées reprend du service. Dans la buée, je passe du point A au point B parce que le pragmatisme me sécurise. Faire le lunch, déjeuner, lire un brin de journalisme, écouter une radio ouverte sur le monde, nourrir mon gros chat, donner une bise toute moelleuse sur les lèvres framboises de mon chéri à l'abri dans la couette toute chaude, se retenir pour ne pas plonger près de lui, fermer la porte à clef, fouler la rue endormie, rencontrer M. Jean Roy qui revient d'acheter son journal, m'engouffrer dans le ventre du dragon et me laisser balloter dans le dit habitacle au décor orange et blanc bourré de gens et surtout de cet électricien habillé de sa tenue bleu royal qui m'indique que je suis bien à l'heure. Pas de bracelet-montre. L'heure est partout dans la ville. Surtout que les écrans se multiplient, les tableaux indicateurs clignotent, les poignets se montrent, les téléphones publics se décrochent.

Mais aujourd'hui, je n'ai pas envie de descendre à Lionel-Groulx et de transférer. Je n'en ai pas envie. Je ne veux pas m'emmerder. Pas une journée de plus. Je continue. Et quand les portes se referment et que je réalise à peine que l'électricien avec qui je descends toujours est parti et que je suis toujours assise, j'ai peur, une peur bleue. Qu'est-ce qui me prend? Tout à coup, je réfléchis. Mon côté pragmatique. J'ai chaud. Une station, deux stations. Je pourrais me lever. Me ressaisir. Retourner au bercail. Doucement, ne pas faire d'esclandre, continuer à m'emmerder, ne pas le dire trop fort. Le droit chemin, le chemin droit. La ligne directrice. Et puis, je m'éloigne. Sur les poignets, les aiguilles courent. Mon sang s'active. Mais enfin, je pourrais prendre un jour de maladie. Oui, c'est ça. Je ferai ce que les autres font. Penaude, je me ressaisis enfin. La pression au niveau du sternum se démantèle sous l'effet miraculeux de cette solution deux poids, deux mesures. Je suis malade, eueu... Une toux subite, merci Pauline. Oui, oui, je me reposerai, sois tranquille. Victoire de la poule mouillée. Pour une journée.

Heureusement

J'ai quelques jours en banque. J'accumule mes jours de maladie par mes bons services à l'état. Eueu... toujours malade, oui Pauline, ça ira mieux demain sans doute, une nuit troublée, des yeux pochés, un front humide. À demain, c'est ça. Mon chéri m'observe. Un sourire narquois me laisse entrevoir qu'il ne m'en veut pas trop de jouer avec le système. De toute façon, je n'ai tué personne. Je les ai travaillé ces foutus privilèges. Il le sait, je le sais. Je culpabilise à peine. Basta. Deuxième journée de farniente. Je prends mon appareil photo et je file. Il enfile ses pantoufles et se met à table pour poursuivre la découverte mathématique qu'il espère tant.

Je continue à marcher. Le vent sec me lèche la peau dénudée pendant que le soleil s'occupe de me la chauffer. Belle collaboration des cieux. Au bureau, c'est un air climatisé qui me conserve. Été comme hiver, je me promène avec un foulard bien serré autour du cou. Mes collègues me voient en gentille tarée. Une excentrique au manteau à carreaux qui se soucie de sa santé. Une indisciplinée de l'aspirine. Sympa. Oui, c'est ça, je suis une disciple de la lubie, une adepte de la vie biscornue. Je mange des plantes, des tubercules, des légumes secs, des petits plats faits avec entrain et souci de mon équilibre. Végé bébé, végé.

Calmement

Je m'étends sur le sol. L'amoureux me laisse décanter pendant qu'il m'apprête un petit plat. Sur ce sol, mes membres se décontractent. Son plat est goûteux, il est mien, énergie nouvelle. La pluie se jette discrètement sur les parois de notre chez-nous. Je suis amoureuse. Un peu moins emmerdée.

Doucement

Le matin me rappelle que je suis une femme étendue près d'un homme, au chaud. Levée, pipi du matin terminé, je convainc Pauline de mon état pitoyable. Oui, oui, je vais aujourd'hui chez un médecin. Je crois bien qu'une semaine suffira. Merci Pauline. Hasta la proxima. L'emmerdement, ça se soigne, c'est certain.

7.22.2006

mon amoureux, mon héros

Il a réussi. Lui, ce génie des templates, ce décrypteur de codes successifs et empilés, à coups de copier-coller, de F2, à la recherche des détours et des secrets. Ensemble, nous avons brisé le "modèle" en mille morceaux, déconstruit pour mieux individualiser mon "espace de bloggeuse". Le résultat est "clean", simple, plaisant. Mon amoureux, ce génie, je le remercie.

J'en profite pour vous parler un peu du lien que je vous donne à partir de mon blog: Cuisines Tibet Libre. Ce soir, j'ai dégusté leur pizza encore une fois, parce qu'il pleuvait, parce que c'est samedi et que je suis en congé. Un délice qui fait tourner la roue des bonnes actions, qui dit mieux?

7.21.2006

Putain de bloguage

Pas facile de tenter de démêler les interfaces de ce logiciel populaire. Et pourtant tout ce que j'essaie de faire, c'est de changer le "look" de mon "espace de blogueuse". Je veux que ce soit à mon image. Et tout ça à partir d'un "modèle". Quel processus de créativité. Je fais donc ce que je peux, outiller de ma logique face à ce "Blogger". Je me sens comme mon voisin que j'ai emmené à la Bibliothèque Nationale cette semaine. Devant l'écran, il manipulait la souris avec une rigidité née de la crainte de faillir l'expérience. Détends-toi que je lui ai dis. La souris se manipule sans délicatesse. Elle répond à tes désirs, pas le contraire. Elle ne te fera pas faux bond. Il était soulagé de constater que tout se facilite avec la pratique. De toute manière, il le sait bien, c'est un vieux loup.

Je ne sais pas du tout si ce que je laisse comme empreinte deviendra un hameçon éventuellement. N'est-ce pas cela la magie de ce putain de blogue? Être lue enfin par quelqu'un d'autre que moi qui s'exténue à trouver que ce n'est pas en vain, que j'ai une miette de talent, que dis-je? Un char plein de miettes puisqu'il n'est pas le temps de jouer à l'humble lorsque l'on veut être bonne et que l'on se lance. Je suis superwoman. Enchantée.

7.20.2006

Jourdain il y a eu

Dimanche dernier, j'ai assisté au baptême de mon neveu, Wiwi. qu'il s'appelle. Le prêtre trop âgé pour susciter l'attention de la petite foule de non croyants et de croyants amassée sous les arcades de l'édifice saint monologuait dans une chaleur à couper au couteau. Aujourd'hui, je me baptise, à vos yeux, parce qu'il faut bien déblatérer quelques fois dans l'espoir de rejoindre son prochain. De retour dans l'église, imaginez-moi avec un appareil photo datant des années soixante, faisant conccurence à mon nouveau beau-frère qui manie son bidule numérique à la vitesse de celui qui cherche l'inspiration comme un grand garçon. Lentement, les paroles du maître-d'oeuvre s'enchaînent et l'autre famille qui partage avec nous cette expérience sacrée avec une vulgarité exemplaire manque de plus en plus d'attention. De notre côté, nous avons tous remarqué le string tigré de la mère de la petite Rose-machin-truc qui arrive dans cette famille spirituelle au sein d'un groupe de joyeux délurés. Et le prêtre qui s'évertue à donner sens à cette rencontre exceptionelle. Et moi et ma soeur G. qui gravissons les marches pour offrir à l'assemblée des mots à propos. Et il fait chaud. On étouffe dans l'enceinte pourtant vaste. On crève, on s'évente avec les pamphlets imprimés pour l'occasion. De toute façon, ill y a une erreur dans la date du baptême. On peut avoir bonne conscience.
Sur le perron, une fois l'eau versée et les lithanies égrainées, nous remercions le bon Dieu du bon vent. À St-Sauveur, il y a quelque part un gâteau qui nous attend.